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Christopher Head : Je préfère être en cuisine plutôt qu’en salle
Publié le VENDREDI 17 JUILLET 2020


Aurélien Lemaître et Christopher Head, une fructueuse et déjà longue collaboration.
 
Dix-huit mois après son installation, l’entraîneur Christopher Head a déjà franchi un col en remportant le 7 juillet à Clairefontaine son premier Quinté grâce à Deacon qui revendique sa place de numéro un dans cette petite écurie de six pur-sang. Reux ne l’entend pas de cette oreille et tentera de l’imiter dimanche à Chantilly. Rencontre avec une graine de champions, fruit plein de jus de la quatrième récolte familiale. 
 
Chez les « Head », on fait depuis plusieurs générations la course en tête. De l’arrière grand-père, William vainqueur du premier « Arc de Triomphe » de cette dynastie en 1947, aux petits-enfants Freddy et Criquette, en passant par le génie Alec, le patrimoine familial s’élève à neuf titres dans la plus prestigieuse course de galop au Monde. Et si Freddy manque à l’appel, il l’a néanmoins remportée trois fois en qualité de jockey et l’entraîneur qu’il est devenu arbore aujourd’hui un patrimoine de 42 Groupe I. Pour autant, la boucle est loin d’être bouclée. En toute discrétion, depuis un an et demi, Christopher, le fils de Freddy, cultive ses lendemains avec quelques clients dont nombreux sont des amis. Après avoir décroché sa licence, c’est une entreprise à taille humaine qu’il anime chaque jour à Chantilly. En prenant bien des précautions. « Je ne force jamais personne à mettre des chevaux chez moi et je refuse systématiquement des situations qui mettraient à mal les finances de l’écurie. Je n’accepte que les clients solides qui me permettront d’avancer dans le bon sens. J’ai pris le temps de la formation avant de me lancer en décembre 2018. Quand vous êtes trop jeune, les propriétaires ont du mal à vous faire confiance car les courses restent un métier d’expérience. Entre 30 et 35 ans, je pense que c’est le bon âge. J’ai commencé à travailler avec mon père à 20 ans, à apprendre le métier auprès de lui tout en grimpant dans la hiérarchie au sein de l’écurie. J’avais dès mon plus jeune âge cette envie de faire carrière dans les chevaux, mais il a toujours souhaité que je privilégie les études  pour avoir un métier, pas forcément plus stable, mais moins assujetti à la chance. Notre parcours familial nous a donné l’accès et la possibilité d’entraîner des chevaux de la trempe de Goldikova, de Solow, de Marchand d’Or, de Trêve ou de Moonlight Cloud. Vous savez, travailler pour Freddy ou pour Criquette a toujours été un luxe. Beaucoup d’entraîneurs, quand ils démarrent, n’ont pas connu ce luxe d’avoir des Maktoum ou des Wertheimer. J’ai eu cette chance, mais je me devais d’apporter un plus, un côté « malin » à mon itinéraire. Ce bonus, je l’ai clairement trouvé chez Guillaume Macaire. Rappelons qu’il  est vraiment sorti de nulle part. Il a tout appris sur le tas, en commettant parfois des erreurs, mais il n’était soutenu à la base par aucune grande écurie. Cette période a vraiment été très formatrice. Avec monsieur Macaire, j’ai eu l’apprentissage qu’on ne trouve dans aucun livre  ».

"Ne pas rester dans l'ombre de mon père"

Sans pour autant réaliser le grand saut vers l’obstacle, Christopher a pris le temps. Sans faire d’un nom une identité. En restant humble, comme il aime le répéter. « De toute manière j’aurai la carrière que je mérite. Elle n’aura aucun rapport avec ce qui aura été fait par le passé. Il me reste beaucoup de travail, mais ça tombe bien, je préfère être en cuisine plutôt qu’en salle. Si je remporte ne serait-ce qu’un Groupe I, j’aurais déjà bien avancé (rires). Je  reste ambitieux et optimiste, je suis convaincu qu’à force d’abnégation et de résultats les choses se décanteront, mais pour l’heure, mon père étant toujours entraîneur, je ne me permettrai jamais d’aller vers ses contacts pour essayer de récupérer des pensionnaires. Donc je poursuis avec mon propre portefeuille. Je profite de ma jeunesse pour coacher par exemple de nouveaux clients », insiste un entraîneur sous le charme des Aigles, mais dont la structure se situe à l’écart de celle de Freddy. « Je ne veux pas rester dans son ombre, mais plutôt construire ma propre personnalité. Evidemment, comme j’ai un petit effectif, je galope parfois mes chevaux avec les siens, ce qui me permet d’avoir quelques lignes, de me faire une petite idée. Deacon peut ainsi faire quelques lots avec Call the Wind. Mon père respecte énormément mon point de vue. Il essaie de se détacher le plus possible de mon activité comme mon grand-père l’avait fait avec lui ».

Reux ou Deacon ?

Ce cher Deacon qui lui décernait à Clairefontaine un premier Quinté le 7 juillet. «  J’étais très  confiant pour la seconde épreuve, mais je l’étais du coup un peu moins en rejoignant le haut du tableau tout en gardant à l’esprit qu’avec un bon terrain et un bon numéro de corde, le fait aussi de porter moins de poids, qu’il allait bien figurer. Mais de là à gagner… Jusque-là, j’étais convaincu que Reux était notre fer de lance. Mais au final, ils se surpassent comme si l’un avait ce besoin de mettre la barre plus haut que l’autre. Au fur et à mesure on avance. Reux est un élément que j’aime beaucoup. Soumillon le connaît par cœur. Il ne nous manque plus qu’un terrain bon-léger pour être très optimiste dimanche. Finir dans les cinq, j’en suis convaincu, gagner ce serait encore mieux pour le faire monter de catégorie. Ce serait incroyable un deuxième Quinté.  J’ai aussi des deux ans tardifs dans mes boxes qui ont encore tout à démontrer ». Avec la force de frappe et de caractère de leur jeune mentor, ils ne sauraient tarder à s’illustrer.


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