Il n’y a vraiment plus aucun respect sur la piste de Cabourg. Filou du Chardet et Fillette Del Green, les deux seuls 6 ans au départ du Prix Bruno-Coquatrix, ont dominé vendredi soir de la tête et des épaules leurs aînés dont le favori Emoi Spécial qui visait une sixième victoire consécutive. Convaincant vainqueur sans opposition le 8 août à Saint-Malo, l’élève et propriété de Philippe Daugeard n’avait qu’à répéter cette valeur pour poursuivre son ascension vers d’autres sommets. Il l’a brillamment opéré dès l’avant dernier virage cabourgeais pour sortir l’animateur Emoi Spécial de son confort. Le coup d’assommoir intervenait dès l’entrée de la ligne droite. A partir de là, plus personne ne contestera sa victoire même si la charmante et régulière Fillette del Green fournissait encore une drôle de fin de course pour couronner Charley Hesloin de l’accessit d’honneur. Des Sabots d’Or et Chouan du Hour poussaient Emoi Spécial à un cinquième rang qu’il conservait d’un rien sous la double attaque de Cador de Babel et de Etat Civil. Un triplé à Arras, la victoire du frère utérin de « Filou », Guignol de Chardet ces derniers jours à Dozulé,… tout roule pour Philippe Daugeard et pour son éleveur, Lynda Daugeard, sans qui les « Chardet » n’existeraient pas. A eux deux, les frérots ont tout de même capitalisé huit succès depuis le début de l’année. Pas mal pour un Filou et un Guignol !

Ce samedi 14 août lance officiellement le meeting de Divonne-les-Bains. Sept réunions en moins de deux semaines réservées aux trotteurs. Une affaire de spécialistes qui viennent et reviennent chaque année sur les bords du Léman pour conjuguer courses et vacances. Pourtant, dans l’Ain, la société des courses doit séduire plus qu’ailleurs pour conserver ce joyau au pied des monts du Jura.

Vous avez une carte postale de Gilles Bernard, président de la société des courses de Divonne-les-Bains : « Bienvenue chez nous dans un cadre exceptionnel entre lacs et montagnes, au pied des monts du Jura. Avec au premier plan, le petit lac de Divonne mais surtout le grand Léman situé à vol d’oiseau à 5 kilomètres ». Le décor est planté. Paradisiaque. Idéal pour les vacances. Voilà comment depuis des années cette petite commune de l’Ain, frontalière avec la Suisse, a réussi à séduire de nombreux socio-professionnels pour devenir un lieu de pèlerinage. « Beaucoup se sont approprié cet hippodrome en se disant que c’est à la fois leur meeting et leur respiration de l’année. Travailler tout en soufflant, c’est un peu le but recherché. Quand j’ai repris la présidence il y a 6 ou 7 ans c’était un peu la pagaille. On a remis de l’ordre depuis. Aujourd’hui, on se prépare vraiment à réussir un grand Meeting. Je peux déjà vous assurer qu’on fera le plein. On a du reste battu tous les records de réservations. On a l’assurance d’accueillir 220 trotteurs sur le site dépendant de quarante entraînements. J’ai même une très longue liste d’attente en cas de désistement. Je ne suis pas un adepte des réunions à rallonges, ce qui fait du reste grogner les professionnels. Je persiste à penser, même si ce n’est qu’un avis, qu’on finit par lasser le public avec neuf courses au programme. Mais devant le nombre d’engagés, s’il faut dédoubler une ou deux réunions, on le fera uniquement pour le plaisir de ceux qui chaque année nous accordent leur confiance », reprend un responsable divonnais constamment en recherche de remèdes pour faire revivre à sa structure ses clichés d’antan.

