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Haras d’Ecouché, le coffre-fort du trot
Publié le VENDREDI 09 AVRIL 2021


Les ventes de Caen et Deauville réussissent depuis plusieurs années au haras d’Ecouché. (photo Christian Lepescheux)

Dans le nombril de l’élevage, le Haras d’Ecouché, à proximité d’Argentan, voit naître chaque année environ quatre-vingt poulains comme les « Winner » ou les « River. A sa tête depuis dix ans, Marie et Nicolas ont su fidéliser une clientèle qui revient chaque année à la case départ de la carrière de nos trotteurs.

S’il est un pan d’activité qui a moins souffert de la crise de la covid qu’un autre, c’est bien celui de l’élevage. Bien au contraire, plus que jamais, les gens se sont rapprochés, le confinement aidant, de l’équidé. C’est en tout cas ce que l’on a observé au Haras d’Ecouché, l’une des plus belles maternités de notre noble art. Là, à quelques kilomètres d’Argentan, dans les entrailles de l’élevage, au cœur de tout pour le bien-être du cheval, Marie Tourainne, co-gérante depuis dix ans avec son conjoint Nicolas Menand, affiche complet. Et les réservations pour les ventes de septembre vont bon train. L’entreprise s’est érigée sur ces deux piliers bien solides. « Nous ne faisons que de la prestation pour clients. Aucun cheval ne nous appartient. Le poulinage est notre quotidien et la préparation des yearlings pour les ventes de Caen et de Deauville notre seconde responsabilité », précise Marie lors du tour du propriétaire. La quiétude a pris possession des 90 hectares. Avec pour voisine très « soigneuse » la clinique équine de Meheudin. Soit l’assurance d’avoir sous la main une douzaine de vétérinaires.

Déjà 45 naissances cette année

Mais ce n’est pas selon la propriétaire des lieux le seul atout. « Nous sommes situés à proximité des plus grands haras, ce qui simplifie les déplacements pour les saillies. Avec notre entourage, tant en termes de maréchalerie que de soins, nous donnons toutes les chances à un poulain de devenir un vrai cheval de course. C’est ainsi que chaque année, dès qu’ils atteignent l’âge de 18 mois, une partie des quatre-vingts trotteurs nés à Ecouché partent au débourrage alors que ceux appartenant à des éleveurs-vendeurs sont préparés pour les ventes. On élève notamment les « Winner » pour la famille Aloisio, une partie des « River », qu’on retrouve pour la majorité chez Sébastien Guarato,… nous hébergeons au total une trentaine de juments à l’année. On pouline aussi les « Berry ». Monsieur Aladenise nous envoie ses juments pour la saison et les récupère pleines et suitées ». Les références du trot passent par Ecouché. Gage de sérieux. De travail bien léché. Presque 24h/24 en cette période où les nuits sont parfois plus longues que les jours. « On nourrit tout le monde à 6h30, puis on enchaîne avec les suivis gynécologiques. C’est majoritairement ce diagnostic qui conditionne notre journée. Mais au-delà de ça il faut organiser les transports pour les juments qui partent à la saillie dans d’autres haras, lâcher tout ce petit monde aux paddocks, nettoyer les boxs chaque jour, assurer les soins des foals, veiller aux petits derniers nés la nuit précédente. Depuis la mi-janvier, nous comptabilisons déjà 45 naissances. C’est beaucoup d’inquiétudes, mais surtout beaucoup de pression. J’ai un client qui définit bien notre métier en disant que nous sommes le coffre-fort des courses. Il n’a pas tort. Le capital est chez nous et nous sommes quelque part les garants des champions de demain. On vit poulinage, on dort poulinage. Une naissance représente un an de travail. Le matin quand on appelle un client pour lui annoncer la venue au monde d’un poulain, que tout s’est bien passé, c’est vraiment sympa. Ces moments de communion restent souvent gravés », poursuit Marie. Avec à la clé quelques belles histoires comme celle de Gold River, un beau et bon bébé désormais entraîné par Laurent-Claude Abrivard. « C’est bizarre, mais Gold n’avait pas un physique très sexy pour les ventes. Il est alezan avec des taches blanches. Le contexte ne l’aidait guère. De surcroît c’est un produit de Coktail Jet qui était en fin de carrière au milieu des années 2010. Il valait mieux passer sur le ring un Ready Cash tout noir avec une tête de pur-sang. En tout cas, lors de sa préparation, il nous faisait rêver. Finalement, on l’avait vendu correctement. C’est une belle histoire qu’il continue encore aujourd’hui d’écrire avec son propriétaire ».

L'emploi, un frein au développement

Marie et Nicolas demeurent à la base de chaque palmarès. On l’oublie bien souvent aux balances. Mais pour eux qu’importe. Après une décennie de labeur, ils retiennent surtout « la satisfaction d’avoir amélioré la structure et d’avoir développé une clientèle de qualité et surtout fidèle. Depuis notre installation, comme pour beaucoup d’entreprises, seule la main d’œuvre reste un vrai frein à notre développement. A nos côtés » fourmillent » deux salariés et demi. Mais la difficulté de trouver du personnel compétent fait qu’on limite volontairement le nombre de nos pensionnaires. Nous rencontrons les mêmes problèmes que les entraîneurs. Quand on travaille avec les chevaux, ou plus généralement avec les animaux, cela exige de la passion et beaucoup de rigueur. Tant qu’on encouragera les gens à rester chez eux sans penser à valoriser les jeunes qui bossent, on n’y arrivera pas. La motivation se perd, c’est dommage et ça fait peur », déplore une professionnelle qui se veut aussi délicate que perfectionniste. On ne devient pas top vendeur à Deauville en validant un ticket « spot ». Avec huit poulains du Haras d’Ecouché trouvant preneurs dans le Top 10, nous parlons bien plus que d’élevage, mais d’excellence.

Fabrice Rougier


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