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Chronologie d’un bras de fer entre syndicats et sociétés mères
Publié le JEUDI 28 AVRIL 2022


Dimanche, France Galop se voyait contraint d’annuler la réunion d’Auteuil.

Depuis la réunion de vendredi dernier entre les sociétés mères et les représentants syndicaux dans le cadre des Négociations Annuelles Obligatoires, un vrai bras de fer a duré toute la semaine avec les conséquences qu’on devine sur la filière. La lutte syndicale a porté ses fruits, notamment au galop, où tout semble rentré dans l’ordre. A contrario Le Trot se veut inflexible. Nous avons suivi jour après jour Pierre Bellaiche, président du Syndicat Hippique. Entre colère et victoire, apaisement et défaite.
 
Vendredi 22 avril : Les syndicats et les représentants de la filière Trot et Galop se réunissent dans le cadre de la Négociation Annuelle Obligatoire (NAO). Face à une revalorisation de leurs salaires en berne depuis six ans, qui subit de plein fouet l’effet ciseau de l’inflation, près de trois cents salariés des sites hippodromes ont perdu 6% de pouvoir d’achat. Du côté de l’institution, une augmentation de 2% est alors évoquée. Une proposition jugée indécente par l’intersyndicale (CGT, FO, CAT, Sud, CFE-CGC) « tant elle est synonyme d’un véritable dédain des salariés ».

Dimanche 24 avril : Coup de tonnerre sur Auteuil. Un mouvement de grève contraint France Galop à annuler la réunion au sortir de nouvelles discussions stériles dans la matinée entre les deux parties sur l’hippodrome. Informée d’un préavis de grève 48 heures au préalable, pourquoi la haute instance du galop a-t-elle laissé mûrir l’abcès sans réagir au point de reporter historiquement les courses sous la foudre de son personnel ? La question mérite débat. Dans la foulée, par voie de communiqué, Le Trot officialise le transfert à huis clos des réunions de 26 et 29 avril de Vincennes à Mauquenchy.  Une pilule amère pour des syndicats qui ne parviennent toujours pas à digérer l’annonce. « Entraver le droit de grève, comme l’a fait monsieur Barjon, est-ce constitutionnel ? Puisqu’il en est ainsi, les avocats trancheront. Cette délocalisation qui démontre un comportement outrancier et inacceptable contredit sa soi-disant volonté d’apaisement et de négociation. Barjon prend ici des décisions d’une gravité absolue et s’installe dans l’ignominie. Le Président du Trot empêche les turfistes d’assister aux courses pour mieux combattre ses salariés dans leurs revendications. C’est honteux ! », peste Pierre Bellaiche, président du syndicat hippique.
 
Mercredi 27 avril à 10h : Nouveau rebondissement dans « l’affaire des NAO » avec un ultime face à face entre les Directions des Ressources Humaines des sociétés-mères et les représentants du personnel. « On est rentrés à 10h en réunion et très vite on nous parle d’un effort pour passer de 2 à 2,5% » lâche Pierre. Au grand dam de tous les syndicats la NAO est bouclée et définitive. Mais… voilà que Le Trot et France Galop s’accordent à faire un geste supplémentaire, chacun de leur côté, en poursuivant les négociations par disciplines. Une démarche qui ne convainc pas à cet instant Pierre Bellaiche. « Tout cela est pitoyable. Ils ont créé un différentiel pour des avancées spécifiques. Diviser, c’est mieux régner tout le monde le sait. A propos de règne, il serait peut-être temps de lancer un avis de recherche. Qu’est devenu monsieur Rothschild, dont nous n’avons plus aucun signe de vie depuis le début du conflit ? ». Cependant tout s’enchaîne très vite et France Galop ouvre le bal dès le début de l’après-midi, alors que Le Trot appelle à poursuivre le débat dès le lendemain.

Mercredi 27 avril à 17h : Siège de France Galop. Pour la première fois du conflit le sourire s’affiche sur les visages des syndicalistes. « Nous nous sommes bien battus », se félicite Pierre à moitié soulagé. La lutte a payé. De la Société mère, l’intersyndicale ressort avec une augmentation de 2,5% dans le cadre de la NAO, mais aussi 1% supplémentaire pris à la charge de France Galop, soit 3,5% sur le salaire de base, y compris l’augmentation de l’ancienneté, de la prime vacances et du 13ème mois ; une prime d’intéressement doublée passant de 724€ à 1428€ ; l’octroi de la prime Macron lors de la sortie du décret ; une révision si l’inflation est débordante avec promesse de compensation ; une journée de grève payée à tout le personnel ; une renégociation de la grille des salaires les 13 et 20 juin prochains en tenant compte du métier, de l’ancienneté et la revalorisation des bas salaires du fait de l’augmentation de 2,65% du SMIC. Unanimes, les syndicats se réjouissent d’avoir abouti à un consensus, mais ne paradent pas sachant qu’il faut garder des forces pour affronter les « trotteurs » dès le lendemain matin. « Et ce sera une autre paire de manche », prévient-on du côté de FO et Autonome.  

Jeudi 28 avril à 13 h : Au terme de trois heures de discussions, Le Trot n’a pas su séduire son auditoire. Outre les 2,5% d’augmentation conclus dans le cadre de la NAO, il a été proposé une prime brute de 950€. « C’est indécent et inacceptable. Barjon, méprisant, a bloqué toute discussion mais il ne perd rien pour attendre », avertit Pierre Bellaiche à la sortie de ses camarades. La fin du match est sifflée. Mais l’on peut craindre des prolongations si l’on en croît l’intersyndicale. « Il y aura une contre-offensive sans savoir où, quand et comment ». Arrêt des négociations pour Le Trot.  Mais certainement pas le début de la tranquillité.

Epilogue : Après des heures et des heures d’échanges, si la NAO, en tant que telle, n’excèdera pas, pour tous, les 2,5%, les syndicats semblent satisfaits des efforts consentis à son issue par France Galop et assurent suspendre le mouvement de grève sur les hippodromes parisiens. Concernant les salariés de Le Trot, faute de réponses audibles à leurs revendications, la colère reste intacte. A Vincennes, la hache de guerre n’est certainement pas enterrée. Pierre, fâché, n’en perd pas pour autant son humour : « Le trotteur va beaucoup moins vite que le galopeur, c’est ainsi ».

Fabrice Rougier


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