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Michel Planard : Comme mes chevaux je suis un pur-sang
Publié le VENDREDI 25 JUIN 2021


Korydwenn Boedec, Gabriele Congiu et Antonio Orani, entouraient, mercredi à Vivaux, Michel Planard l’homme de base de leur carrière (photo Jean-Michel Tempier).

Brillant jockey jusqu’à l’âge de 50 ans, Michel Planard a ensuite pris à Marseille la succession de l’écurie de son papa. Un choix qu’il regrette parfois. Même souvent. Je n’ai jamais eu l’ambition de devenir un grand entraîneur, clame-t-il, préférant de loin participer à l’ascension des jockeys de demain.

Michel Planard a conservé son âme d’enfant. Les souvenirs d’une époque féerique et flamboyante où il montait pour les plus prestigieuses casaques alors qu’il était apprenti chez François Mathet. Jockey émérite, dans les boîtes du Critérium de Saint-Cloud (Grp. I) dès l’âge de 17 ans, vainqueur plus tard du Prix du Bois à Longchamp, puis du Prix Kergolay à Deauville pour Pierre Biancone avec Shafaraz, qu’il accompagnait du reste quelques mois plus tard dans l’Arc de Triomphe, Michel Planard avait également participé ensuite à la réussite des écuries Lellouche et Lyon. En 1985, il s’installe en Italie. Il y restera 22 ans pour y décrocher nombre de Groupes dont le St Léger Italiano, sentimentalement sa plus belle victoire, ou encore le très convoité Prix Vittorio Di Capua à Milan. Un patrimoine de plus de 900 succès. Avant de sauter dans le grand vide, selon lui, d’une carrière d’entraîneur à Calas. « J’ai stoppé mon activité de jockey à 50 ans en 2007. Cela faisait plusieurs années que mon père (Lucien, ndlr) voulait arrêter pour me passer le témoin. A cette époque, j’ai eu l’opportunité de partir pour un contrat d’un an en Arabie Saoudite. Mais j’avais déjà donné mon accord à mon père. Finalement, je suis descendu à Marseille et ce n’est pas ce que j’ai fait de mieux. Dans ma tête, je suis resté jockey. Je n’ai pas réussi à passer ce cap d’entraîneur et je ne changerai jamais. Je pense comme un jockey. Je suis constamment à cheval. Quand on est à terre, on regarde le cheval différemment. Dès que l’un de mes partenaires ne me semble pas au mieux, je le monte immédiatement pour comprendre ce qu’il a. Il y a d’abord le contact, mais surtout une question d’instinct. Au sol, je ne sais rien faire. L’adrénaline des pelotons me manque cruellement. Alors, à partir du moment où je suis en selle, j’en fais une compétition. Du reste, les gars qui travaillent à mes côtés lors des lots du matin sont toujours à la traîne. Je suis un pur-sang comme mes chevaux ».

"Jockey je rêvais, plus maintenant !"

Le mentor de Calas est catégorique. La seule vision d’une casaque le replonge dans ses heures de gloire. Même le succès de Azachop dans le Prix Louis-Brunet à Borély il y a quelques semaines ne l’invite pas à se projeter. « Ça reste sympathique de gagner un Quinté à la maison surtout pour Emile Eyvaso qui me connaît depuis mes débuts et qui fait partie de la famille. Mais je vous rassure, je ne suis pour rien dans cette histoire. Cette victoire ne m’appartient pas. C’est Eddy Hardouin qui est allé la chercher. Je lui ai simplement dit que le cheval aimait aller devant. Il s’en est très bien servi. Moi, je suis simplement là pour donner à manger à mes onze pensionnaires, leur apporter de l’amour et les entraîner comme je peux. Mon boulot s’arrête là.  Je n’ai jamais eu l’ambition de devenir un grand entraîneur. Je ne rêve pas de gagner. Pas même une course classique ! Quand je montais pour le Cheikh Mohammed, Khalid Abdullah, l’Aga Khan,… oui je rêvais. Plus maintenant. Le plaisir de me lever le matin pour retrouver mes chevaux me suffit. Je n’ai jamais eu de cracks, mais de bonnes petites valeurs de handicaps qui, pour la grande majorité, ont bien vieilli. C’est dire comme je les respecte ». Si le mentor phocéen revient inlassablement sur ses nombreuses croisades transalpines, c’est aussi en Italie, ou plutôt en Sardaigne, qu’il a dégoté quelques-uns de nos meilleurs jeunes pilotes.

La chance d'avoir la Sardaigne

Plus qu’un jockey, le sexagénaire a su se révéler comme l’un des meilleurs maîtres d’apprentissage du circuit. « J’aime par-dessus tout apporter mes connaissances aux générations futures. Assister à leurs progrès me ravit. Même s’ils manquent encore d’expérience, voire de talent, ils dévoilent toujours une particularité sur laquelle s’appuyer. Ainsi, j’ai fait venir d’Italie Gabriele Congiu, désormais au service de Jean-Pierre Gauvin. Antonio Orani, par le biais de l’Afasec de Cabriès, a aussi réalisé ses débuts chez moi et deviendra un jour je pense premier jockey de l’écurie de Jean-Claude Seroul, sans oublier Gabriele Agus, l’un des meilleurs jockeys d’obstacle en Italie, qui est resté ici 3 ans et que j’ai pour ainsi dire livré clé en main à la famille Botti puisqu’il triomphait dès son retour au pays. Mickaëlle Michel a réalisé plus d’une saison chez moi, Léna Antoniotti et Korydwenn Boedec semblent, comme elle, promises à un bel avenir. En France, bientôt, il n’y aura plus que des femmes jockeys. Elles occupent bien plus des trois-quarts des bancs de l’Afasec. Les garçons mesurent 1,80 mètre à 14 ans. En Italie, ils ont la chance d’avoir la Sardaigne. C’est un peuple d’hommes de petites tailles. Dario Vargiu, les Botti, Demuro, Dettori, Congiu sont tous de ce bout d’Italie. Ils montent sans selle très jeunes, ils font les palios, ils sont déjà imprégnés quand ils arrivent en France de cette culture cheval. Ils ont une longueur d’avance ». Michel Planard se voit quelque part au travers d’eux. De chaque jeune talent il puise son énergie. Pour ensuite retransmettre le bonheur aux autres… bien avant de penser au sien.

Fabrice Rougier


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