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Erwan Grall : La lumière ne m’empêche pas de dormir
Publié le VENDREDI 12 FEVRIER 2021


Après un sensationnel hiver sur les obstacles béarnais, Erwan Grall a provisoirement pris le contrôle de sa corporation alors que se profile déjà la réouverture des hippodromes parisiens. Rencontre avec cet entraîneur de Maisons-Laffitte qui a longtemps œuvré en silence parmi les grands de la discipline avant de connaître cette soudaine réussite.
 
Pas le temps au repos. Pau apparaît déjà dans le hublot. Mercredi matin, au lendemain de la clôture du meeting béarnais, Erwan Grall avait déjà sauté dans le premier avion. Dans ses bagages, treize succès et d’innombrables accessits. L’heure n’est pas à la nostalgie. Demain balaie rapidement le passé. Vivre à deux cents à l’heure fut toujours le souhait de cet ancien gendarme de la Garde républicaine. « Mes chevaux sont sur la route. Ils seront là ce soir (mercredi, ndlr), languissait déjà le metteur au point. Tous nos pensionnaires de Maisons-Laffitte ont été remis en route après un break au mois de décembre. La réouverture parisienne arrive vite. Il faut être prêt début mars et j’ai quelques bons espoirs. Notamment avec Cerisaie qui fera face à un bon engagement à Auteuil le 1er mars. Elle a laissé une très bonne impression à Pau le 21 janvier roulant aussi vite que les vieux le même jour sur le parcours de 3500 mètres. A elle de confirmer. On possède aussi pas mal de bons 4 ans. Parmi eux, il y a quelques pépites comme Hardi Les Gars, un inédit du Haras de Saint-Voir qui va débuter le 23 février à Fontainebleau. C’est tout simplement le frère de Général en Chef, placé de Groupe III à Auteuil », prévient un mentor mansonnien qui écrase tout sur son passage.

"J'ai beaucoup appris chez Robert Collet"

Plusieurs doublés sur le gazon du Pont-Long, un premier succès sur le cross, une touche finale avec la célèbre casaque de Magalen Bryant,… et un Quinté à mettre à l’actif du chouchou Portentoso. « Un Quinté c’est sympa. D’autant plus que Portentoso, acheté à réclamer, fut l’un des premiers à rejoindre cette nouvelle aventure. Ce n’est pas le meilleur en qualité pure, mais c’est un peu la mascotte de l’écurie, un petit cheval que tout le monde apprécie, qui a beaucoup de personnalité ». Et qui participe si bien à l’éclosion de cette petite société qui n’a que seize mois d’âge. Erwan Grall a pris le temps d’observer, d’apprendre à diriger pour mieux voler de ses propres ailes. « De la Garde républicaine j’ai rapidement fait le tour. Je tournais un peu en rond. Du coup, tous les matins j’allais monter un lot chez Thomas Trapenard. Puis un jour il m’a proposé de devenir premier garçon. Une nouvelle vie s’offrait à moi », se souvient-il, comme de ses fonctions tour à tour chez Robert Collet, Guy Cherel ou David Cottin. « J’ai beaucoup appris chez Robert Collet, mais Il faut savoir prendre le meilleur partout pour se dicter une méthode de travail plus personnelle. On mixe ces belles expériences et on essaye de commettre le moins d’erreurs possibles en s’appuyant sur celles qu’on a faites par le passé. Il ne faut pas recommencer la même bêtise deux fois. J’ai vu plein de chevaux différents, j’ai côtoyé des cracks, avec qui on apprend le plus, comme Nikita du Berlais ou plus récemment Blue Dragon. Ce que j’effectuais en tant qu’assistant et ce que je fais aujourd’hui sous la casquette d’entraîneur est quasiment identique. Alors, des propriétaires m’ont incité à créer mon écurie. Sans eux, je ne me serais pas lancé. Forcément, quand on a les clients et des chevaux c’est plus facile de gagner des courses. On a commencé avec une dizaine de pensionnaires. Nous en possédons désormais une quarantaine. Plus c’est varié, mieux c’est. Cela limite les risques. Si vous ne possédez qu’un gros client, le jour où ça dérape, tout peut se compliquer. Je ne me fixe aucunes limites en termes d’effectifs. J’ai toujours été habitué à travailler dans de grosses structures. Le nombre ne m’inquiète pas », poursuit-il avec le sentiment du devoir hivernal accompli.

Pau, un hippodrome très formateur 

« Le profil de Pau correspond à notre style de travail. S’y distinguent plutôt de vrais sauteurs en grande majorité de terrain lourd. On a eu cet hiver ce qu’on était venu chercher. Les miens ne sont pas des chevaux de vitesse, ils ont du fond et sont assez durs en général. C’est un hippodrome très formateur pour les poulains avec une équipe sur place extraordinaire. Tout le monde bosse pour les chevaux. Tous les salariés du centre d’entraînement sont à notre écoute et font le maximum pour que l’on soit satisfaits des installations. Dès lors, on peut préparer nos bons éléments pour la rentrée à Paris ». En attendant, Erwan Grall a signé depuis le début de l’année plus de succès que François Nicolle et Guillaume Macaire, les deux piliers de la discipline. « C’est pour les faire râler un peu, s’en amuse l’homme en forme puis de poursuivre, la concurrence sera plus rude à Auteuil. Messieurs Nicolle et Macaire, et bien d’autres, y présenteront des chevaux de calibres supérieurs à ceux de Pau, mais il ne faut pas avoir peur », reprend Erwan si rapidement passé de l’ombre à la lumière. « La lumière ne m’empêche pas de dormir. Ma seule vraie préoccupation reste de voir les résultats s’enchaîner et de remporter un titre au niveau listed ou plus haut à Auteuil. L’an passé, on a bien gagné deux Groupe III en plat chez les AQPS, mais ça n’a pas la même résonnance ». Au rythme effréné de cette si jeune carrière, ce n’est l’affaire que de quelques semaines. 

Fabrice Rougier


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