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Perrine Cheyer dans la grandeur de ses rêves
Publié le VENDREDI 04 FEVRIER 2022


Sa rigueur, sa disponibilité, son bien-être qui vous irradie suffiraient presque à sortir Perrine Cheyer du peloton. A 23 ans, la jockey originaire de Maisons-Laffitte, désormais au service de Carlos Laffon-Parias, s’est parfaitement fondue dans le paysage cantilien, là où la concurrence est la plus féroce. Tout comme à Cagnes-sur-Mer du reste, théâtre azur à ciel ouvert de ses escapades hivernales.

Impossible de trouver plus rigoureuse. Plus combative. Plus souriante aussi. Perrine Cheyer, 23 ans, croque sa jeunesse à pleines dents. Elle accomplit un rêve de gosse. Aborde ce que jadis son père, Franck Cheyer, a vécu. Sans regret, quitte à mettre ses études de langues dans sa poche.  Un choix qu’elle a formulé seule, le cheval de son enfance prenant finalement le pas sur les partiels. « Depuis toute petite, je voulais devenir jockey. Mes parents, et je les en remercie, ont voulu que j’aille à l’université. J’ai donc parallèlement débuté en amateurs. Cela m’a permis pendant les vacances d’aller un peu à droite et à gauche. Je voulais tout observer dans le but de progresser. J’ai ainsi pu faire de nombreux stages, dans des écuries renommées comme celles de madame Fabre, de messieurs Cherel et Fouin. J’ai découvert différentes facettes du métier, plusieurs façons d’entraîner et j’ai conservé le meilleur de chaque passage pour le mettre à profit sur la piste », résume la jeune-jockey qui a perdu en novembre sur l’anneau de Nancy la moitié de sa décharge. « Je totalise dix victoires en tant que cavalière. Ce qui m’en fait cinquante-et-une au total. Aujourd’hui, l’objectif est de complètement perdre cette remise de poids. Le plus rapidement possible. C’est pourquoi je prends tout ce qu’il y a à prendre et à apprendre. J’essaie également, soutenue par mon agent, de fidéliser une clientèle car nous savons tous que l’après-décharge est une période charnière plutôt compliquée » reprend une Mansonnienne déracinée aujourd’hui au service de Carlos Laffon-Parias à Chantilly. « Ça m’a fait un pincement de quitter Maisons-Laffitte. J’espère du reste que l’hippodrome pourra rouvrir un jour. Mais il y avait de moins en moins d’entraîneurs de plat sur le centre et il devenait impératif de partir dans l’Oise. J’ai évoqué à monsieur Laffon-Parias mon désir de faire le Meeting de Cagnes et il m’a gentiment donné l’autorisation étant donné que la plupart de ses chevaux sortent au galop de chasse en hiver. Ses partants sont peu nombreux et il était donc préférable de descendre sur la Côte d’Azur pour un exercice que je connais très bien. Papa a longtemps fait ici le meeting de plat et d’obstacle et nous venions le rejoindre avec maman. C’est un autre monde. Une autre vie. Et le soleil ça fait quand même vachement de bien. Paradoxalement, ce ne sont pas des vacances et ce n’est pas l’endroit où il est le plus facile de gagner car l’on y croise tous les cracks jockeys. Mais j’arrive à me faire ma place et ça ne se passe plutôt pas trop mal », convient-elle alors qu’elle s’est déjà mise en exergue pour le local Franck Forési en selle sur Miami Beat.

"Jess Parize un patron reconnaissant"

Mais c’est avant tout sur les pensionnaires de Jess Parize que la jeune jockey dépense son énergie chaque matin. Satisfaite au possible de défendre les chances de l’écurie l’après-midi, comme ce fut encore le cas à trois reprises ce jeudi. « Monter à quatre reprises, trois pour monsieur Parize, c’est juste formidable. Il n’y a rien de plus merveilleux que de courir les chevaux qu’on a préparés le matin, même si ce ne sont pas toujours des premières chances. C’est motivant de travailler pour un patron reconnaissant. Comme moi, ses chevaux se ressourcent souvent au soleil et il concrétise d’une année sur l’autre de bons meetings. Malgré une victoire, l’écurie a mis du temps avant de s’enclencher mais le mois de février devrait être d’un tout autre acabit. J’aime par exemple beaucoup Makeno. J’en ai gagné trois avec lui l’année dernière. Sa valeur en a subi les conséquences et il a dû faire face à des combats plus durs. Il dispose d’une fin de programme intéressante et j’espère bien en décrocher une avec lui avant la fin février », confie la demoiselle qui sait pourtant mieux que quiconque qu’une victoire n’est jamais acquise d’avance. « Dès ma première course chez les amateurs, j’avais gagné pour monsieur Cherel. Seulement, il m’a fallu m’armer de patience et attendre deux ans pour passer la seconde. Même pour une cavalière ou un gentleman-rider c’est très long. Je commençais même par perdre espoir. Et puis, à l’été 2017, alors que je n’avais pas une première chance avec Zillion Dollar Cup, qui effectuait une petite rentrée, je renouais avec la victoire à Maisons-Laffitte, chez moi, devant toute ma famille, pour l’entraînement de mon père, sur mon petit cheval de coeur avec qui j’avais tout appris. Cette victoire n’a pas trouvé son pareil en termes d’émotion et de bonheur en partage. Tout est ensuite parti de là » se remémore-t-elle avec un soupçon de nostalgie.

Un avenir à l'étranger ?

Non sans se pencher parfois sur son avenir. Devenir un jour maman, prendre le temps de voyager, les options sont multiples, bien consciente que ce métier peut un jour ou l’autre abandonner vos plus belles promesses. Et pourtant, comme elle l’a constaté, les femmes jockeys apportent délicatesse et douceur aux pur-sang. Une sensibilité que chaque homme se cherchera longtemps. « Pour les chevaux qui n’ont plus trop envie d’y aller, une monte féminine peut être bénéfique. Ça les remotive. Les exemples ne manquent pas. Le temps sera venu de tirer un bilan quand je passerai professionnelle. Partir un jour à l’étranger n’est pas à exclure. Avant de devenir jockey, j’ai failli m’envoler pour l’Australie sur une proposition de monsieur Marnane qui recherchait des apprentis. C’est beaucoup moins facile pour les femmes dans certains pays, mais ne serait-ce que pour monter le matin, le challenge pourrait m’intéresser. C’est un plus dans une carrière ». La réalité rattrape rapidement les projets. Huit réunions restent à couvrir sur la Riviera avant d’enchaîner sur la réouverture des hippodromes parisiens. Une vie de jockey. Sans relâche. Mais un rêve de gosse qui vous accompagne toute une vie.

Fabrice Rougier


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