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Good Charlotte
Publié le VENDREDI 25 DECEMBRE 2020


Un an après de probants débuts, Charlotte Prichard est de retour à Pau cet hiver au service de David Cottin. Le meeting béarnais consommé, la petite galloise retrouvera Guillaume Macaire, l’entraîneur qui l’a révélée. Avec 47 succès cette année, la voici sur les hauteurs du top jockey. Une révélation ? Non ! Un coup de foudre sur l’obstacle français…

A la lecture du titre, les inconditionnels de pop américaine se régalent déjà. Fausse piste. Quand la musique (au sens hippique du terme) est bonne, elle peut aussi provenir du Pays de Galles. Stereophonics ? Vous n’y êtes pas encore tout à fait… Charlotte Prichard, ça ne vous dit rien ? « Charlotte Sometimes » martelait Robert Smith. On y est presque même si on lui répondra « Charlotte… always » ! Car à 24 ans, la femme jockey britannique bénéficie chez Guillaume Macaire depuis son arrivée à Royan, il y a un peu plus de trois ans, d’une incroyable « Cure » de jouvence. Et le « Boys don’t cry » prend souvent du plomb dans l’aile au passage du poteau. Si, les garçons pleurent. A quelques jours de la fin de l’exercice 2020, la néo-professionnelle talonne avec ses 47 succès James Reveley et Bertrand Lestrade dans la course à la cravache de bronze. Incroyable avec si peu d’expérience dans les bagages. « J’ai passé une grande partie de l’année à la troisième place du Top jockey, donc forcément ce serait mentir que de dire que je n’ai pas pensé à cette récompense. Cela dit, étant aujourd’hui cinquième, ça va être difficile, mais je veux y croire jusqu’au bout. C’est très rare de voir une jeune femme rivaliser avec les meilleurs en début de carrière. Mais si j’en suis là aujourd’hui, la chance y est pour beaucoup. J’ai pu côtoyer de très grands entraîneurs. Il ne faut pas oublier que je bosse pour monsieur Macaire et que j’ai la confiance de monsieur Cottin, ce sont deux des trois meilleurs entraîneurs français. Quand tu as la chance de monter pour un entraîneur du Top 10 c’est déjà exceptionnel alors là... Du reste, à l’heure actuelle, je fais le meeting de Pau pour David Cottin. Quand je me suis déplacée pour la première fois à Chantilly, le courant est très vite passé entre nous. Il mesure toute l’importance d’une décharge accordée aux femmes jockeys. C’est un visionnaire. C’est le petit jeune qui fait trembler les vieux », s’amuse-t-elle dans un Français qui n’a rien d’approximatif.

Nathalie Desoutter en conseillère

Pourtant, à son arrivée dans l’hexagone, Charlotte avait également à franchir l’obstacle de la langue. « Je ne connaissais pas un seul mot. J’ai fait un peu de français à l’école, mais j’étais tellement nulle que j’ai vite abandonné. Quand tu arrives dans un pays qui n’est pas le tien tu n’as plus le choix. Il faut le parler, mais surtout le comprendre. Et, bizarrement, tu progresses assez vite. Quand j’ai posé mes valises chez Guillaume Macaire, il y avait plein d’Anglais. C’était donc plus simple en terme d’intégration. Monsieur Macaire est un pédagogue. Ça simplifie les choses. Il aime les gens consciencieux, qui s’appliquent, qui s’investissent dans leur boulot. Il attend le meilleur, pour son écurie, pour ses chevaux. Je m’y suis immédiatement sentie à l’aise. J’ai ici pu travailler aux côtés de Nathalie Desoutter. Elle m’a toujours soutenue. Elle est sans cesse de bons conseils. C’est important d’être au contact de gens comme Nathalie. C’est une grande femme de l’obstacle. C’est aussi une grande dame de la vie. Sans parler de boulot, elle est là dès qu’intervient un problème. Je suis vraiment bien entourée. Je n’ai du reste aucune envie de retourner dans mon pays. Ma carrière, je veux la construire ici ». Décidée. Motivée. Acharnée. Chacun de ses jours est un dépaysement. Le travail n’est que loisir. Ne lui parlez pas de la rudesse d’un métier, elle lui oppose le bonheur d’être là, au plus haut niveau, dans un environnement qu’elle découvre émerveillée.

"Je veux prendre du black type"

« Royan et Cardiff c’est presque pareil. Il pleut tout autant. Seule la température est meilleure ici. Quelques degrés qui font du bien. Le mode de vie me convient. On fonctionne un peu au ralenti en France. On est moins pressé, on profite davantage de l’instant présent. Les Français sont aussi très accueillants. La gastronomie y participe bien évidemment. J’ai la chance d’être petite, ainsi je peux manger tout ce que je veux, je n’ai jamais de problèmes de poids ». Chaque matin, la petite britannique s’affaire à régler les 2 ans. Une responsabilité qui la comble. « L’écurie a un nouveau visage depuis quelques mois. Elle se reconstruit. Nous avons perdu beaucoup de vieux et bons chevaux comme Device ou Whetstone que j’ai eu le bonheur de monter avant de prendre ma licence. Il faut continuer de bosser pour être en selle l’après-midi sur les champions du matin. Faire l’arrivée dans des listed-races ou au niveau Groupe, c’est un peu l’objectif que je me suis fixé pour l’an prochain. Je veux prendre maintenant un peu de « black type » (rires) ». Fille d’un banquier et d’une secrétaire dans les hôpitaux qui possédaient quelques chevaux de concours ou de point to point, Charlotte s’est construite dans le milieu hippique à la force de ses bras. D’abord cavalière, comme l’est son frère David, lauréat de la Fegentri 2019 (la Coupe du Monde des gentlemen-riders, ndlr), elle a suivi ses conseils pour s’enraciner – définitivement assure-t-elle - en Charente-Maritime. « En venant ici, c’est un peu comme si tu partais en vacances pour le reste de ta vie ». Gainsbourg avait compris bien avant les autres : « Charlotte for ever ».
 
Fabrice Rougier


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