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Gladys des Plaines, cette Présidente qui déjoue les sondages
Publié le VENDREDI 26 JUIN 2020


De gauche à droite autour de Gladys des Plaines, Julien Coulon, Augustin Radu, Gilles Curens et Tony.

Dimanche dernier , Gladys des Plaines imprimait dans le Prix du Président de la République à Vincennes un premier Groupe I sur la carte de visite de Gilles Curens. Un moment tout aussi unique pour ses deux copropriétaires, Augustin Radu et Julien Coulon, qui misaient avant tout sur le plaisir d’être ensemble et la convivialité sans penser un instant qu’ils concentreraient un jour tous les suffrages.

 « Glagla », tel est son surnom. N’y voyez pas une once de frilosité. Bien au contraire, elle réchauffe les cœurs de son entourage. Lauréate inattendue dimanche dernier de la plus belle course au monté pour la génération des 4 ans, le Prix du Président de la République (Grp. I), Gladys des Plaines s’est élancée bien mieux qu’à son habitude en découvrant son jockey Mathieu Mottier. La suite, on la connaît tous. Le favori Guide Moi Forgan et Grâce de Faël aussi. Ses deux propriétaires en ont du reste perdu la voix plusieurs jours. Deux amis que l’activité professionnelle a rapprochés et qui, six ans plus tôt pour Augustin Radu et à peine deux ans pour Julien Coulon ne connaissaient rien du monde hippique. Du reste, quand on s’ose à appeler ce dernier monsieur le Président, il rétorque aussitôt la voix encore éraillée « Ce n’’est pas moi le Président c’est Gilles Curens, son entraîneur. Je ne suis qu’un trouffion, ministre des finances à la rigueur. Je n’en reviens toujours pas. Ces moments d’excitation, vous n’en vivez plus beaucoup dans votre quotidien. Si on prend un peu de hauteur, quels sont les épisodes d’une existence aussi enthousiasmants si ce n’est une naissance ? Quand on remporte un contrat professionnel c’est réjouissant, mais ça n’a pas la même intensité, ce quelque chose au fin fond de soi qui explose comme un feu d’artifice ».

"C’est quoi ce machin, ça ne vaut même pas un réclamer de petite province"

Le conte remonte aux ventes de Deauville en 2018. Augustin Radu, jeune et petit propriétaire dans les deux disciplines a une pulsion avec son ami Tony, un passionné depuis des décennies, quand Gladys des Plaines passe sur le ring. Avant que le marteau tombe pour l’adjuger à 22 000 €, il lève soudainement la main. L’affaire était dans le sac, Gladys devenait sa propriété. Mais si le jeune entrepreneur n’était pas peu fier de présenter son acquisition, les premiers retours d’expérience avaient de quoi tiédir l’ambiance, comme il s’en souvient. « Stéphane Rouxel l’avait qualifiée en vue de son passage aux ventes avant de la mettre au pré. Quand Gilles lui a donné son premier travail à Grosbois, elle lui a fait bien des frayeurs ayant peur des tracteurs, de tout du reste. Elle tirait dans tous les sens. On s’était déjà fait bien remonter les bretelles quand on lui avait présenté notre achat, mais après avoir participé à son premier lot du matin, Gilles nous avait dit c’est quoi ce machin, ça ne vaut même pas un réclamer de petite province. Si on la débute, on va prendre une balle entre les deux yeux. Puis, à force de boulot, elle a pris de l’assurance et c’est réellement lors de ses débuts à La Capelle avec Franck Ouvrie au sulky, plus précisément  au moment du heat, qu’elle nous a donné raison. D’ailleurs je me souviens qu’un journaliste du Parisien avait dit à Gilles, c’est à toi la petite pouliche, mais c’est une extra-terrestre ». Il ne croyait pas si bien dire. Un objet trottant bien identifié sur la piste auquel son copropriétaire Julien Coulon se retrouvait associé par le pur des hasards. « Un jour, alors que j’étais en réunion, le téléphone sonne et Augustin me dit t’es propriétaire. Je ne m’y attendais pas. On avait bien parlé d’acheter un trotteur un jour ensemble, mais c’était une vraie surprise. C’est pourquoi les histoires d’hommes sont magnifiques. Le but n’était pas d’avoir un champion, mais de passer de bons moments ensemble autour d’un repas et d’une bonne bouteille. Au lieu de placer des sous dans le CAC 40, mettre de l’argent dans un canasson c’était quand même sympa. Je me suis très vite pris au jeu et ce milieu si particulier entre euphorie et déception est quand même plutôt drôle, mais toujours dans le plus grand respect de l’animal. Cela donne envie d’être porte-parole d’un secteur trop méconnu par rapport au bonheur qu’il procure. Un bonheur de surcroît accessible. Les grands entraîneurs qui prennent les meilleurs chevaux et qui gagnent, ça crée un family business, c’est-à-dire que plus t’es dans le métier, plus tu as d’argent et plus tu peux préempter les gains sur tout le monde. Même si Augustin est bien plus au fait que moi, ce qui n’est pas compliqué, avec Gilles Curens, outsider chez les entraîneurs, on démontre que l’accès dans la cour des grands n’est pas verrouillé. En dix-huit mois, j’ai dû ramener une cinquantaine de gens qui n’avaient jamais mis les pieds sur l’hippodrome. C’est un vrai axe de com pour un sport hippique en souffrance », savoure Julien rejoint dans les propos par son compère Augustin.

Indigo des Plaines, le petit frère bien aimé

« L’un comme l’autre nous sommes de nature très modestes. La clé du succès c’est un tout. Il faut bien entendu que les planètes soient bien alignées, conserver sa modestie et garder la tête sur les épaules. Quand on réussit un tel coup, on pourrait s’empresser d’acheter deux, trois, quatre chevaux  et c’est là que vous faites couler la taule car l’équation n’est pas organique. Ça part aussi vite dans un sens que dans l’autre. Il faut garder l’équilibre entre l’émotion et l’aspect financier. Ne pas s’enflammer même si le Prix de Cornulier est à portée de rêve. Nous en sommes loin. Nous ne précipiterons rien. C’est la jument qui dira à Gilles si l’on peut y aller, mais certainement pas en janvier prochain », prévient un homme au paroxysme de l’enchantement. Avec Julien, sans s’emballer, ils ont néanmoins fait l’acquisition du petit frère de Gladys, Indigo des Plaines, qui, une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, s’est qualifié jeudi en 1’19’’7 sur l’hippodrome du Mans. « Il est d’un tempérament un peu inquiet comme sa sœur, mais ce n’est pas du tout le même gabarit. C’est Mike Tyson. C’est un joli poulain avec un  sacré moteur. Prêt à poursuivre notre belle aventure ». A ces deux propriétaires si naturels, si vrais, si simples, quelque part hors du commun, souhaitons des années « Plaines » et d’envisager plus loin qu’un quinquennat présidentiel.

Fabrice Rougier


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