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Le pouvoir magique d’Anaëlle Mekouche
Publié le SAMEDI 09 JUILLET 2022


Anaëlle Mekouche et The Dig la parfaite entente (photo Jean-Michel Tempier)

Un doublé à Agen, un coup de trois dans la foulée à Langon, en l’espace de quelques mois la jeune jockey Anaëlle Mekouche est passée de l’ombre des cours paloises à l’aube d’une belle carrière. L’entraîneur de trot Franck Boismartel et surtout Simone Brogi, son employeur depuis près de deux ans, ont permis à la petite normande de réaliser un rêve que beaucoup imaginent inaccessible.

Si petite et si menue, on ne l’a pas vu arriver. Personne n’a réellement pris conscience de l’essor d’Anaëlle Mekouche. Une sorte de bombe à retardement sur les terres du galop dont seul Simone Brogi possède le détonateur. Depuis le début de l’année, ses gagnants se succèdent comme les levers du soleil sur le centre d’entraînement de Pau-Sers. A tel point qu’on pourrait presque la penser au sein de l’effectif d’ampleur de Jean-Claude Rouget. Même pas ! Un premier doublé au mois de mai sur l’hippodrome d’Agen.  Un coup de trois un mois et demi plus tard à la Bidanne, l’anneau de Langon-Libourne. Un rythme effréné, soumillonnesque, sans que la jeune normande de 24 ans n’en tire une quelconque gloriole. Juste le bonheur d’être là. Parmi les chevaux. Avec une louable simplicité, sans oser se tracer d’objectifs précis. « Il était difficile d’imaginer au début de l’année que tout se passerait aussi bien. Alors, je profite. Et surtout je dois continuer à travailler. Monsieur Brogi me donne la possibilité de m’exprimer en m’associant à des chevaux qui possèdent de vraies chances, en m’aidant à corriger mes erreurs de parcours et en me permettant de progresser au maximum. Ensuite, comme on dit, l’expérience vient en montant ». Comme l’appétit vient en mangeant. Sevrée de compétition durant de nombreuses années, Anaëlle n’a jamais baissé les bras. Il lui aura pourtant fallu patienter sept ans dans le off des écuries pour afficher son premier sourire aux balances. « En 2013, j’ai commencé mon apprentissage chez monsieur Prod’homme à Maisons-Laffitte avant de rejoindre l’effectif de Yan Durepaire. Mes occasions de monter en course ont été peu nombreuses. Fin 2020, Il y a eu un déclic. J’ai fait mon premier gagnant pour Stéphane-Richard Simon juste avant d’embaucher chez monsieur Brogi. Et, dès le coup d’essai en piste pour mon nouvel employeur j’ai regagné. Mon partenaire était le bien nommé Pouvoir Magique. Cela génère de la confiance et tout s’est, comme par enchantement, rapidement enchaîné », reprend la jockey paloise. Pouvoir Magique et sa fameuse potion. Six succès en 2020, autant en 2021, pour en reprendre bien plus qu’une louche dès le 1er janvier de l’acte en cours et passer seize fois depuis sur la bascule. Inarrêtable ! Incorrigible ! Même si en abordant son exploit girondin de la fin juin, la pilote se réfugie immédiatement dans une respectable modestie. « Le même jour, Marie Vélon réussissait un coup de quatre » rappelait-elle. Comme un défi. Une œuvre à programmer. Tout est soudainement devenu possible.

"Tous mes préjugés ont volé en éclat"

Anaëlle deviendrait presque la porte-espoir de la future génération en s’étant enfin ouvert la voie de tous les possibles sans être issue du sérail. « Dès mon plus jeune âge j’ai souhaité travailler au contact des chevaux. Mais pas forcément dans les courses hippiques, un monde que je ne connaissais et sur lequel j’avais des a priori. Je pensais les chevaux maltraités. J’ai donc commencé par un stage dans un centre équestre, mais donner des cours et devenir moniteur ne me passionnait pas vraiment. Je n’ai jamais trop aimé non plus les concours. Mes parents, extérieurs du milieu hippique et par extension du secteur agricole, ont donc décidé de m’emmener au salon du cheval à Paris. Nous avons parcouru les allées jusqu’à nous arrêter dans l’espace de la garde républicaine où je suis tombée sur deux personnes pas très sympas qui m’ont scruté de haut en bas avant de me dire tu n’es pas assez grande pour rentrer chez nous, va voir derrière c’est le stand des jockeys, c’est pour les petits. Sur le moment, ce fut dur à encaisser, mais au final je les en remercie. J’ai ainsi pu faire un stage chez les trotteurs à Grosbois chez monsieur Franck Boismartel tout en restant inscrite sur les listes pour entrer à l’école des jockeys à Gouvieux. Pendant une semaine, il m’a fait découvrir toutes les facettes du métier. J’ai vite été séduite. Vu ma corpulence, il m’a conseillé de rejoindre le galop et je l’ai écouté. J’ai immédiatement était envoûée par cette discipline dans laquelle le cheval s’exprime de manière naturelle où l’adrénaline est aussi différente. En quelques semaines, tous mes préjugés sur les courses ont volé en éclat. J’y ai découvert des équidés chouchoutés, brossés matin et soir, avec une attention portée sur eux en permanence, des boxes fait tous les jours, bref, on était bien loin de ce qui peut se raconter. Ce sont des sportifs, des athlètes, on en prend soin comme d’un être humain. Dans toutes les écuries où j’ai pu travailler les chevaux ont toujours été bien traités, avec délicatesse et beaucoup de soins. Ce n’est malheureusement pas le cas dans tous les centres équestres ». Alors, Anaëlle s’est accrochée, libérée, avec le désir constant de prolonger l’instant présent qu’on pourrait croire impénétrable. « Je n’ai jamais eu envie de lâcher, mais je me suis souvent remise en question. Je savais, en cas d’échec de mon activité de jockey, qu’il y aurait d’autres portes de sortie. Aller aux courses avec les chevaux, c’est ce qui m’a toujours plu avant tout. Je m’intéresse tout autant aux soins à apporter aux pur-sang, au rôle de premier garçon, à la manière d’entraîner. Les courses, c’est un tout. Avec énormément de débouchés ». Pour l’heure des sujets comme The Dig, son grand amour, sa pépite comme elle le surnomme, ne la feront pas changer de cap. Elle a encore tant à vivre. Conquérir les hippodromes parisiens, prendre son propre blacktype, gagner un Quinté,… la route est longue au pays des rêves, mais Anaëlle, à l’évidence, se situe sur la bonne piste.  

Fabrice Rougier


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