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Paul Denis, ce jeune Président qui a séduit toute l’Assemblée
Publié le VENDREDI 22 MAI 2020


A seulement 17 ans, Paul Denis a dessiné dans le cadre de sa sixième victoire le somptueux Prix du Président de la République sur le steeple d’Auteuil. La peinture s’appelle D’Jango. Le jockey au service de Patrice Quinton répondait ainsi avec dextérité à la confiance que la famille Papot et son mentor ont toujours placée en lui. Un pari gagnant sur l’avenir de l’obstacle. 
 
Dominique Vincent et Christophe Aubert l’ont démontré. Avec  deux prénoms, on parvient à se faire un grand nom sur les obstacles. Certes, Paul Denis n’a pas encore remporté à cinq reprises le Grand Steeple-Chase de Paris, comme ont pu le réaliser ces deux jockeys de légende, mais à 17 ans bien des rêves commencent à se dessiner. Tout le monde ne gagne pas le Grand Prix du Président de la République (Grp. III) en étant jeune-jockey. La performance interpelle, invite à d’autres horizons, à aller de l’avant. Presque inconnu jusqu’alors, ayant seulement passé le poteau en vainqueur cinq fois, sans jamais se distinguer à Auteuil, le moussaillon de la Loire-Atlantique, qui a grandi à quelques encablures de l’hippodrome de la Metairie Neuve, s’est entrouvert dimanche les portes de la célébrité en s’imposant dans l’une des plus prestigieuses épreuves de la Butte Mortemart avec D’Jango, défendant les couleurs vives de l’écurie Papot. Rencontré cette semaine, Paul a néanmoins conservé la tête froide. « Finir placé c’était envisageable, mais de là à gagner… ». Fier et ravi peut-être un peu, mais lucide sûrement. Tout reste à faire, même s’il cache déjà derrière son jeune âge et une seule année de compétition un peu d’expérience. « Monsieur Quinton m’a assez vite formé sur le cross. J’en faisais déjà à poney et même si ce n’est pas comparable, cela a été très formateur. A la base, ce sont des amis de mes parents qui m’ont dit d’essayer. A 12 ans, ainsi, je remportais l’Anjou-Loire à poney. Puis j’ai commencé à monter pour mon simple plaisir chez Olivier Sauvaget. Il m’a bien appris les bases, à sauter avec de vieux chevaux. Ensuite, l’Afasec m’a permis d’intégrer l’effectif de Yannick Fouin en apprentissage. J’y suis resté deux ans tout en peaufinant ma monte dans les courses-écoles. Puis j’ai voulu voir autre chose. Comme j’avais déjà réalisé lors d’un été un stage qui m’avait beaucoup plu chez Patrice Quinton, je lui ai proposé de me prendre en apprentissage en août dernier et il a accepté. C’est une écurie où il y a vraiment une bonne ambiance. Forcément ça aide à progresser. Et au niveau de l’écurie, que ce soit pour Paris ou pour la province, on est bien servis », constate Paul.

Des réclamers au Groupe III

De là à faire le grand saut entre les petites courses à conditions dans les bleds et les Groupes à Auteuil, il y a comme une rivière des tribunes à franchir. « Au tout début, je montais D’Jango dans les courses à réclamer. Pour notre première association, on avait terminé deuxièmes. Après monsieur Quinton avait décidé d’aller sur le Grand Steeple de Fontainebleau que j’avais gagné de vingt longueurs. Comme nous étions suite à cette performance un peu barrés, on s’est dirigés sur les quintés et force est de constater qu’il a fait depuis l’arrivée de tous ces gros événements » rappelle son partenaire à qui l’entourage n’a jamais hésité à accorder sa confiance. « Je dois bien entendu remercier la famille Papot et monsieur Quinton de me l’avoir confié à ce niveau. Il aurait été logique de l’associer à un très bon jockey ». Un pari sur l’avenir. Mais ne dit-on pas qu’il ne faut pas changer une équipe qui gagne ? La fidélité et le travail ont payé. Et l’aventure ne fait peut-être que commencer, même si Paul Denis n’entend pas aller plus vite que la musique. « Je ne sais pas où D’Jango nous mènera. C’est lui qui nous le dira. Patrice Quinton a toujours construit son programme en fonction de lui. Il sait nous faire signe, entre guillemets, quand il est prêt. Il est en tout cas très bien rentré de sa course. Il n’a pas pris dur. On va donc attendre en prenant soin de lui. Après une victoire de Groupe III, le programme se resserre. Est-il vraiment capable de franchir un nouveau palier ? C’est à la piste de livrer ce verdict », poursuit le compagnon de ses après-midis.

"J'ai monté D'Jango comme d'habitude"

Car aux aurores, pas question d’y toucher… « Au travail, c’est Aude Didier qui s’en occupe. C’est son cheval depuis toujours. Entre eux, il y a beaucoup d’amour et du reste il n’y a réellement qu’elle qui peut s’entendre avec lui le matin ». Le jeune-jockey se contente donc du bonheur que son partenaire propage sur les hippodromes. Il prend son « bon mal » en patience, comme en course. « C’est vrai que j’étais un peu loin dimanche dans le parcours. Mais D’Jango est un cheval qui capitalise du moral quand il revient sur les autres. Je l’ai donc piloté comme d’habitude. On n’a rien changé à la technique. Dans le dernier tournant, j’ai vraiment senti  qu’on allait gagner car il a remis un bon coup de reins pour s’imposer au final de trois longueurs ». Après deux mois de confinement, l’arsenal de Patrice Quinton a frappé fort d’emblée. Derrière D’Jango, Fanfaron Special, son voisin de box, concluait quatrième du classique parisien. Voilà qui fleure le bon vieux temps quand Polar Rochelais faisait sien le Grand Steeple-Chase de Paris. Paul Denis avait alors 6 ans. Si les courses n’appartiennent pas à la littérature, on attend tous le prochain polar de Patrice Quinton. Paul, lui, aura sûrement voix au chapitre.
 
Fabrice Rougier


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