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Adelaïde Budka et les Moulins de son coeur
Publié le VENDREDI 05 JUIN 2020


Estcourt a désormais pour objectif de signer le premier Quinté d’Adélaïde (photo Fabio Carnevalli)

Installée comme entraîneur à  Chantilly depuis le 1er mars, Adélaïde Budka a réalisé son premier coup de deux vendredi dernier sur l’hippodrome de Moulins avec Estcourt et Augustine. Elle n’avait auparavant sellé que quatre partants. Un premier rêve s’exauçait. Il y a du « Criquette » chez cette jeune professionnelle.

De l’ombre à la lumière. Des lots matinaux à la piste. Des boxes aux balances. Ainsi ira assurément la vie d’Adélaïde Budka. Faite de bonheur et de désillusions, comme elle aime d’emblée le rappeler. « Aujourd’hui ça va bien, mais qu’en sera-t-il demain ? C’est un métier fait  d’incertitudes. Cela n’a pas été facile avec une installation quelques jours avant le confinement. D’autant plus que je n’ai actuellement que cinq chevaux. Il a fallu bosser dur. Mais le travail paie toujours ». De l’abnégation, Adelaïde en a revendre. Ce fichu statut d’entraîneur, elle s’est constamment battue pour l’avoir. Alors ne lui demandez pas de faire demi-tour. « Je ne suis dans ce métier que depuis 5 ans. J’ai toujours été passionnée par les chevaux mais j’ai un parcours scolaire classique avec un bac économique et social. En passant mon bac, je montais à droite et à gauche des lots de chevaux de course. Puis une fois le diplôme dans la poche j’ai dit à mon père que je voulais devenir entraîneur. Il m’a répondu ça va être compliqué. Pile à ce moment-là, un  BTS de Gestion Agricole s’est ouvert à l’Afasec de Grosbois. C’était une opportunité pour moi d’intégrer ce milieu tout en poursuivant mes études de telle manière à avoir une roue de secours.  J’ai alors effectué mes deux années d’apprentissage chez madame Christiane Head qui m’a beaucoup aidée, beaucoup appris, elle m’a envoyée en Angleterre quelques mois, au haras du Quesnay aussi pour l’élevage. J’ai vraiment suivi une formation aussi complète que constructive en deux ans, notamment grâce à Pascal Galoche, le premier garçon, qui m’a bien formée dans le domaine des soins. Je leur dois beaucoup, une large partie de ma réussite. Puis à l’âge de 22 ans, je suis devenue premier garçon chez Nicolas Caullery.  Quand vous débarquez chez un entraîneur en lui disant je n’ai que deux ans d’expérience et je cherche un poste de premier garçon, c’est osé et vous n’en menez pas large. Finalement c’est sa femme, Marine Henry, qui a un peu insisté pour m’embaucher et ils m’ont ensuite accordé toute leur confiance. J’ai réellement appris à leurs côtés à gérer une structure et ses salariés. Puis l’entraîneur Satoshi Kobayashi, pour finaliser ma formation, m’a ouvert ses portes. Il a été davantage question de choix des engagements, de contrats clients, de la comptabilité, bref tout ce qui touche à la gestion administrative d’une écurie. Vous savez, le jour de mon arrivée chez « Criquette »,  je lui ai dit je veux devenir entraîneur. C’est le métier que j’ai toujours voulu faire. J’ai toujours eu un peu peur de me lancer, mais l’an passé je me suis dit c’est bon, c’est le moment. Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferais jamais » ajoute-telle décidée et encore plus audacieuse depuis la réunion du 29 mai à Moulins.

"Je redescends à peine de mon nuage"

Ce jour-là, alors qu’elle sellait ses cinquième et sixième partants, Adelaïde remontait sur Chantilly avec deux gagnants dans le van. Inespéré ! Presque miraculeux ! Mais rien ne lui paraît impossible. « La route ne me fait pas peur. On ne va pas cueillir des victoires qu’aux alentours. C’est du temps et de l’énergie, mais il ne faut jamais hésiter. Les chevaux finissent toujours par vous le rendre. Il  faudra faire beaucoup de sacrifices pour y arriver, mais aujourd’hui je suis là, où j’ai toujours rêvé d’être, alors pas question de faire les choses à moitié ». Estcourt et Augustine n’apprécieraient du reste pas vraiment. Eux qui resteront, quoi qu’il arrive, gravés à vie dans son coeur. « Je vous avoue que je redescends à peine de mon nuage. Estcourt est un cheval que j’ai toujours aimé. Il était chez Satoshi Kobayashi sous les couleurs de ma mère quand j’y étais assistante. J’ai toujours bon espoir de gagner un petit Quinté. Je l’en pense capable en compagnie de Thibault Speicher avec qui il s’entend à merveille. Il faudra viser juste bien l’engager, mais il peut répéter. Augustine quant à elle devrait trouver sa voie dans les handicaps. J’ai aussi dans mes boxes Atalante, une petite pouliche sympa, avec un peu de qualité, mais assez tardive.  On ne devrait pas la voir avant la fin de l’année. Elle évolue de jour en jour et a beaucoup changé. Elle est très pro même si elle possède son petit caractère.  J’ai aussi Goldmembers qui défend la casaque de monsieur André Cherqui. Il est arrivé à l’écurie il y a un bon mois. C’est un cheval qui reste sur des contre-performances, mais il ne me laisse pas insensible. En 25 de valeur à l’âge de 3 ans, toutes les portes lui sont ouvertes. L’allongement de la distance le servira. Une remise en route pour quelques réglages lui sera nécessaire, mais je ne désespère surtout pas. Il est passé dans de belles maisons. C’est un peu culotté d’essayer quelque chose derrière elles, mais j’ai envie de relever ce défi, de créer un déclic. Tout comme avec Made in Barelière car à la base je ne suis pas entraîneur d’obstacle. Ses débuts à Compiègne  lui avaient servi de leçon. C’était beaucoup mieux à Angers ensuite où sans une grosse faute il aurait fini bien plus près. Je ne m’en fais pas. Il va venir. Dylan Ubeda, son jockey, me donne un bon coup de main pour y arriver. C’est  un objectif comme pour le Quinté d’Estcourt. Tout le monde espère avoir un jour dans ses boxes un cheval classique, mais si j’arrive à faire gagner mes cinq représentants, ce sera déjà pas mal ». L’après confinement lui tend donc désormais la main. « Si vous n’êtes pas suffisamment dure pour supporter les petits incidents de la vie, mieux vaut mettre la clé sous la porte de suite. Il faut se battre pour ce que l’on veut faire ». Après un rapide doublé sur l’hippodrome de Moulins, c’est sur celui de ParisLongchamp que nous souhaitons à Adélaïde de triompher au plus vite. Ainsi, comme le chantait Michel Legrand, « elle fera tourner de son nom tous les moulins de son cœur ».

Fabrice Rougier


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