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Montmirail et Pompadour, dimanche c’est la vie de châteaux
Publié le VENDREDI 16 JUILLET 2021


Près de 3000 personnes sont attendues ce dimanche dans le Perche Sarthois.

Ce dimanche 18 juillet ne sera pas un jour comme les autres pour les hippodromes du Perche Sarthois à Montmirail et celui de Pompadour, en Corrèze, où le cheval a toujours pris une place centrale dans l’économie locale. Au trot ou au galop, mais toujours dans des cadres champêtres qui font de nos courses en province des moments uniques entre sensations et partage.

« Montmirail est forcément un bel hippodrome puisque c’est le nôtre ! ». Joël Monchâtre, secrétaire de la société des courses du Perche Sarthois, ne va pas à Montmirail par trente-six chemins. C’est ici, dans la Sarthe, qu’il nous accueille pour notre cinquième arrêt de ce tour de France de la petite province. Chauvins ? On l’est tous. Mais notre hôte a des raisons particulières de l’être un peu plus que monsieur tout le monde. « Nous l’avons bâti. Quand je dis « nous », je fais référence à tous les bénévoles de notre société de courses. Il est donc conçu à notre image. Ici, il n’y a pas de barnums. On a monté des bâtiments dédiés à chaque activité des vestiaires aux espaces de restauration, de la buvette aux douches pour les chevaux. Nous avons même dernièrement fabriqué dix-huit stalles pour accueillir les trotteurs dans de meilleurs conditions. Après la construction, nous sommes aujourd’hui dans une phase d’entretien et de maintien d’un site de dix hectares. Même si nous avons eu la bonne idée de nous équiper en matériel de qualité, il faut quand même faire le boulot», souligne-t-il à quelques heures de la seconde et dernière réunion de l’année tout en rappelant que « Montmirail est le rassemblement au milieu des années 2000 de deux hippodromes qu’on appelait autrefois Montmirail et La Ferté-Bernard. Lors de notre première réunion programmée le 27 juin dernier, 33 000 € ont été joués malgré une pluie incessante de 10h à 20h. Habituellement on génère entre 45 000 € et 48 000 € d’enjeux et, lors de la clôture, on dépasse les 50 000 € jusqu’à atteindre 65 000 € ». Cette clôture prend des allures de fête au village. Chaque Montmiraillais se retrousse les manches pour accueillir ce dimanche 18 juillet près de 3000 personnes « s’il fait beau ». Le Président Patrice Joubert fédère autour de son joyau. Les forces en présence sont sollicitées dès le mois de janvier pour que la piste soit à la fois belle et régulière. « Généralement, quand on se retrouve sur l’hippodrome en début d’année, on prend le repas en commun. S’il n’y avait pas cette convivialité et le plaisir d’être ensemble, ça aurait du mal à exister. Je vous rassure, on arrive à s’engueuler une fois par an, mais on se retrouve avec le sourire dès le lendemain. C’est le lot de toutes les équipes. Dimanche, on sera environ 80 bénévoles sur l’hippodrome répartis entre le secrétariat et le départ des courses, dix-sept personnes s’affaireront à la restauration que nous gérons nous-mêmes. Ici, tout est fait maison. Tous les spécialistes du coin, restaurateurs, barmans sont là et nous accompagnent bénévolement. Si l’on a construit un bel hippodrome, nous n’avons pas fini de tout payer. Cela dit, nos finances sont saines. Il faut poursuivre ce cap si l’on ne veut pas laisser à nos successeurs une trésorerie exsangue » confie Joël. Dans la Sarthe, le cheval est au cœur de toutes les préoccupations. Il appartient au quotidien. Il rassemble. Montmirail n’échappe pas à cette règle. « Tout autour de nous, on a Laurent-Claude Abrivard, Stéphane Bourlier n’est pas très loin. Beaucoup de professionnels sont installés par ici. C’est une région de trotteurs. On se situe juste à côté de la maison qui a vu naître Timoko », reprend le secrétaire la passion dans la voix, la fierté de son terroir intacte. « Montmirail est une petite cité de caractère. C’est un village médiéval, donc agréable. On note du reste beaucoup de résidences secondaires dans le coin, de plus en plus de gites aussi. La période que nous vivons favorise la villégiature en pleine nature pour ne pas être confronté à la population du bord de mer. On possède donc un volant de touristes assez intéressant. A nous de les séduire pour venir passer un bon moment. Ils ne vivront pas un simple rendez-vous hippique. C’est une fête locale où chaque acteur se sent concerné, il existe un véritable engouement autour des courses. On est un peu gaulois, un peu fous, mais on n’a pas envie de vivre dans un désert. Alors on se bat pour que ça continue à exister. Le cadre est vraiment sympathique avec ses chênes qui sont centenaires. C’est vraiment l’endroit idéal pour passer un bon dimanche en famille ».

