Actualités
 < Voir toutes les actualités

Philippe Decouz, le meneur de jeu
Publié le VENDREDI 17 SEPTEMBRE 2021


L’information est tombée au cœur de l’été. Philippe Decouz a quitté le Centre d’entraînement de Chazey-sur-Ain pour s’installer à Chantilly. Un nouveau souffle après dix ans d’une carrière d’entraîneur rondement menée. Ce Savoyard, plutôt discret, veut désormais gravir les monts de la discipline. Avec le footballeur Antoine Griezmann et quelques clients fidèles pour compagnons de cordée, rien n’est impossible !

« Ce qui compte à mes yeux ce n’est pas de briller mais de construire quelque chose de stable pour mes propriétaires en termes de résultats, de qualité de travail et de prestations. Sans se précipiter, sinon le château de cartes s’effondre ». La phrase caractérise à elle seule Philippe Decouz. Un entraîneur qui ne cède pas à la furie médiatique. Un homme franc, discret, dont chaque mot, bien pesé, de par sa lucidité, est presque lu. Loin du strass, le mentor refuse le stress. Il s’applique tout en rigueur à chasser les démons du galop pour ériger sa carrière sur des fondations stables. Après dix ans d’activité, celui qui avait exploré la sphère hippique d’extérieur en intérieur avant de s’installer en 2011 sur le centre d’entraînement de Chazey-sur-Ain peaufine sans relâche ses plans.

"J'en fais un challenge personnel"

Certains avancent, lui court. « Sur les cinq dernières années, j’ai tenté de cibler au mieux les engagements. On travaille avec du vivant. C’est une belle école d’humilité. On se remet sans cesse en question. On essaye de faire au mieux. Mais avec les chevaux, on ne peut pas toujours avoir raison. Je savais avant de me lancer que ce ne serait pas facile. Je suis resté 6 ans à France Galop à la direction des courses, donc j’avais vraiment un œil très critique, dans le bon sens du terme, sur la profession dans son ensemble, mais aussi sur l’institution de façon globale. J’avais travaillé auparavant chez des professionnels comme Stéphane Wattel, au coeur des élevages également, donc je connaissais les méandres du métier. Mais j’en fais aussi un challenge personnel. Je suis Savoyard d’origine, j’aime beaucoup la montagne et notamment l’alpinisme, même si je le pratique de moins en moins. J’essaye toujours d’atteindre le sommet ». Des progressions souvent longues, douloureuses, à la seule force des mains et de l’esprit. Mais dans cette escalade hippique, Philippe n’oublie jamais ses camarades de cordée. « Les résultats traduisent le travail d’une équipe. C’est du capital humain auquel on additionne du capital équin. Seul, on ne parviendra jamais à dire qu’on est le meilleur, le capitaine. J’essaie simplement de reproduire ce que j’ai appris, mais avant toute chose de faire comme je le souhaitais, et ça m’a porté plutôt chance. J’ai mis du temps avant de trouver une stabilité à la fois avec mes propriétaires et avec mon personnel », poursuit ce quadragénaire que les plus grands observateurs du plat avaient rapidement vu comme l’avenir de Chazey.

Une trentaine de boxes à Chantilly

Décisif, souvent visionnaire en salle des ventes, éleveur averti, petit à petit Decouz a fait son nid dans la région lyonnaise. « J’ai élevé Go Athletico, lauréat de Groupe, au même titre que Vauban qui a gagné au niveau listed. Do Ré Mi Fa Sol, troisieme du Malleret (Grp. II) et gagnante de listed, fut une bonne pouliche achetée aux ventes, Imperiator, mon premier bon élément avait été acheté 5000 € sur le bord du ring avant de remporter le « Montenica ». Ma carrière avait débuté avec deux ou trois élèves sympas qui ont contribué à me mettre en lumière. Mais la lumière ne suffit pas pour réussir. Ce secteur exige de la constance. Il est impératif de s’installer durablement. Et c’est ça le plus dur », reconnaît Philippe Decouz. Alors, plutôt que d’attendre un coup de pouce du destin, l’Alpin a souhaité prendre les devants. Quitte à s’éloigner un peu plus du Mont-Blanc. « J’ai fermé mon antenne de Lyon le 31 juillet dernier avec un petit pincement au cœur. J’y ai quand même effectué mes débuts d’entraîneur. Comme tout début, on en garde une saveur particulière. La totalité de mon effectif est désormais à Chantilly où j’occupe une trentaine de boxes. C’est un second souffle. Un pallier. Je n’aime pas le mot « rêve », mais force est de constater qu’on rêve en permanence dans ce métier. Quand on sort d’un bon galop le matin, on peut se permettre de rêver un peu. Mais le rêve n’existe pas sans somme de travail. Il faut rêver mais garder les pieds sur terre. Pour gagner un Groupe I, croyez-moi qu’il faut un drôle de cheval. Mais je ne désespère pas, c’est un peu l’objet de mon transfert d’activité afin de pouvoir gagner en qualité. Avec Antoine Griezmann, on gère aujourd’hui une écurie aux effectifs grandissants. Il a fait des investissements, au trot comme au galop, et au bout d’un moment ça finit par payer. Le but consiste à présenter des partants dans les classiques et de monter gentiment les étapes quand les chevaux en dévoileront les capacités. Je n’entends cependant pas devenir une écurie mammouth. J’ai besoin d’être au contact des chevaux. Quand on en entraîne une centaine, c’est compliqué de tous bien les connaître. Il faut un très bon staff, une organisation en place. Je préfère cultiver une dimension humaine. On a pris nos marques sur nos nouvelles installations. Les résultats le prouvent déjà. A nous d’entretenir cette dynamique ». Avec Philippe Decouz, l’international français a, c’est une certitude, trouvé un excellent meneur de jeu. Avec un sens inné du collectif. Un partenaire à son image.

Fabrice Rougier


Mentions légales Politique de Confidentialité
En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies permettant la personnalisation des contenus, le partage sur les réseaux sociaux, la mesure d'audience et le ciblage des publicités. Votre navigateur ainsi que des outils en ligne vous offrent la possibilité de paramétrer ces cookies.