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Geoffrey Ré cultive le bonheur familial
Publié le VENDREDI 04 MARS 2022


Auprès de Christian Scandella et de sa tante Brigitte, Geoffrey Ré a tout appris du métier avant de voler très tôt de ses propres ailes. Lundi dernier à Auteuil, en s’imposant sur Ken Beseder, entraîné à Calas, le jockey a répondu tout en délicatesse au soutien qu’ils lui ont toujours témoigné. Après un bon Meeting de Pau, l’infatigable marseillais a ainsi rapidement affiché ses prétentions sur la Butte Mortemart. Et ce n’est qu’un début !

La fin du Meeting de Pau n’amorce pas pour autant la cloche de la récréation pour les jockeys. Loin de là ! A peine clôturé, l’hiver palois redonne à Auteuil ce côté verdoyant qui lui sied à merveille. Une étape de plus. Une transition qu’il est toujours opportun de transformer pour que les espoirs d’hier ne s’effondrent pas sur l’oxer ou le gros open ditch. Ce tournant, ce changement de cap, Geoffrey Ré l’a bien appréhendé. Titulaire de six succès dans le Béarn, il sonnait immédiatement la charge dès la réunion d’ouverture parisienne en s’y imposant sur Ken Beseder, un poulain entraîné par sa tante Brigitte Ré-Scandella. « Si l’on compare mon nombre de victoires à mon nombre de partants palois, on obtient un bon ratio. J’ai certes remporté deux fois moins d’épreuves que James Reveley ou Clément Lefebvre, mais le bilan est positif. Mon seul regret est d’avoir enlevé les préparatoires à la Grande Course de Haies et au Grand Steeple, respectivement avec Hêtre Rouge et Spanish One, sans pouvoir figurer à l’arrivée le jour J. C’est toujours irritant. Ce sont des aboutissements, des objectifs d’avant meeting qui quelque part laissent un goût d’inachevé. Je repars néanmoins avec une listed et deux Quintés. Si celui de Hêtre Rouge était visé, celui de Bric pour la famille Bertin était pour le moins inattendu. Ça fait d’autant plus plaisir quand vous gagnez pour des gens qui se donnent tous les jours beaucoup de mal avec un petit effectif. Je connais la cruauté de ce métier. J’ai été bercé là-dedans avec mon oncle et ma tante (Christian et Brigitte Ré-Scandella, ndlr). Je sais donc tout des hauts et des bas que peut connaître une écurie à taille humaine. C’est pourquoi la victoire lundi de Ken Beseder m’a empli de bonheur. En plus le cheval réalise quelque chose de sympa. On peut se permettre, entre guillemets, de rêver. Ces bons moments, il faut savoir en profiter et jamais oublier de remercier les personnes qui nous les offrent. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à eux. Depuis mes débuts, ils m’ont toujours été de grands conseils. Avec Christian, on s’appelait après chaque course. Ils sont à la base de tout » insiste Geoffrey Ré, un minot de Marseille parti à l’aurore de son adolescence loin de ses calanques.

J'ai vite compris que ma vie n'était pas à Marseille

« Marseille reste ma ville. Toute ma famille y réside. Je l’ai quittée à l’âge de 13 ans sachant que je n’avais ici aucune possibilité d’évolution. J’ai vite compris que ma vie était ailleurs. Le Sud-est a perdu au fil du temps son programme et ses écuries d’obstacle. Alors tout a démarré chez Jean-Luc Laval, puis chez Jacques Ortet, pour poursuivre chez Yannick Fouin pour qui j’ai monté, alors que je n’étais qu’apprenti, de bons chevaux comme River Choice, Buck’s Bank, Martalette. Il y eut ensuite une longue collaboration avec Guy Cherel, émaillée notamment de trois meetings de Pau,… J’ai effectué aussi quatre mois chez Arnaud Chaillé-Chaillé. J’ai vraiment apprécié le travail à Royan même si je ne suis pas parvenu à trouver ma place. Si je n’avais pas eu cette année-là l’opportunité de retrouver Forthing à Pau, qui rentrait chez David Cottin, je serais peut-être resté dans le Sud-ouest. Dans notre discipline, c’est souvent du côté de Royan que naissent les belles histoires » poursuit-il en prenant soin de n’oublier personne. « Aujourd’hui, j’en apprends encore tous les jours, notamment avec Erwan Grall que j’accompagne depuis ses débuts d’entraîneur. Tous les mardis et mercredis matin, je monte ses pensionnaires à Maisons-Laffitte. Je consacre mes autres matinées aux entraînements Peltier, Mescam et Berra qui se situent dans la Sarthe au plus proche de mon lieu de résidence. Si l’on ne monte pas chaque matin, on ne vous appellera pas l’après-midi. C’est aussi simple que ça. Et j’ai en moi cette envie permanente de gagner des courses.

Hêtre Rouge et Spanish One sur leur lancée cagnoise

Passer le poteau en tête vous enivre d’une sensation qui n'a pas d’équivalent » précise encore Geoffrey qui arbore à 28 ans plusieurs Groupe III et listeds, un Groupe II avec Sangennaro dans le Prix Talhouet-Roy, mais toujours pas ce Groupe I que le protégé de Marcel Rolland promettait pourtant de lui accorder avant de quitter la compétition en raison de gros problèmes de santé. « C’est le meilleur que j’ai sauté dans ma carrière. Il n’a couru que trois fois, mais c’était un pur 4 ans, quatrième du Cambacérès, un vrai bon cheval. Il faut toutes ses qualités ne serait-ce que pour prendre part à un Groupe I, alors pour le gagner c’est… Je me dois d’être régulier pour conserver des montes de qualité. Gagner des courses à Paris c’est déjà pas mal. Après, si le reste doit venir, ça viendra tout seul ».  En attendant le Graal, qui pourrait à l’évidence être un Grall, Hêtre Rouge tentera le 12 mars de surfer sur ses récents bons résultats. « Lors de ses deux Quintés à Auteuil, je suis tombé deux fois à la dernière haie alors que j’aurais fini à coup sûr dans les trois. En un an, le cheval a beaucoup mûri et j’espère que cette fois tout se passera bien. Quant à Spanish One, vainqueur de listed à Pau, on le reverra à Compiègne le 16 mars ». Ken Beseder, lui, a retrouvé la douceur de Calas en promettant au petit neveu de se revoir très bientôt.
 
Fabrice Rougier


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