Vincent Lebarque de l’orange aurore au bleu horizon Vincent Lebarque et Yoann Lebourgeois, une redoutable association. Après les années Claude Campain et Emmanuel Ruault, l’écurie du Comte de Montesson s’appuie depuis le début de l’année sur Vincent Lebarque. Un choix dans la continuité puisque le jeune entraîneur est un fidèle de l’écurie bleu et orange depuis 7 ans. Nous l’avons rencontré au lendemain de sa première victoire à Vincennes avec Hacienda. Dans son nouveau costume.
Il est apparu dans la colonne des entraîneurs un beau matin de janvier en toute discrétion. Le réveillon à peine digéré et les résolutions bien définies. A tel point qu’il ne lui aura suffi que de quelques mois pour concrétiser de bons débuts. Vincent Lebarque a effectivement vite pris ses marques. Nommé à la tête de l’écurie du Comte de Montesson dans l’Orne, il devenait aussitôt major de sa promotion à Cabourg cet été avant de se distinguer le 7 octobre à Vincennes avec Hacienda. Pour une première en qualité de mentor. Le genre de choses qu’on n’oublie pas. « Gagner des courses c’est bien, mais sur l’hippodrome de Vincennes, elles ont une autre saveur. Voilà c’est fait. J’avais déjà gagné en tant que driver, mais c’est du passé. Je drive beaucoup moins désormais. On met notre destin entre de bonnes mains. Quand c’est Yoann (Lebourgeois, ndlr) dans le sulky, on sait que ça devrait normalement bien se passer. Il l’a encore prouvé cet été à Cabourg. Pour l’écurie l’objectif était de réaliser un bon meeting. On sait qu’il y a de la concurrence. Une belle opposition avec les Victoria Dreams ou les représentants de Séverine Raimond, notamment. Les journalistes ont commencé à faire monter la mayonnaise en signifiant qu’on était en tête en nombre de victoires. Alors, on a joué le jeu jusqu’au bout. L’an dernier sous l’entraînement d’Emmanuel Ruault, on avait aussi terminé tête-de-liste, certes avec moins de victoires, et pour autant personne n’en parlait vraiment » remarque Vincent. Beaucoup mettaient à cette occasion normande un visage sur un nom. Après Claude Campain et Emmanuel Ruault, c’était donc lui qui allait perpétuer les ambitions classiques des bleu et orange et nourrir le palmarès de l’écurie pour rejoindre dans le haut du panier les douées Quarla, Datcha ou Estola pour ne citer que les juments de Groupe. De quoi mettre quand même un semblant de pression au promu. « Claude Campain a été un grand monsieur qui a fait briller la casaque. Emmanuel Ruault a pris sa succession tout en poursuivant le développement de l’écurie. Autant dire qu’ils ont mis l’un et l’autre la barre assez haute. Dès lors, on n’a d’autres choix que de travailler et de faire aussi bien », promet-il bien ancré, depuis sept ans déjà, à Francheville. « Une super équipe derrière moi » « A la base devenir entraîneur n’était pas un but en soi. J’ai par contre tout mis en oeuvre pour que ça marche pour mes patrons. Partout où je suis passé du reste. Emmanuel avait décidé de prendre depuis quelques temps un peu de recul. C’est lui qui quelque part m’a intronisé dans mes nouvelles fonctions. Je n’ai pas eu trop le choix (rires). A la base, je suis arrivé en 2015 pour m’occuper des poulains. Au fil des années on m’a confié des chevaux à courir. Aujourd’hui on me pourvoit de cette mission. Donc je sais ce qu’il me reste à faire. Me lever chaque matin dans le seul espoir de faire reluire à mon tour les couleurs et d’être fidèle à mes prédécesseurs. Mais si les résultats nous sont favorables, après des premières semaines plutôt compliquées, il faut avant tout saluer le travail de tous ceux qui m’entourent. J’ai vraiment une super équipe derrière moi. Elle m’aide beaucoup. Emmanuel est également toujours bien présent. Quand j’ai besoin d’un renseignement, d’un conseil, je n’hésite jamais à lui demander. On a des gars à l’élevage et une équipe qui débourre qui effectuent un top boulot. Des gars sérieux aussi toujours prêts à courir à gauche et à droite. Quant à moi, j’essaie de qualifier les poulains, puis je les débute en compétition avant de les mettre entre les mains de pilotes. Seul, on n’est rien dans la vie. Et encore moins aux courses ». Vincent Lebarque joue collectif. Le « nous » s’invite à chacun de ses propos. En homme d’expérience qui auparavant avait tutoyé de grosses institutions du trot comme celles de Fabrice Souloy, l’élevage