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Un bon Ronan, une belle histoire
Publié le VENDREDI 23 SEPTEMBRE 2022


En vingt-sept ans, la société évolue, les technologies nous dépassent, des têtes tombent, des révélations se font jour, mais Ronan Thomas, lui, n’a pas changé. Epanoui, comblé par ce métier qui l’a fait vaincre à travers le Monde. En France, le jockey symbolise la ténacité, la persévérance, le sérieux pour s’être constitué un patrimoine de 900 succès. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Dans huit jours, l’Arc de Triomphe fera tourner toutes les têtes. Celles du public tout comme celles des jockeys. Il y a 2 ans, Ronan Thomas vivait cette expérience grandeur nature avec In Swoop, deux mois seulement après son succès dans le Derby Allemand qui devenait son premier Groupe I après deux décennies de bons et loyaux services.  « Dès lors qu’on aspire à faire ce métier, à devenir jockey, on rêve tous de vivre ces moments-là. Etre au départ est déjà une victoire en soi, mais lutter pour la gagne, qui est le graal suprême, reste un souvenir indélébile. On peut retourner le problème dans tous les sens, il n’y pas un jockey qui ne rêve pas de remporter l’Arc. C’est tellement difficile. Les grandes courses sont nombreuses à travers le Monde, l’Europe et la France, mais l’Arc il n’y en a qu’un. De surcroît avec un nombre de partants limité. On sait tous comment fonctionnent les courses, c’est l’élite donc on confie les chevaux aux meilleurs jockeys. La probabilité de croiser la route d’un cheval qui va courir l’Arc et de pouvoir le monter dans l’épreuve suprême est très mince. D’avoir pu le faire, j’en suis extrêmement honoré et j’espère revivre cette expérience avant la fin de ma carrière » confie Ronan Thomas, devancé ce jour-là d’une encolure par Sottsass. « In Swoop restera l’un des souvenirs les plus intenses de ma carrière. Malheureusement, notre succès à Hambourg est intervenu en période de cette satanée Covid et il manquait la ferveur du public allemand. La victoire n’aurait été que plus savoureuse, mais c’était très fort de passer le poteau en tête en remontant tout le peloton avec un cheval qui avait plutôt le profil d’une chance secondaire. On attendait un très bon résultat sans imaginer une seconde d’obtenir le premier rôle » poursuit-il. Si le passé renvoie à d’impensables souvenirs, l’actualité est ailleurs pour le pilote. Le 11 septembre dernier, White Platin lui permettait de célébrer, dans un silence médiatique des plus profonds, son neuf centième titre en France. La petite histoire aura voulu qu’il intervienne avec un représentant de Corine Barande-Barbe. « On peut compter en décennies notre collaboration. On se retrouve totalement avec Corine dans l’approche de la compétition. Il faut savoir laisser du temps aux chevaux sans être trop vindicatifs suite à des échecs. Elle analyse à froid, prend le temps de regarder les chevaux évoluer.  Dans ce domaine, Corine pousse les curseurs plus loin que tous ses confrères en donnant une chance à tous ses représentants. Et bien lui en prend car elle n’a pas son pareil pour faire vieillir son effectif ou déceler des pépites comme Loliwood qui s’annonce extrêmement prometteuse. C’est un réel plaisir de travailler en sa compagnie », assure Ronan dont la carrière a souvent tutoyé les plus grands.

La fidélité pour priorité

De David Smaga pour maître d’apprentissage à l’écurie Lerner qui lui accorde désormais toute sa confiance, Mathieu Boutin, Philippe Van de Poële, avec qui il a pu parcourir le Monde, Myriam Bollack, Criquette Head, Francis-Henri Graffard lui ont tour à tour permis de progresser. D’être toujours là, dans nos pelotons, vingt-sept ans après ses premières gammes au Moulin-à-Vent à Gouvieux. « J’ai été gâté par la vie et je remercie les différents acteurs, professionnels ou non, que j’ai pu rencontrer durant toutes ces années. Ils m’ont construit autant sur un plan professionnel que personnel. Je suis un homme comblé. Et ce n’est peut-être qu’un début (rires) ». Car le boulot ne manque pas. Entre les matinées qu’il produit à Maisons-Laffitte pour l’entraînement de Carlos et Yann Lerner depuis deux saisons, les lots cantiliens en compagnie des élèves de Corine Barande-Barbe et de Philippe Decouz, il faut maintenir un rythme de sprinteur. « J’ai cette passion. J’adore toujours mon job. J’essaie autant que possible de croiser la route de très bons chevaux. Et plus particulièrement, avec les années qui passent, de gagner pour des gens avec qui je collabore depuis très longtemps. Rien n'est plus excitant que de bien servir ses fidèles ». Comme lorsqu’il part au Qatar pour faire équipe avec Alban de Mieulle qui gère l’écurie d’Umm Qarn Farm. La saison démarre mi-octobre. Le départ est donc imminent. « Notre association marche très fort. J’ai la chance d’avoir rencontré un très grand professionnel, qui de plus est un homme très agréable à côtoyer. Il sait mettre ses équipes dans des conditions optimales pour tirer le meilleur des résultats. Visiblement la recette fonctionne puisque ça fait plus de vingt ans qu’il ne sort pas du Top 5 des entraîneurs au Qatar ». Aux neuf-cents françaises, il convient du reste d’ajouter 200 victoires au Qatar et une cinquantaine à travers le Monde, notamment en Arabie Saoudite où il permettait l’hiver dernier, en pleine Saudi Cup, d’offrir justement aux Qataris une première distinction en territoire ennemi. « Les relations diplomatiques entre ces deux pays sortaient d’une période glaciaire. On n’a pas attendu le dégel pour remporter deux belles victoires. J’espère réitérer cette année ». Le Moyen-Orient en perspective, Ronan Thomas ne manquera pas d’ici-là de faire fructifier son compteur français. Le millier dans le viseur. La jeunesse toujours ambitieuse.

Fabrice Rougier


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