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Jupyra sonne la révolte de Sophie Chuette
Publié le VENDREDI 02 AVRIL 2021


Samedi, dans le Prix du Languedoc à Saint-Cloud, Sophie Chuette retrouvera Jupyra. Le 14 mars dernier, la pouliche du Haras Bonne Chance lui avait procuré la joie d’un premier Quinté. Après des mois difficiles et une succession de blessures, la jockey s’est bâti un moral d’acier et refait une santé chez Mikel Delzangles après avoir été révélée par Mathieu Boutin. Rencontre avec une éternelle battante. Qui ne lâchera rien !

Conquérante, déterminée, acharnée… on pourrait enchaîner des kilomètres de synonymes pour définir  la combativité quand on se penche sur le cas de Sophie Chuette. A 28 ans, souvent condamnée par des traumatismes liés à la profession, à l’épaule puis au genou, la jockey n’a cependant rien perdu de son mordant. Une abnégation qu’elle capitalise chaque matin sur les pistes d’entraînement à Chantilly et en course quand on l’y autorise. De plus en plus souvent depuis qu’elle a rejoint l’effectif de Mikel Delzangles à l’automne 2019. Une sorte de résurrection après une année bonheur chez Carina Fey. « Avec monsieur Bernd Raber, l’un de ses propriétaires, Carina m’a énormément fait confiance. J’ai connu chez elle une probante année 2018. Malheureusement, je me suis blessée à deux reprises pour un arrêt total d’un an. A l’issue de ma convalescence, j’ai rapidement senti que la mode « Sophie » était passée. Que je ne monterai plus. Que je n’avais plus ma place. Je savais que c‘était le moment de rebondir, de me relancer, qu’il ne fallait surtout pas tomber dans l’oubli, car un an d’absence c’est déjà trop long. Il fallait vraiment trouver une solution pour repartir du bon pied. Je l’ai trouvée chez Mikel Delzangles. C’est la solution parfaite. Carina Fey m’a cependant offert un merveilleux tremplin en me confiant nombre de ses pensionnaires en course, mais avant cela j’avais déjà beaucoup appris chez Mathieu Boutin, un patron très pédagogue, perfectionniste », souligne Sophie qui avait même auparavant, en parallèle de longues études, goûté aux sports hippiques durant les vacances scolaires chez Jean-Paul Gallorini.

"Je n'ai pas eu la carrière la plus facile"

Rien de tel pour découvrir les obstacles. Ceux du monde du galop en général. Avec ses instants de gloire et ses volets de doutes. Surtout quand les planètes ne parviennent jamais à s’aligner. « Je ne suis jamais arrivée aux bonnes périodes. Quand j’ai décidé de faire ce métier, la décharge n’existait pas. Au moment où elle était enfin accordée aux femmes jockeys, j’étais en pleine rééducation. Beaucoup en avaient déjà profité pour lancer leur carrière alors que pour moi les choses étaient bien différentes. J’avais l’impression de tout recommencer, de tout avoir à prouver. Je n’ai pas eu la carrière la plus facile. Je n’ai pas profité des avantages aux moments clés. Alors, aujourd’hui, quand j’entends que ce petit coup de pouce pourrait disparaître ça ne m’inquiète pas plus que ça. Plus grand-chose ne me fait peur. Même si j’avance moins vite que la moyenne, l’essentiel c’est d’avancer. Tant qu’on progresse c’est bon signe ! Je n’ai qu’une idée en tête, celle d’arriver le plus vite possible aux soixante-dix gagnants que je m’étais fixés à mes débuts. Même si aujourd’hui il en faut quatre-vingt-cinq pour passer professionnelle (rires) ! ». Signe du destin, Jupyra lui permettait le 14 mars dernier de remplir la moitié de son objectif. Un trente-cinquième sourire aux balances en compagnie de son patron et d’une pouliche qui, sans ses malheurs de trafic dans le tournant final sur le sable lyonnais, aurait pu rester invaincue. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, la jeune picarde décrochait son premier Quinté. Un événement toujours marquant… mais bien plus encore quand il est inattendu. « A la base, je n’avais aucune raison de gagner un Quinté. Déjà parce qu’il devait se dérouler ce jour-là dans le Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur. Mais, faute de partants à Cagnes, Compiègne avait volé la vedette aux trotteurs. D’autre part, je ne devais pas être associée à Jupyra. Quand soudain, à trois jours de la course, les vents se sont inversé et toutes les conditions me sont devenues favorables. J’ai eu énormément de chance de pouvoir monter pour la quatrième fois cette jument de qualité, surtout à un niveau où la décharge n’est pas prise en compte », reprend Sophie.

"Une revanche pour elle comme pour moi"

Comme les grands sélectionneurs ne modifient jamais une composition d’équipe qui fonctionne, Sophie et Jupyra seront ensemble au rendez-vous du Prix du Languedoc ce samedi. Pour ajouter une nouvelle ligne à leur palmarès même si la demoiselle se veut prudente. « Je ne pense pas que les trois kilos de pénalisation vont la déranger. On aura certes une piste plus légère, mais quand un cheval est doué il s’adapte à tous les terrains. Je ne suis pas du genre à dire que je vais gagner. Je ne vends pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais je l’estime beaucoup. Elle apprécie vraiment ce qu’elle fait. Elle a un cœur énorme. J’ai rarement vu une jument aussi dévouée. Avoir trois petites courses dans les jambes et gagner un Quinté c’est relativement rare. Donc au-delà de la détermination elle a aussi un gros potentiel. Je suis très heureuse d’y être encore associée. C’est même une immense joie. J’essaie de m’appliquer à chacune de nos associations et ensuite on verra où elle m’emmène et jusqu’où son entourage me fera confiance. C’est une belle revanche sur la vie, pour elle, qui a été confrontée à de graves soucis de santé, comme pour moi. On a le droit de rêver. J’ai bien conscience que tout peut se produire… dans un sens comme dans l’autre. C’est la loi de tout jockey. Il faut se rappeler d’où l’on vient et rester serein dans les bons comme dans les mauvais moments. Etre aussi en capacité de savoir ce que l’on représente et où l’on en est. Samedi, je vivrai donc ce nouveau Quinté dans un rêve éveillé. Au Haras Bonne Chance, à tous ses copropriétaires et notamment M. Delzangles, j’ai envie de crier un grand merci ». Si fort qu’il résonnera encore samedi au rond de présentation du Val d’Or…
 
Fabrice Rougier


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