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Jérémy Koubiche et Easy des Flics à pleine vitesse
Publié le VENDREDI 19 FEVRIER 2021


Dimanche dernier, à Vincennes, Easy des Flics a tranquillement participé à la première victoire de Quinté de Jérémy Koubiche en qualité de driver. Installé comme entraîneur dans le Pas-de-Calais depuis onze ans, ce Vendéen d’origine s’appuie aujourd’hui sur un réseau de fidèles propriétaires. Dans ce métier, on le sait, le hasard n’intervient jamais dans le sens du progrès.

A 35 ans, Jérémy Koubiche a agrémenté dimanche dernier son palmarès d’un premier Quinté en qualité de driver avec Easy des Flics. Un succès qui intervient un mois seulement après celui de son pensionnaire Fly des Andiers que son frère Laurent avait joliment exposé à Vincennes dans une autre course-événement. Alors, tel un bœuf-carottes, nous avons décidé de mener l’enquête au pays d’Easy des Flics. Direction le Pas-de-Calais. A quelques encablures de la Somme. Pour y rencontrer un professionnel calme, discret, très souvent remarquablement inspiré. Avec son bataillon d’une cinquantaine de trotteurs, une trentaine prête à courir et déjà seize qualifiés dans la génération des « I », Jérémy exerce dans des conditions qu’il juge pourtant « modestes » sans que cela n’altère le bon tempo imprimé par l’écurie. « J’ai une piste de 900 mètres qui monte légèrement et une ligne droite en herbe de 950 mètres. J’ai pris la suite de mon beau-père alors qu’il ne lui restait plus que deux ou trois chevaux. Auparavant, il débourrait notamment les partenaires de Jean-François Senet. Alors, ce n’est certainement pas Grosbois, mais je me suis bien adapté à cet environnement où j’ai désormais mes repères. J’ai aussi à mes côtés une bonne équipe de quatre salariés et une apprentie qui participent pleinement à la bonne marche de la maison », dévoile-t-il lors du tour du propriétaire.

"Je ne suis pas riche, je ne suis pas pauvre"

Ici, chaque génération a vu passer son fer de lance. Y compris dès le début d’une activité que Tentation Jam a vite fait prospérer. « En s’imposant à Vincennes à l’aurore de ma carrière, il y a une dizaine d’années, la jument m’a fait de la bonne publicité d’autant plus que nous l’avions élevée avec mon épouse. Si bien que nous l’avons conservée comme poulinière. Au-delà d’Easy des Flics, j’ai aussi la chance d’entraîner des sujets comme Emencourt Bléquin, stationné à l’heure actuelle chez David Bekaert pour le Meeting de Cagnes comme l’avait fait auparavant la douée Australia Zen dont le compte en banque avait dépassé les 200 000 €. Un cheval comme « Emencourt » avait beaucoup donné dans sa jeunesse à Vincennes. C’est désormais plus simple pour lui de gagner sa vie loin de Paris. Ça ne sert à rien de marcher 1’13’’ si c’est pour terminer cinquième ». L’homme manque rarement ses cibles. Avec une bonne vingtaine de victoires depuis plusieurs saisons, sa courbe de réussite ne fléchit pas. « Je suis assez constant. J’ai toujours travaillé avec de bons petits élèves, sans pour autant qu’ils deviennent des champions. Ça suffit à mon bonheur. Je ne dois d’argent à personne, je ne suis pas riche, je ne suis pas pauvre. Je suis surtout à jour dans mes factures. Je ne demande pas plus. Que ma boîte tourne normalement. Je n’attends pas d’être un grand. Si je peux le devenir tant mieux, mais ce n’est pas un objectif en soi. Ce métier n’est pas simple, c’est déjà valorisant d’avoir des représentants qui trottent et des clients qui vous font confiance depuis longtemps. Nos relations de franchise l’expliquent peut-être. Quand un trotteur court mal, je ne leur dis jamais qu’il court bien ».

Rue Jean Raffin

Le respect du cheval et du propriétaire avant tout. Un gage de sécurité. Et Easy des Flics, le chouchou des commissariats, participe à ce maintien de l’ordre. « On est quand même heureux d’avoir empoché deux Quintés depuis le début de l’année dont un lors de la réunion du Prix de France, l’une des plus belles de l’hiver. Il est cependant difficile d’analyser cette victoire. Ses adversaires étaient peut-être fatigués en fin de meeting. Easy, lui, n’a pas trop bataillé cet hiver. On a connu pas mal de déboires à l’attelage, mais il a toujours été doué dans les deux spécialités. Il a tout de même marché 1’11’’7 au monté. On le reverra le 4 mars à l’attelé avec cette fois les 6 ans sur sa route, mais une troisième ou quatrième place reste envisageable », prévient encore Jérémy dont la passion est née au pays des Chouans. « Mes parents étaient à Challans les voisins de Jean Raffin. Mon frère Laurent jouait au foot avec Eric. Ils étaient aussi dans la même classe. J’ai donc fait mes deux ans de BEPA là-bas, puis je suis parti deux saisons chez Dominique Mottier. Ensuite, à l’Afasec, je me suis retrouvé dans la même promotion que Matthieu Verva, mon meilleur ami. Son père cherchait à l’époque un jockey. Du coup je suis parti chez Philippe pour qui j’ai gagné quelques courses en apprentis. C’est aussi à ce moment-là que j’ai trouvé ma femme. Bien souvent la vie fait qu’on reste à l’endroit où l’on s’est connu. Avec mon frère, nous avons quitté jeunes le nid familial. A 15 ans on était à l’école à Paris et à 17 ans, dans ce métier, on fait souvent ses valises pour de bon. La vie est ainsi faite ». On se donne l’existence que l’on mérite. Jérémy a forgé la sienne à la force de ses poignets. Sans strass, ni paillettes, peut-être, mais avec cette conviction intacte d’avoir opéré les bons choix, pris les bons tournants. Ceux qui vous propulsent dans la ligne droite avec une longueur d’avance. 

Fabrice Rougier


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