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Ioritz Mendizabal sous son plus beau jour
Publié le VENDREDI 04 JUIN 2021


Considéré comme l’un des meilleurs jockeys en France, comme un Prince à Dubaï ou comme un Sir outre-Manche, Ioritz Mendizabal a réintégré depuis deux ans les pelotons classiques grâce aux pur-sang arabes ou avec des sujets comme Mishriff, Audarya ou plus récemment St Mark’s Basilica dont il sera dimanche le partenaire dans l’espoir d’inscrire pour la troisième fois son nom au palmarès du Prix du Jockey Club.

Rencontré mardi, Ioritz Mendizabal demeurait dans l’expectative. A quelques jours d’un Prix du Jockey Club, la plus grande joute hippique au galop pour les 3 ans, dont il est le tenant du titre, le Basque attendait un signal d’Aidan O’Brien, seul juge pour confirmer la participation de St Mark’s Basilica dans l’équivalent de l’Irish Derby sur ses terres. La nouvelle est tombée depuis, mercredi matin. Le fils de Siyouni sera bel et bien dans l’Oise ce dimanche. « La distance de 2100 mètres qu’il abordera pour la première fois peut nourrir les incertitudes. Je pense qu’il va les tenir. Mais la décision ne m’appartient pas d’autant plus que je n’ai aucun repère. C’est un vrai crack, c’est sûr. Avec une accélération hors du commun », glissait le jockey séduit par son partenaire dans la Poule d’Essai des Poulains (Grp. I). Ioritz suivra donc sa progression. Au plus haut niveau. Comme en 2008 quand il sublimait Vision d’Etat pour l’entraînement d’Eric Libaud. Année au cours de laquelle, du reste, il recevait également les honneurs de la profession en remportant la deuxième de ses quatre cravaches d’or.

Des petits bisous à Mishriff

A 47 ans, l’âge de se replonger dans les photos souvenirs d’une vingtaine de Groupe I n’est pas arrivé. S’il n’est plus indétrônable, il reste indémodable. Notamment chez nos amis britanniques, des pays de connaisseurs en la matière. « Qu’un entraîneur comme John Gosden, qui n’a que l’embarras du choix de ses montes, fasse appel à moi pour monter Mishriff avec qui j’ai gagné l’an passé, c’était un moment magique. Du reste à chacune de ses plus récentes victoires, j’ai eu cette chance d’être à Ryad et à Dubaï. J’ai été le caresser, lui faire un bisou pour le remercier. J’ai toujours dit qu’l était taillé pour gagner l’Arc de Triomphe », reprend l’homme qui, après un passage à vide au plus haut niveau, retrouve en toute logique le devant de la scène depuis deux ans. « L’année 2020 était inespérée et ce premier semestre 2021, après une bonne entame du côté de Dubaï, semble la confirmer. Cela fait déjà néanmoins partie du passé. Je ne me retourne jamais que ce soit pour le bon ou pour le mauvais. Je vis au jour le jour. Je préfère me projeter dans ce que je vais faire, pas dans ce que j’ai fait. Il en va de même pour les ambitions. Regardez hier (lundi, ndlr), en allant à Marseille, on avait plusieurs objectifs, on ne les a pas atteints. Dans notre métier, chaque jour est différent. Chaque course est un nouveau défi, mais je ne me considère plus sur le long terme. Nous ne sommes plus dans les années où je luttais pour la cravache d’or. A cette époque c’était bien sûr différent ».  Jusqu’à atteindre sur une saison les 220 victoires. Avec des efforts qu’on pourrait qualifier de surhumains. « Depuis les années 2000 le métier a constamment progressé. Mais il faut savoir évoluer avec son temps. Certains disent que c’est mieux, d’autres moins bien, c’est tout simplement différent. Il faut s’adapter. Je tire juste un grand coup de chapeau à ceux qui dépassent aujourd’hui les 300 victoires. Je mesure tous les sacrifices que cela exige. Il faut être au top durant 365 jours sans connaître le fameux coup de mou ». Ioritz, lui, cavale toujours autant.

Attaché à son environnement, à ses racines...

Avec cette envie presque infantile d’en découdre. Et cet enracinement au pied des Pyrénées d’où il puise depuis son plus jeune âge son énergie et son courage. « Ma famille est un pilier sur lequel je peux m’appuyer en toutes circonstances. J’ai eu la chance d’avoir mes parents, c’est indéniable, même si j’ai depuis perdu mon papa. Si je bouge beaucoup dans le cadre de mon activité, j’ai ici à Pau une stabilité, mes deux filles et tous mes amis. Il y a quelques années de cela, ça m’a traversé l’esprit d’aller à Chantilly, mais le choix n’est pas évident. Je suis très attaché à mon environnement, à mes racines. Je veux bien faire un minimum de concessions, mais m’éloigner de mes enfants, ça j’ai un peu de mal ». Quelques lots pour Simone Brogi mardi matin, rebelote mercredi pour Jean-Claude Rouget avec qui il est resté complice, quelques dizaines de minutes volées pour boire un café en terrasse avec des potes, Ioritz Mendizabal comme il le dit si bien « ne s’arrête jamais » sauf pour redevenir un vrai papa poule loin de toute compétition. Ses filles, assurément ses plus belles victoires. Un cœur de vie, les parcelles ombragées d’une gloire qu’il relativise pourtant parfois lui-même. « Un copain m’a récemment charrié car mes cravaches d’or sont planquées au fond d’un placard. Elles ne sont pas tombées dans l’oubli, mais j’ai d’autres perspectives ». Comme celle de gagner l’Arc ? « C’est l’objectif de tout jockey. C’est une finale de Coupe du Monde, un aboutissement ». Heureusement, aux courses, on ne doit pas attendre tous les quatre ans. Même si ce fin pilote a tout le temps devant lui. « L’après jockey ? Je n’y ai jamais réfléchi. Si un jour j’y pense, c’est qu’aura sonné la fin ». Comme nous, St Mark’s Basilica ne souhaite même pas en entendre parler ! 

Fabrice Rougier


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