du Pont ou de l’Ecurie des Charmes. « Mon expérience tient en un mélange de toutes ces découvertes. Fabrice Souloy était par exemple très rigoureux. Il m’a appris à ne rien laisser passer. Jean-Yves Rayon et Albert, son papa, m’ont transmis leur savoir, un cocktail de deux méthodes différentes d’où j’ai pu extraire les meilleures idées pour faire du mieux possible ». Une recette de Chef à mettre dans tous les bons livres de cuisine. Pour autant, Vincent Lebarque demeure lucide, ne s’enflamme pas. Ce n’est toutefois pas le style d’une « maison » dont le temps reste le meilleur allié. « On court uniquement nos 3 ans pour les façonner et à 4 ans, généralement, ils font la différence. Il nous faut donc préserver nos chevaux d’âge. Seulement entre la rentrée au haras de Datcha conjuguée aux gros soucis de santé de Fiable, ça génère vite un gros trou dans les caisses. Datcha arrivait certes à un âge pour entamer sa carrière de poulinière, mais concernant Fiable ce n’était pas prévu. La jument retravaille. On croise les doigts même si on ne l’a pas vraiment retrouvée. Si j’ai l’occasion de la remettre en piste pour mes patrons, monsieur et madame D’Harambure,_ pour l’équipe qui a assuré les soins, pour les parieurs, pour tout le monde ce sera une belle victoire. On va travailler dans ce sens jusqu’à la fin de l’année. Et si la jument ne retrouve pas son niveau, on la respectera et entrera à son tour au haras. Elle ne mérite pas qu’on s’acharne. Elle a si souvent mis son cœur sur la piste ». Plus que des mots. Dans la voix, la perception d’une tendresse incommensurable à son égard. "Garde à Vous sait tout faire" Vincent Lebarque et son équipe ont cependant de la ressource à l’approche du Meeting de Vincennes. « Hacienda a été gardée pour cet hiver. Elle avait fait un été correct. Le programme nous a également freinés. Après sa victoire d’Enghien, elle s’est retrouvée pendant deux mois sans course. Du coup, s’il y en avait bien une à garder pour faire un peu l’hiver c’était elle. Il s’agit d’une jument brave qui démarre bien, qui suit tous es trains. On va se focaliser sur les courses réservées aux femelles de sa génération. On sait cependant que le Meeting d’hiver de Paris est très compliqué. C’est une autre compétition avec des écuries qui préparent le rendez-vous toute l’année. Nous, on ne peut pas engager des chevaux l’été et l’hiver. Le personnel a cinq semaines de vacances par an, les chevaux aussi ont droit au repos. On ne peut pas les avoir à 100% sur 365 jours. Hautain a également produit un été correct. Il aura de belles courses fermées cet hiver et devrait bien faire. Il finit cinquième l’autre jour à Vincennes alors que Gabi Gelormini le découvrait. S’il avait été envoyé plus tôt, il aurait conclu sûr troisième. Avec Garde à Vous tant que j’ai des courses à main droite je vais les privilégier, mais cet hiver on le verra à Vincennes c’est sûr. C’est un vrai bon cheval. Il n’a besoin de personne. Il sait tout faire. On peut prendre la tête, il peut finir, on peut rouler,… il vient de faire le tour en 1’12’’9 à Caen c’est un cheval qu’on attend pour cet hiver. Il ira d’abord à Amiens le 30 octobre et on avisera pour la suite de son programme. Goldorack ou Genevrier vont pas mal, Frou Frou peut bien faire dans les courses pour les vieux à Paris. Concernant les 4 ans on viendra une fois ou deux avec Iskoya et Infante mais on ne brûlera pas les étapes car ce sont des juments qui vont exploser la saison prochaine. Tout comme Idra, une 4 ans perfectible. Je ne veux pas faire n’importe quoi avec elle. Elle va tomber sur des pouliches qui ont 35 000€ de gains et qui n’ont rien fait de l’été. Je ne voudrai pas lui donner la course de trop. Elle nous a montré qu’elle a le niveau parisien. On va, je pense, viser le début de meeting et si elle assure un gros chèque on attendra l’année prochaine. Enfin, parmi les 3 ans, Jockey donne quelques signes d’espoir à l’image de Jersey Bleue, une petite jument vraiment dans le sang qui trotte un peu », énumère Vincent passionné par ce monde qui l’entoure. Pas question pour lui de frapper un seul grand coup. L’entraîneur du Comte veut durer, s’inscrire dans la régularité d’une année sur l’autre. Avec un rêve inavoué. Permettre à la noble casaque de cueillir son premier Groupe I. Fabrice Rougier
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