Voilà un an et demi que Flavie Bresson figure sur les programmes en sa fonctions d’entraîneur. Une entrée remarquée en propulsant Excelsior au niveau Groupe et en installant confortablement Everillo dans la catégorie des gros handicaps. Presque improbable avec une petite poignée de pur-sang aptes à courir. En piste pour Lamorlaye afin d’en apprendre davantage sur la jeune professionnelle.

Bresson. Un patronyme qui ne laisse pas indifférent. Valanchine, Land of Freedom, plus proches de nous, Whim et Palpitator, tous deux gagnants de listed, sont tous passés par les box de Lamorlaye. Une liste loin d’être exhaustive. On pourrait presque en écrire autant de lignes que notre confrère en a couchées en trente ans dans les colonnes du Figaro. Mais si l’on s’abstient de son prénom (Christian pour les plus nostalgiques) c’est qu’une nouvelle étape a été franchie. Adieu plume, harnais et œillères. L’homme a tiré sa révérence, tandis qu’apparaissait dans la colonne des entraîneurs en 2021 Flavie. Poids « plume » à l’article d’une carrière. Bien plus téméraire encore que son permis d’entraîner de père dont l’effectif n’a que très rarement dépassé les deux représentants. Bien plus intrépide. Au point de reprendre seule le flambeau de la petite écurie familiale. C’est dire ! Le lieu reste inchangé. Les chevaux ont conservé leur place aux premières loges face aux pistes des Aigles tout en jouxtant la propriété familiale. Préservés et adulés. Seulement, Flavie veut vivre ses rêves en grand. S’épanouir tout en développant à taille humaine la structure, profiter de l’élevage maison que sublime en ces temps l’étalon Motivator, notamment avec la poulinière maison Féérie Stallaire, et briguer les Groupe à l’instar d’un Britannique. Avec Excelsior, elle ne pouvait en tout cas espérer meilleure introduction. « C’est génial, dès le début, d’avoir un cheval de ce niveau qui permet de se projeter. Il m’a donné mon premier gagnant et m’abonde d’espoir pour la suite de sa carrière en espérant l’avoir un jour black type. La semaine passée, il a évolué sur une piste un peu collante, un peu particulière à Deauville. D’autre part, il n’a pas eu un déroulement de course favorable. Olivier Peslier ne l’a pas senti avoir toutes ses aises, alors il l’a respecté. Excelsior est bien rentré. Je vais le recourir une dernière fois cette année au niveau listed-race ou dans une Classe 1. Il est possible qu’il revienne aussi corde à gauche. Ce sont autant de facteurs qui expliquent sa contre-performance ». Excelsior, mais aussi Everillo, deuxième de Quinté, qui restera au repos tout l’hiver en vue de sa castration. Pour mieux refleurir au printemps.

Une expérience puisée Outre-Manche

Des résultats spectaculaires car comme le rappelle Flavie Bresson « je n’ai qu’entre huit et dix chevaux. Trois d’entre eux ont uniquement couru cette année. Je dispose de plusieurs 2 ans inédits qui découvriront la compétition cet hiver. On bâtit surtout l’avenir. Quand j’ai démarré mon activité, seul Palpitor se rendait à l’hippodrome. Il était du reste toujours à l’arrivée. Jusqu’à sa dernière course en avril à Chantilly où il nous a fait comprendre qu’il était temps pour lui de passer à autre chose. J’avais en parallèle beaucoup de poulains à former. Excelsior et Maestrante n’ont débuté qu’à 3 ans, seul Everillo avait pu faire quelques courses à 2 ans. Je me suis armée de patience. Elle a été concluante ». Avec du temps et de la patience on vient à bout de tout dit-on. Faut-il encore être bien entouré. Trouver les bons ingrédients. Et avoir la carapace aussi dure qu’un miler de Newmarket. « J’ai à mes côtés deux bonnes cavalières, très légères, à savoir Aurore Rivault, qui a passé près de dix ans chez monsieur Fabre, et Marina David, transfuge de chez monsieur Graffard, avec qui on réalise un vrai travail d’équipe dans la confiance. On sort chaque jour les chevaux au maximum que ce soit au marcheur, au paddock ou pour les monter le matin. Et surtout on s’applique à faire au mieux en prenant le temps, en pesant chaque décision dès lors qu’on les reçoit du débourrage et du pré-entraînement réalisés par Hervé Leportier dans la région dieppoise. On lui adresse aussi nos élèves au repos. Je suis très satisfaite de notre collaboration. Quand on récupère nos bébés, ils ont une bonne bouche, ils sont bien mis, maniables, bien droits, c’est tout un ensemble, un travail collégial avant de les lancer dans le grand bain », explique la jeune professionnelle issue de l’équitation classique. « J’ai participé à beaucoup de concours dans ma jeunesse. Quand papa a eu son permis d’entraîner j’ai passé ma licence de cavalière. Mais je n’ai monté en course qu’à quatre reprises. Sans prétention, certes, mais j’en tire une bonne expérience. Tout de suite après je suis partie à l’étranger pour en apprendre davantage sur les courses en général et sur le métier d’entraîneur en particulier. J’ai fait Newmarket chez William Jarvis, puis j’ai passé une saison en Irlande chez Willie Mullins (huit Groupe I à Auteuil, ndlr) avant de rejoindre durant deux ans Joseph O’Brien (vainqueur du Prix Ganay et du Saint-Alary cette année). J’ai très vite compris qu’il n’y avait rien de plus passionnant que l’éducation et la valorisation d’un cheval. A mon retour papa m’a soutenue dans mes choix, dans mes perspectives. Il m’a légué sa passion avec pour valeurs de base le respect et le travail. Comme ça commence plutôt pas mal pour moi, même s’il s’est détaché de mon activité, il demeure très heureux. Mais je reste consciente qu’il ne faudra jamais lâcher le morceau » promet Flavie. A écouter des heures entières la jeune professionnelle évoquer son amour pour le pur-sang, on peut lui faire confiance.  

Fabrice Rougier