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Louis Grenet : Il faut que le PMU reprenne les choses en main
Publié le VENDREDI 11 JUIN 2021


Dimanche dernier, l’hippodrome de Saint-Aubin-les-Elbeuf organisait son avant-dernière réunion de l’année, la clôture étant programmée le dimanche 27 juin. Louis Grenet, Président des Brûlins, ne boude jamais la perfection. Or, depuis la réouverture au public, la prise de paris en PMH l’agace. De plus, la facture laissée par le Groupe Carrus lui semble salée pour des petites structures à qui l'on ne cesse de demander des efforts. Il s’en explique.
 
Il est de ces présidents d’hippodromes qui ne mâchent pas leurs mots. Dont les instances, trop peu souvent présentes sur les espaces provinciaux, devraient en priorité s’appuyer. Comme dans chaque bled, dans le off de la compétition, il entretient, il modernise, il accueille, il gère, il se démène pour que sa petite « entreprise » ne connaisse pas la crise. Louis Grenet est ainsi. Jovial et perfectionniste. Amical et professionnel à la fois. Son regard brille les soirs de réunions quand, après un dernier état des lieux, il rentre chez lui avec ce sentiment du devoir accompli. Presque soulagé, délivré.  A deux semaines de la fin de saison sur le site des Brûlins, le bilan ne doit surtout pas être dressé au sortir des rendez-vous à huis clos. Le 27 septembre aura lieu la dernière manifestation normande. La troisième aussi depuis la réouverture au public. Et, paradoxalement, c’est là que le bât blesse. Car même s’il est ravi de recroiser de vieilles connaissances, des bouilles épanouies, d’échanger quelques sourires avec ses convives, Louis est plus que jamais amer. En d’autres lieux, on parlerait de lenteurs administratives. Sur un hippodrome, il s’agit plutôt d’un manque d’audace pour enfin sauter dans l’ère du tout numérique. Les paris PMH ont repris. Certes. Mais leur organisation laisse plus que jamais à désirer. Manque de guichets, absences de bornes, impossibilité de payer par carte bancaire,… quand la concurrence s’agite, à l’instar de la Française des Jeux, Carrus, la société chargée de gérer les paris sur nos hippodromes, semble jouer la montre sans, à priori, s’inspirer de la dynamique impulsée par le PMU pour séduire de nouveaux clients.

"On devrait gagner de l'argent, or on en perd"

Louis Grenet en a fait le triste constat. « En sortie de confinement, les bornes de prises de paris n’ont pas été installées. Nous nous sommes retrouvés dimanche avec quatre guichets fixes et trois demoiselles circulant avec des tablettes. Je ne jette la pierre à personne, mais les files d’attente se sont allongées, l’incompréhension des gens ne pouvant jouer par carte bleue grondait. En milieu d’après-midi, après deux courses qui avaient lancé la réunion sur de bonnes bases, les enjeux se sont effondrés. Au final, Carrus nous facture 5 000 € une prestation qui n’est pas à la hauteur pour une recette totale de 16 000 €. D’autre part, d’ordinaire nous recevions 7 500 € de subventions pour organiser une journée de courses, nous sommes passés cette année à 6 000 €. Sur nos sept réunions annuelles, on va donc quasiment perdre 10 000€. On avait resserré nos budgets en fonction (pubs, programmes), on a refait de la trésorerie avec les courses à huis clos et maintenant que le public est de retour, qu’on devrait gagner de l’argent, on en perd. Cherchez l’erreur. A cette allure, les petites sociétés de courses foncent droit dans le mur. Et quand on cherche un coupable il n’y a plus personne. Côté PMU, on te dit à juste titre que c’est Carrus qui gère le PMH et quand tu remontes les bretelles aux gars de chez Carrus on te répond que c’est le PMU qui freine des quatre fers. De savoir qui est le responsable de ce désordre ne règlera pas pour autant le problème. Il faut que le PMU reprenne les choses en main et qu’il redevienne le seul patron. Quand il y a cinquante décideurs c’est la merde assurée. Comme Carrus n’est qu’un prestataire, que le PMU lui donne une feuille de route et qu’il la respecte. Point barre. Ici à Saint-Aubain-les Elbeuf, on a une équipe de bénévoles qui se plie en quatre pour que chaque famille quitte le lieu avec du bonheur plein la tête. Les gens se sentent concernés, très heureux de s’impliquer et de se retrouver. Et là où la mécanique devrait être bien huilée au niveau du PMH, on sent qu’on est à la ramasse. Ça remet tous nos efforts en cause. Je ne fais aucun procès d’intention, mais à un moment donné il faudrait que les institutions se réveillent ».

"Il faut arrêter de regarder passer les trains"

Louis ne travaille pas dans les bureaux climatisés de la Capitale, mais ne manque pourtant pas d’idées. « Sur mon petit hippodrome on a mis en place la fibre optique pour sécuriser les enjeux PMH et éviter les microcoupures qui duraient parfois dix minutes. Maintenant que la fibre est là, pourquoi ne pas s’en servir pour organiser les surenchères à distance lors des courses à réclamer par exemple. Je veux aussi remettre les gens dans les tribunes. Les courses d’abord ! Tu es sur un hippodrome, le but est de regarder les chevaux aux canters sur la piste pour avoir un coup de cœur. Il faudrait donc équiper les hauts de tribunes de bornes pour des paris instantanés. A l’heure actuelle, tu passes un bon après-midi en famille, mais tu quittes tout le monde pendant un quart d’heure entre chaque course pour aller derrière les tribunes faire la queue pour jouer. Il y a un truc qui ne va pas. Tu perds des informations. Je ne pense pas que cet investissement, rentable sur le long terme, soit insurmontable. J’ai environ mille places assises dans mes tribunes, j’ai parfaitement la possibilité de mettre du personnel à disposition du PMH pour les aider de manière efficace. Il suffit juste d’avoir une connectique et ici nous l’avons. C’est pour ça que je râle un peu. Il faut arrêter de regarder passer les trains », déplore le Président normand qui vous donne rendez-vous pour un bouquet final le 27 juin avec la zumba au cœur de la fête. « Je ne suis pas le Père Noel, je n’ai pas cette prétention non plus, mais dans mon âme profonde je veux que les gens viennent aux courses par amour et qu’ils se disent en partant, j’ai bien mangé, j’ai bien bu, j’ai assisté à du grand spectacle ». S’ils peuvent parier que demander de plus…

Fabrice Rougier


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