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Anne-Sophie Crombez : J’ai très vite pris goût au succès
Publié le VENDREDI 22 OCTOBRE 2021


En moins de trois ans d’installation, Anne-Sophie Crombez a séduit la France comme elle avait enchanté l’Angleterre lors de ses six années passées comme assistante chez Gay Kellewey. De Newmarket, l’entraîneur de galop a importé à Lamorlaye un petit accent et un savoir-faire lui ayant permis de remporter trois Quintés grâce à Baileys Blues et Roderick. Loin du fog, toujours plus proche du soleil.
 
« Dans la vie j’aime deux choses. Les chevaux et la compétition ». Nous voici plongés dans l’ambiance. Anne-Sophie Crombez est bien arrivée à Chantilly à bonne destination. Dans ce vaste territoire de paix et de bonheur qu’elle apprécie chaque matin depuis bientôt trois ans. Pourtant, en préambule, l’entraîneure originaire de Dieppe, s’était orientée vers le CSO.  Une époque révolue où son regard sur la chose hippique était encore critique. « C’est vrai que j’ai découvert sur le tard le monde des courses. J’ai aussi appris qu’il existait diverses façons d’emmener un cheval jusqu’à l’hippodrome. En provenance des sports équestres, j’avais vraiment un a priori sur cet univers. En fait, non, je m’étais bien trompée et j’y trouve à 200% mon compte. Cependant, la compétition ne passera jamais avant le respect du cheval. Si j’ai le moindre petit doute, il faut le régler avant de songer à l’aspect sportif. J’ai une super équipe en ma compagnie qui veille grain et sur qui, dans ce domaine, je peux compter », souligne Anne-Sophie, le bien-être animal au corps. Après avoir passé six ans Outre-Manche comme assistante de Gay Kelleway, après avoir parcouru le monde aussi, la technicienne de l’Oise a su extraire le meilleur de chacune de ses expériences. « Même si c’est difficile à dire, je suis convaincue qu’il reste un concentré de tous mes voyages dans ma méthode de travail. Surtout de mes années passées à Newmarket. J’avoue avoir puisé de leur savoir-faire », précise t’elle avec ce petit accent aux intonations qui nous balade entre les Champs-Elysées et Carnaby Street. Entre la piste des Aigles et les plaines du Suffolk. Mais c’est bien sous la bannière tricolore qu’Anne-Sophie s’est bâti un avenir.

Une fidèle clientèle britannique 

Forte autour d’elle d’une assemblée britannique qui lui reste fidèle depuis les débuts de son autonomie. « Une vraie relation s’est instaurée avec mes propriétaires anglais même si l’on se voit très rarement. Je pensais que la période post-covid conjuguée au Brexit me serait préjudiciable, mais au final seul un client a rapatrié ses chevaux Outre-Manche. Tous ont été extrêmement assidus. Après ces turbulences, on commence à se revoir un petit peu. J’apprécie quand ils viennent à l’écurie. J’aime leur présenter l’équipe, nos installations, j’aime nos échanges plus simplement ». Réservée et conviviale, silencieuse et pourtant expressive dès lors que la compétition fait rage, Anne-Sophie Crombez a hérité de ce flegme anglais. Impassible, certes, et paradoxalement si sensible. « J’ai commencé ce métier sans trop d’ambition. Le but était de faire ce que j’aime le matin et de réussir à en vivre. Après, il faut l’avouer, même si les débuts n’ont pas été si faciles, j’ai pris très vite goût au succès. Cette émotion que peut susciter une victoire quand on sait tout le travail que ça représente, j’ai envie de la vivre tous les jours. Mais le quotidien ne ressemble jamais à son lendemain. J’ai connu au printemps un virus à l’écurie. Ça fait très mal. J’avais arrêté tout le monde après une dizaine de contre-performances inexpliquées. Là le moral en prend un gros coup. Tout devient très vite angoissant avec cette peur continue des difficultés financières, que tout s’arrête, que les propriétaires s’en aillent. Heureusement, c’est reparti de plus belle avec au cœur de l’été trois gagnants à Deauville, dont le Quinté de Roderick ». A l’évocation d’un seul nom des étoiles scintillent dans ses yeux. Roderick… indissociable à l’écurie de Baileys Blues. A eux deux, ils cumulent trois Quintés en l’espace d’un an dont le dernier en date a été remporté par le fils de Supplicant il y a deux semaines à Chantilly. « J’étais convaincue que Baileys Blues en remporterait un second, mais pas aussi soudainement. Je pensais davantage au prochain, le 18 novembre à Fontainebleau, où il défendra du reste son titre de l’an passé. Sa course de rentrée du Touquet avait été très décevante. Je le pensais pourtant compétitif. Cela n’a pas été le cas.  Comme quoi rien n’est jamais écrit d’avance. A sa sortie suivante, il avait été gêné. Mais à Chantilly tout a été parfait du début à la fin. Il a encore progressé sur sa victoire. Il nous reste donc une petite marge. Ensuite, comme les propriétaires sont aussi les éleveurs, il sera très tentant d’aller sur une listed. Comme la forme est là, je croyais gagner dimanche dernier dans la foulée un quatrième Quinté avec Roderick. Mais quand j’ai vu sa position dans les stalles, le couperet était déjà presque tombé. Il court cela dit incroyablement bien sous 59,5 kg et avec le 14 dans les boîtes. Entraîner un bon cheval dans un petit effectif comme le mien, c’est déjà une chance, alors en avoir deux c’est juste inimaginable ».

Le rêve d'une Melbourne Cup

Se remettre constamment en question. Douter pour mieux rebondir. Une vie faite de hauts et de bas. « On se couche avec des interrogations. On se réveille avec les mêmes pensées. C’est une profession extrêmement prenante 365 jours par an. Si l’on veut connaître la réussite il faut passer par là. On ne peut pas faire ce métier en dilettante ». Dans un sommeil si peu profond, Anne-Sophie se voit surfer sur l’Océanie. « J’aimerai tant gagner une Melbourne Cup. C’est une ambiance incomparable, une délicieuse atmosphère, une fête nationale autour du galop. Mais comme je n’ai pas de stayers dans ma cour, c’est un rêve impossible. Un Groupe III ce serait déjà pas mal en fait (rires). Mais je ne me fixe pas d’échéances. Il est inutile de se mettre une pression supplémentaire. Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est que mes chevaux courent bien, que mes propriétaires soient satisfaits de mon travail et que je puisse continuer à faire prospérer mon effectif jusqu’à trente pur-sang maximum pour conserver une dimension humaine et continuer à seller mes pensionnaires les plus dociles le matin. Quand je consacre une matinée à l’observation, en bord de piste sans monter, il me manque quelque chose ». Roderick, Baileys Blues et leur bonne dizainne de camarades interviennent alors d’un regard complice pour chasser la mélancolie loin de Lamorlaye. Et ils savent s’y prendre !

Fabrice Rougier


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