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Stéphane Pasquier : Dimanche il n’y aura pas de place pour les faibles
Publié le VENDREDI 02 OCTOBRE 2020


A quelques heures du Grand Prix de l’Arc de Triomphe, le jockey cantilien Stéphane Pasquier paraît serein alors qu’il tentera avec Gold Trip, pour l’entraînement de Fabrice Chappet, de remporter cette épreuve magique pour la seconde fois. Il reconnaît cependant qu’avec des adversaires comme Enable, Serpentine et Stradivarius la partie ne s’annonce pas facile. Pourtant, tous les turfistes vous préviendront : impossible n’est pas Pasquier !

Pour son taux de réussite dans les événements, on le surnomme « Monsieur Quinté ». Réducteur me direz-vous ! Et vous avez raison. A 42 ans, Stéphane Pasquier intègre le cercle très restreint des jockeys qui ont tout gagné. Ou presque. Une Breeders Cup aux States, les 1000 Guinées et son miroir français (la Poule d’essai des pouliches) avec Special Duty, différents Groupe I en Angleterre, les Canadian Stakes, le Gran Criterium italien, le Diane, le Jockey-Club, l’Arc de Triomphe - nous y reviendrons - et dix-huit autres épreuves classiques dans l’hexagone, sans oublier la très convoitée cravache d’or, la notoriété du cavalier de Chantilly a depuis bien longtemps dépassé les contours de la piste des Aigles. Pourtant, rien n’a vraiment changé. Stéphane a su rester Stéphane. Pasquier restera toujours Pasquier. Ce jeune homme que les grandes maisons continuent à s’arracher. Et l’on ne cherche plus pourquoi depuis des lustres. A force de dépoussiérer les balances, de succès en succès, de remerciements en ovations, le voilà depuis le 23 septembre à la tête d’un patrimoine de 2000 titres. Ce jour-là, au Val d’or, Calculating lui permettait de dédier un énième gagnant à la prestigieuse casaque Niarchos. Et oui, il est comme ça Sir Pasquier comme on dit à Newmarket. Cordial. Tout en fidélité. « Je reconnais que c’est plutôt bien vu, en sourit-il. D’ailleurs, la millième avait été obtenue pour le Prince Abdullah quand j’étais sous contrat chez lui. C’est toujours un immense honneur de travailler pour des gens comme ça. C’est une fierté personnelle d’honorer les couleurs de ceux qui m’ont accordé leur confiance et c’est peut-être ce qui fait que je me transcende un peu plus que de nature. De toute heure, même dans la difficulté, j’ai toujours plaisir à me battre pour moi, mais aussi pour les gens qui m’entourent. C’est  ma marque de fabrique. Je suis un battant.  Je ne lâche jamais rien. Même quand je ne sais pas faire quelque chose, je continue à en manger pour apprendre, pour devenir encore meilleur ».