« Pompadour ou l’héritage du château et des Haras » 

Reprenons l’A20 vers la Sud. La richesse du paysage défile sous nos yeux. Blois, Châteauroux, Limoges pour arriver chez nos amis corréziens à Arnac-Pompadour au pied du Château de la Marquise. Ici, les trotteurs n’ont pas voix au chapitre. Et qu’il est dommage pour eux de ne pas être invités sur l’un de nos plus beaux hippodromes de France. Pompadour vit au rythme des courses. Au pas des chevaux que les Haras Nationaux ont très longtemps abrités. « L’histoire ramène souvent à Pompadour. Même aux Etats-Unis, si vous dites Pompadour, les gens connaissent », apprécie particulièrement Bernard Favennec, sociétaire depuis cinquante ans. L’histoire, c’est son dada. Au déroulé de chacun de ses mots, c’est un livre qui s’ouvre. C’est aussi le palpitant qui parle. Alors ne l’invitez pas en vacances en juillet/août, période où l’hippodrome fait la part belle aux pur-sang. « L’hippodrome n’a pas son pareil ne serait-ce que pour sa proximité avec le château. Seul un bout de route nous sépare. Quand vous arrivez par Limoges, vous aurez l’hippodrome sur votre droite. Et de là, si vous vous promenez, vous découvrez cette immense fête. Du reste, les gens s’assoient sur le mur, regardent et profitent des chevaux. Ces chevaux sont la conséquence du travail des officiers. Ce sont eux qui ont fait l’hippodrome de Pompadour. Tout simplement parce qu’ils avaient en charge le Haras national et ses chevaux militaires. Pompadour c’est avant tout un héritage. Celui du château et celui des Haras qui ont ouvert la porte à de simples gens comme moi ». Toute sa vie, Bernard s’est battu pour conserver les énergies du site, souvent en vain. Il y aura laissé quelques regrets qui ne sont rien néanmoins à côté de l’amour qu’il cultive pour sa cité. « Malheureusement Pompadour souffre d’un manque à gagner. Nous sommes en train de perdre les Haras nationaux, mais il y a aussi aujourd’hui, et heureusement, une société des courses dirigée par François-Xavier Duny qui se projette vers l’avenir », ajoute-t-il, oscillant entre optimisme et nostalgie. « Je suis un petit éleveur, j’ai fait courir, j’ai du reste mon permis d’entraîner, j’ai toujours milité pour que l’hippodrome devienne un centre d’entraînement. Ici, très longtemps, il a suffi d’aller taper à la porte des Haras Nationaux pour que les problèmes disparaissent. Il faut maintenant prendre les choses en main, regarder droit devant et faire le nécessaire pour que nos héritages perdurent. En vous parlant ce sont des rêves qui ressurgissent ». Perdre l’identité cheval à Pompadour, Bernard ne veut pas l’entendre. « Le cheval à Pompadour appartient au décor comme le décor appartient au cheval. Le jour où ils n’auront plus ce décor, les gens de Pompadour vont pleurer mais auront-ils pris conscience du rôle qu’ils pouvaient jouer avant ? ». Ce dimanche, l’hippodrome de Pompadour jouera la cinquième de ses onze partitions de l’été. Une réunion pour célébrer avec quelques jours de retard (toujours en raison du mauvais temps) la Fête nationale. Défilé, sardinades, feu d’artifice se conjugueront à la splendeur du cadre. « Quand il y a du monde, c’est du monde, ce sont 2000 ou 3000 personnes. Pour les recevoir il y aura une multitude de bénévoles qu’on appelle chez nous les cravates vertes. Ils vont accueillir les chevaux, s’occuper du public en tribunes, ils sont très importants. Ils font partie du paysage. Tout est ici fait pour que chaque personne devienne un invité d’honneur. Il y a aussi dans ce domaine une évolution positive. Un vrai travail de pédagogie est mené. On fait entrer certains spectateurs dans un milieu qu’ils ne connaissaient pas et dont ils se méfiaient. Ils voient ainsi que la vérité est toute autre.  Je conseillerai aux personnes intéressées de venir lors de la réunion du 15 août, jour du Grand Cross, même si le Grand Prix aura lieu cette année le 22 août. Ce jour-là, c’est un peu notre Prix de Diane. Ils se rendront compte de la beauté des courses. Si vous avez en plus choisi de miser sur un cheval, vous allez galoper avec lui, courir derrière lui, et puis notre hippodrome il est quand même superbe. Ils vont voir arriver et disparaitre les chevaux dans le petit bois, puis ressortir sur la ligne droite, rentrer sur l’herbe, et là ils vont vous approcher, ils vont vous aspirer. C’est magnifique », en frissonne encore Bernard. Sur les programmes, vous découvrirez quelques entraîneurs également connus loin de leurs bases corréziennes comme Fabien Lagarde, Anne-Laure Guildoux, Marie Chiampo,... Sachez qu’ils n’auront jamais peur des grosses écuries qui viennent chasser sur le territoire du Château. Un lieu magique, unique. Que seul Pompadour propose.
Fabrice Rougier


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