Moins de curistes, moins de turfistes

« On avait des touristes sur l’hippodrome quand Divonne hébergeait de nombreux curistes. A partir du moment où les cures ne sont plus remboursées ou très mal, la population décroît. Nous avons conservé un matelas de Jurassiens fidèles, de Savoyards aussi, notamment les fanatiques d’Aix-les-Bains dont le Meeting passe le relais au nôtre. Les deux tiers de notre fréquentation proviennent de la région. En semaine, nos réunions PMH attirent entre 400 et 600 personnes. Les gros dimanches, comme celui du 22 août auquel on vous convie, on peut dépasser les 1000 entrées. Au-delà de mes fonctions de président, je suis commissaire à Lyon. Quand vous faites 50 entrées payantes sur un hippodrome aussi magnifique que celui de Parilly, vous en arrivez à vous demander si l’on n’a pas manqué un virage, si l’on ne s’est pas endormi sur nos lauriers. On n’a pas réussi à moderniser notre image. Les courses doivent se régénérer. Leur réussite ne passe pas par les animations qui les encadrent. Avec les animations, vous emmenez du monde sur le champ de courses, mais vous ne fidélisez pas. Les gens viennent en famille car ils savent qu’ils vont trouver un manège pour les gamins. Mais ils ne jouent pas ou très peu. Donc ça ronronne. Je sais la tâche compliquée ». A son humble niveau, Divonne veut séduire, croire tout simplement en son avenir alors qu’une menace de fermeture pesait encore sur lui il y a deux ans. Oui mais voilà, « depuis deux ans on a présenté des résultats assez exceptionnels. L’an passé, on a même affiché une progression de 20% en termes d’enjeux nationaux. De quoi tordre le cou aux rumeurs. Si l’on veut supprimer Divonne, il faut s’attendre à un tollé des professionnels pour les raisons que nous évoquions, donc je me rassure en me disant qu’ils ne vont pas oser. Nous résisterons ! Je lance à ce propos un appel au PMU pour qu’il ne nous supprime pas nos trois réunions PMU. Sans elles, notre sort serait scellé », lâche Gilles Bernard sous forme de SOS.

Bientôt Hippodrome du Grand Genève-Divonne-les-Bains

Non sans en oublier son dynamisme pour prendre ses détracteurs à contre-pied. « Sous mon impulsion, et en plein accord avec la mairie, a été créé à Divonne une société de services pour gérer l’hippodrome. Nous possédons quatre salariés à plein temps. Les seuls bénévoles sont le Président et les six membres du bureau. Ici tout est très cher, nous sommes sous l’influence de Genève. Ce qui ne donne à personne l’envie de travailler gratuitement. Nous ne sommes pas dans un bassin, à l’inverse de l’autre hippodrome de l’Ain à Chatillon-sur-Chalaronne, pouvant s’appuyer sur une population hyper rurale avec de gens disponibles. Pour eux l’hippodrome est un loisir et devient une fête les jours de réunions. Chez nous, les gens préfèrent jouer au golf. C’est malheureusement historique. En partenariat avec la municipalité et la communauté d’agglomération du Pays de Gex, l’hippodrome de Divonne va prochainement changer de nom, après avoir réuni son conseil d’administration, pour être rebaptisé Hippodrome du Grand Genève-Divonne-les-Bains. Cela signifie qu’on a obtenu le label du Grand Genève pour se développer et surtout conserver notre patrimoine. Croyez-moi qu’on se bat. On fait tous les efforts. Financièrement, ce projet n’est pas réellement acté, mais rapidement après les réunions avec les instances, on va pouvoir le mettre en place » nous apprend le maître des lieux. La Suisse n’est après tout qu’à 150 mètres et ses sponsors ne s’engageront pas pour un simple rafistolage. Divonne, et c’est tant mieux, peut dès lors se concentrer sur son Meeting sans peur du lendemain.
 

Hippodrome de Divonne-les-Bains (route du lac) :
Meeting de trot : Samedi 14/08 à 14h ; mardi 17/08 à 14h ; vendredi 20/08 à 14h ; dimanche 22/08 à 14h ; mardi 24/08 à 11h30 ; jeudi 26/08 à 14h ; vendredi 27/08 à 13h30. Réunions au galop les 05/09 à 14h (journée des enfants et hippodrome en fête) et le 19/09 à 14h. Restauration sur place. Entrée libre (sur présentation d’un pass sanitaire).  