La confiance éternelle des plus grands

Son âge, il en fait une valeur ajoutée. Vingt-quatre ans après ses débuts, quand il intègre le rond de présentation, on revoit ce minot qui s’était affirmé très tôt chez Robert Collet, son maître d’apprentissage. Le compteur des années semble s’être arrêté comme la balance. Le poids plume a pris de l’envergure tout en restant dans la catégorie des légers. « Je suis assez veinard, je n’ai jamais trop connu de problèmes de poids, donc je n’ai pas de sacrifices à faire de ce point de vue comparativement à d’autres collègues. Depuis tout ce temps, je connais parfaitement mon corps et je sais quand je dois m’arrêter ou continuer. Aujourd’hui, les propriétaires ont tendance à privilégier l’expérience et la notoriété à la jeunesse. Ça coûte tellement cher de nos jours d’avoir des chevaux... ». Daniel Wildenstein, l’Aga Khan, Khalid Abdullah,… tous les grands couturiers des courses lui ont fait appel. Avoir « Pasquito » de son côté est un luxe. Une mode qui résiste aux générations. L’assurance d’être dans le vent et paradoxalement de sortir indemne de bien des tempêtes. Y compris des plus médiatiques comme ce doux cyclone de l’Arc de Triomphe qui, l’automne venu, donne au Monde entier depuis un siècle ses plus délicieux frissons. Dimanche, 14 ans après son sacre avec Rail Link, notre frenchy tentera de hisser dans le ciel de ParisLongchamp les couleurs de l’écurie Jean-Louis Bouchard et l’entraînement de Fabrice Chappet. Gold Trip sera à 3 ans du voyage. De là à crier sur tous les toits qu’il se présentera comme la meilleure chance française au départ de la belle tricolore, il y a un pas que le jockey ne franchira pas. « C’est difficile à dire même si c’est un cheval que j’apprécie beaucoup, qui a énormément de moyens. Il possède un très bon mental et un équilibre parfait. Il n’y a pas vraiment de comparaisons à faire avec Rail Link à part peut-être en terme de sérénité. Il a cette faculté à être très calme avant, pendant et après la course. Nous nous présenterons en position d’outsider donc je vais monter pour mon cheval et essayer de le faire finir du mieux possible. Terminer dans les cinq premiers serait fantastique ». Il est vrai que cet épisode sort un peu du commun.

« On est sur une autre planète »

Avec Enable, qui court après une troisième victoire qui serait historique, et plusieurs challengers il faudra jouer des coudes pour monter sur le podium. « Ça va être une course magnifique avec Enable, bien sûr, mais également Serpentine, et l’on peut même ajouter Stradivarius. Beaucoup de chevaux sortent du commun. La course sera très britannique, il faut s’attendre à aller très vite. Cette année, il n’y aura pas de place pour les faibles », résume Stéphane. Avec de surcroît cette inconnue de voyager en terrain pénible. « Les pluies qui tombent sur Paris vont changer la donne.  Gold Trip a couru une fois dans le terrain lourd et ça ne s’est pas très bien passé. C’était cependant dans son année de 2 ans et sur le mile. Il a pris depuis beaucoup de force, même s’il reste un peu immature par rapport à des adversaires comme Enable. Cependant Rail Link, comme Trêve et Enable plus tard l’ont gagné à 3 ans. C’est tout de même plus facile quand on ne porte que 56,5 kg », rappelle le jockey dont les souvenirs du passé ressurgissent forcément. «  Gagner un Arc c’est quelque chose qui marque toute une vie de sportif de haut niveau. Ça en revient à soulever une Coupe du Monde. Ce sont des instants à savourer à 200%. Ce qu’il me reste à l’esprit, c’est qu’une fois  le poteau franchi, il y a une fraction de secondes où l’on n’est pas certain d’avoir gagné. On bascule dans des sphères hallucinantes.  C’est le cheval qui m’a transporté, je ne me souvenais plus de rien.  On est sur une autre planète. Comme il s’agit de la plus Grande course au Monde et qu’elle est française, on a tendance à dire que c’est le rêve de tout gamin, mais chaque gagnant a une saveur particulière. J’étais très content de m’imposer dans  la Breeders Cup pour la famille Niarchos, tout comme avec la pouliche Senga avec laquelle j’avais annoncé un an à l’avance que j’allais gagner le Prix de Diane ». Mais, souvent, comme il le rappelle, les choses les plus simples sont les plus authentiques. «  Mon père me disait toujours, si tu choisis un métier que tu aimes faire, tu ne travailleras jamais de ta vie. Il avait raison. Je ne me lève jamais en me disant que je vais bosser. Parce que j’aime ça, que tout me semble désormais super facile ». La vie n’est belle que pour ceux qui la croquent à pleines dents. Stéphane, lui, a conservé un gargantuesque appétit. Ça tombe bien, le menu de dimanche est des plus copieux. 
 
Fabrice Rougier


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