Actualités
 < Voir toutes les actualités

Etonnant : la cartouche était bien dans le Barrier
Publié le VENDREDI 05 MARS 2021


Vainqueur surprise du Prix de Paris dimanche dernier, le subtilement baptisé Etonnant a permis à Anthony Barrier de goûter à la saveur particulière d’un premier Groupe I à l’attelé sur le sol français au terme d’un meeting en demi-teinte. L’occasion de faire le point avec un pilote totalisant près de 1300 succès.

« Comme on n’allait pas trop vite, il s’est montré un peu brillant en tête durant le premier tour. Forcément, il manque encore d’un peu d’expérience à l’attelage. Il ne sait pas encore bien se gérer, même s’il progresse dans ce domaine, mais sincèrement je n’ai ensuite douté à aucun moment. Dans le dernier tour de piste, quand les attaques ont fusé dans la montée, il est reparti vraiment de bon cœur, sans rien lui demander. Je me doutais que des adversaires tels que Diable de Vauvert finiraient fort, mais les mètres s’enchaînaient et mieux je me sentais. Au passage du poteau, j’ai immédiatement pensé à ma femme restée à la maison avec nos filles. Ces moments sont très particuliers car dans le même temps défilaient encore dans ma tête des images de la course ». Quelques jours après avoir cueilli dans le jardin de Vincennes un premier Groupe I à l’attelé, Anthony Barrier demeure surpris par la prestation de Etonnant dans le marathon du Grand Prix de Paris. Après un meeting loin de toutes promesses, le protégé de Richard Westerink a soudainement gommé les désillusions et les doutes qui le hantaient depuis plusieurs semaines. « Cette victoire a un peu tout chamboulé car il faut bien avouer que j’ai réalisé un hiver assez moyen. Surtout en début d’année. C’est malheureusement coutumier. Cette période est toujours compliquée pour moi. J’étais dans une passe de remise en cause permanente. Tu doutes, tu ne sais plus, tu fais des conneries. Quand tu as de bonnes chances tu les foires. C’est un engrenage, donc finir le Meeting sur un Prix de Paris c’était tout simplement un peu inespéré », reprend le driver aux 1280 victoires qui n’a découvert cet éclectique champion qu’à l’automne dernier dans le Prix Edmond-Henry (Grp. II).

"Se faire une place dans les pelotons n'est jamais simple"

« Eric Raffin était ce jour-là déjà associé à Feeling Cash.  J’ai donc accueilli la proposition de Richard avec beaucoup de plaisir et de détermination. Le cas fut identique avec Frisbee d’Am qu’Alex Abrivard a dû abandonner pour sa jument Féérie Wood », explique celui que le cœur d’activité appelle amicalement « Moustik ». Un petit insecte tropical dans cette profession où le renouvellement des forces vives prend souvent sa source au sein même des écuries. Jeune, Anthony suivait les trotteurs en tribunes, en simple spectateur, avec un père passionné. « Je m’estime vraiment chanceux d’avoir connu de si belles sensations étant donné que je n’étais pas destiné à faire ce métier à la base. Quand on arrive de nulle part, il faut se faire sa place dans les pelotons. Ce n’est jamais simple. Il a fallu jouer serré tout en restant correct et dans l’ensemble ça s’est plutôt bien passé. Je n’ai pas beaucoup d’ennemis dans le milieu. A mes yeux, c’est le plus important » poursuit ce jockey que Jean- Paul Marmion avait rapidement promu driver de son écurie. « Il m’a tout de suite mis à l’attelage. Après quatre ans passés chez Jean-Baptiste Bossuet, un an chez Franck Leblanc, j’avais déjà eu l’opportunité de monter de très bons chevaux sans vraiment faire mes gammes au sulky. Je ne comptais du reste qu’une seule victoire à l’attelé. J’avais, je me souviens encore, drivé les deux premiers partants de mon patron à Fougères. On était reparti de Bretagne avec un coup de deux. Roi du Lupin, Triode de Fellière, Talicia Bella et d’innombrables chevaux de tiercé ont ensuite suivi l’exemple de Général du Lupin ». Depuis, l’expérience a surclassé la nostalgie d’une époque. Si ses succès dans le Saint-Léger des Trotteurs en 2008 et son Prix de Cornulier pour Fabrice Souloy en 2011 avec Olga du Biwetz ne nous apprenaient plus rien, même au plus haut niveau, sur le talent d’un cavalier, il a cependant fallu patienter une décennie pour enfin gagner son « Paris » à l’attelé.

"On sait qu’il a désormais le droit d’affronter les meilleurs à l’attelé"

Faudra-t-il encore attendre une décennie pour survoler l’Amérique ? Anthony en sourit mais ne s’emballe pas.  « S’il faut attendre dix ans pour le Prix d’Amérique on va attendre. Mais avant cela, l’objectif reste de donner la meilleure carrière possible à Etonnant. Les chevaux de monté sont souvent plus durs que les autres. Quand ils alternent les deux spécialités, cela donne généralement de bons chevaux. Roi du Lupin et bien d’autres l’ont démontré. Après coup, beaucoup évoquent le regret de ne pas avoir pris part au Prix d’Amérique. Mais ce n’était pas dans les projets. Nous avions axé son programme sur le Prix de Cornulier et le Prix de l’Ile-de-France et il n’a pas déçu. On sait qu’il a désormais le droit d’affronter les meilleurs à l’attelé. Alors s’il reste dans ce degré de forme, on changera peut-être notre fusil d’épaule l’an prochain. Son mentor m’a toujours dit qu’il avait un moteur extraordinaire. On aurait pu penser qu’il s’agissait au regard de ses performances d’un cheval de vitesse, mais Richard ne s’est pas trompé. Sur 4000 mètres, il tient aussi la route. Il est de surcroît agréable à accompagner que ce soit aux heats ou au canter. Il n’a aucun vice. C’est un super cheval ».  Intelligent aussi. Au point d’attendre l’hiver prochain pour devenir, comme son père Timoko, le chouchou de tout un peuple. Sans public, c’est forcément moins jouissif. « Quand tu rentres en tête dans la ligne droite un dimanche de Grand Prix, que tu jettes un œil dans les tribunes et qu’il n’y a personne, tu te dis merde ! Mais c’est comme ça… ». Plus rien n’est Etonnant mon cher !

Fabrice Rougier


Mentions légales Politique de Confidentialité
En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies permettant la personnalisation des contenus, le partage sur les réseaux sociaux, la mesure d'audience et le ciblage des publicités. Votre navigateur ainsi que des outils en ligne vous offrent la possibilité de paramétrer ces cookies.