Sept concurrents issus de l’élevage français face à sept adversaires européens, la parité était respectée jeudi dans le le Prix de la Haute-Saône à Enghien. Mais on n’assimilera jamais les courses à un sport d’équipe. Alors, pas question de se faire de cadeaux ou même de se tutoyer entre Kaptah et Vicki Laksmy qui pénétraient à la lutte dans la ligne droite. Mais ces européens, respectivement arrivés dans les boxes de Jean-Michel Bazire et de Fabrice Souloy, restaient aphones quand les attentistes levaient la voix. Cargo Door pensait alors être arrivé à bon port sur une simple accélération, mais Rocky Tilly et Matthieu Abrivard, d’un seul uppercut, déchaînaient les travées de Soisy. De nos frenchies, seul El Paso d’Occagnes arrachait brillamment un accessit au terme d’un splendide ultime hectomètre. L’élève de Gilles Curens, bien luné, reléguait Vicki Laksmy au pied du podium devant Payet qui réussit un bon début championnat de France. Rocky Tilly a donc enlevé son premier Quinté à l’occasion de sa troisième tentative. Ses deux essais vichyssois s’étaient soldés par autant de disqualifications. Quand on trotte d’un bout à l’autre du parcours tout vous parait parfois plus simple.

Avec les estimés Goût Baroque et Enzo d’Essarts en tête, les fidèles du circuit comme Crack Money, avec son maillot jaune, Deganawidah, de tous les rendez-vous, et Fire Cracker, un vrai challenger, sans oublier la classique Flèche de Yucca, la championne au monté Etoile de Bruyère, le millionnaire Bugsy Malone, avec pour cerise sur Saint-Malo le grand retour du champion Cleangame, l’hippodrome de la Côte d’Emeraude sortait la tenue de gala pour une neuvième joute du GNT qui allait s’avérer pleine de rebondissements.. Mais le roi de la province a encore frappé. Bugsy Malone inscrivait au carrefour de la Bretagne et de la Normandie une trente-cinquième victoire à son palmarès en soixante-dix-huit productions. Le pensionnaire de Philippe Allaire est tout bonnement un phénomène qu’importe le profil et la distance. Il peut même rendre 25 mètres, comme ce fut le cas ce mercredi, à des sujets comme Flèche de Yucca qui lui a donné du fil à retordre tout au long de la ligne droite avant de se désunir sous l’effort aux abords du poteau. Goût Baroque aurait pu donner chaud à l’associé de David Thomain si Alexandre Abrivard n’avait pas été contraint de le reprendre au bout de la ligne d’en face piégé derrière un Crack Money sans ressources. Enzo d’Essarts et Eire d’Hélios profitaient de leur avance initiale pour se classer troisième et quatrième devant Deganawidah récompensé pour sa fidélité au circuit. Quant au favori Fire Cracker, il avait rejoint la colonne des disqualifiés au moment où le futur lauréat décantait l’épreuve. Aucun bled, décidément, ne résiste à Bugsy Malone. Après Alençon, Agen, Caen, Angers, et Vichy sur la dernière année, c’est désormais à Saint-Malo qu’il n’aura trouvé aucun rempart.   

Sympathique pouliche qui se donne sans compter, Gladys Senora gardait encore un goût amer du Quinté du 22 juillet à ParisLongchamp. Ce jour-là, la pensionnaire de Yann Barberot n’avait jeté l’éponge que sur le poteau, assommée sur un coup de « tête » de Golden Rajsa, laissant bien des regrets à son irréprochable jockey Pauline Cheyer, si proche d’un premier Quinté. Lundi, dans le Prix du Journal Le Veinard, une nouvelle chance s’offrait à elle afin de récompenser sa fidélité à l’arrivée. Face à ses aînés, mais aussi face aux mâles cette fois. Pas de quoi inquiéter les turfistes qui lui accordaient leur entière confiance au betting. Bien leur en a pris. Montée à l’économie – et à la perfection -, calée bien au chaud dans le sillage des leaders et sans connaître de perturbations de trafic, contrairement à nombre de ses adversaires, la protégée de l’écurie du Haras de Senora a attendu que son partenaire ouvre les mains pour cueillir sans sourciller le premier Quinté de sa carrière, un jour bien choisi dans cet écrin de Clairefontaine. Saam (mais c’est Léa Bails qui conduisait) finissait fort en pleine piste devant Kourkar. Gipsy Jet Set, dont la valeur incite désormais à la méfiance, partageait suite à l’indécision des officiels, la quatrième place avec Totem. Tout comme son frère utérin, le doué Goya Senora, placé de Groupe, Gladys peut se mettre à rêver sous les yeux d’une Nina Senora pas peu fière de ses rejetons.