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Ecurie Julien : Gladiateurs du trot de pères en fils
Publié le VENDREDI 04 DECEMBRE 2020


Pascale Julien, Nicolas Julien, Régis Julien et le propriétaire et amateur Philippe Terme, une fine équipe…  « de Nîmes » bien sûr.

Nîmes est incontestablement réputée pour ses arènes ou pour sa toile de jean, mais il faudra aussi pour ses édiles désormais compter sur l’élevage de Nîmes cher à la famille Julien, actrice de la filière hippique depuis quatre générations. Après Henri et Régis, Nicolas est devenu en 2018 le nouveau metteur au point de l’effectif gardois. Immersion dans une conviviale écurie sur les terres des crocodiles.

A moins de dix kilomètres du Stade des Costières, des Arènes de Nîmes et de la Maison Carrée, la quiétude du Haras de Font-Divié vous renverrait presque deux mille ans en arrière, au temps des Romains. Loin de toute civilisation. L’environnement urbain s’est soudainement effacé. Seuls quelques trotteurs profitent de ce havre de paix. De ce bout de nulle part. De cette invitation à ce que l’on possède de plus précieux, la quiétude et la sérénité.  C’est là, entre Costières et garrigue, que travaille Nicolas Julien, digne successeur de Régis en 2018. La troisième génération d’entraîneurs de la famille, la quatrième de propriétaires. Un destin presque logique pour celui qui, arrivé tardivement à l’Afasec après avoir obtenu son Bac, avait su d’emblée, après un apprentissage chez Yannick-Alain Briand et Christian Bigeon, plusieurs hivers à Cagnes pour Romuald Mourice et Charly Mary et deux étés dans le Sud-ouest chez Michel Charlot, injecter son sang-froid et son ingéniosité dans les pelotons d’apprentis du Sud-est. Résultat net : trois fois chef-de-file de sa promotion sur la Côte d’Azur et troisième meilleur apprenti de France au sulky en 2014, année de son accession chez les pros.

Une famille très impliquée

Ici on vit cheval depuis l’après-guerre. Depuis 1972 dans la périphérie nîmoise après une expulsion de leurs terres en ville pour y développer les infrastructures routières. Dix hectares achetés à un producteur de pommes, puis cinq hectares de vignes jouxtant la propriété quelques années plus tard devenaient alors entièrement dédiés aux quadrupèdes. Les bâtiments ont poussé les uns après les autres, une piste en sable s’est dessinée avec sept cents mètres de ligne droite. Adriana de Nîmes nous y attend. « C’est la chef du troupeau », assure Régis au sujet de cette jument qui livra une honorable carrière. Sa mère, Lara d’Ailvert, n’est jamais loin. Peut-être surveille-telle Nicolas et Philippe Terme, l’amateur fidèle à la maison gardoise, préparer sur la piste Imlove de Nîmes et Ikita de Nîmes, sa propre fille de Niky. Ce label « de Nîmes » on y tient. A tel point que Pascale, la maman de Nicolas, lance franchement sur le ton de la boutade, « le jour où vous verrez un « de Nîmes » gagner à Vincennes je prends ma retraite ». Même pas cap ! Trop attachés au cheval ces gens-là. A leur fédération du Sud-est aussi. Régis a durant des années siégé au comité du trot, à la commission des programmes, Pascale fut présidente de l’hippodrome des Courbiers. Le Gard n’abrite qu’une famille du trot, mais elle lui rend bien. Prête à hisser ses élèves sur les hauteurs de Cagnes à Marseille et même parfois pousser jusqu’à Vincennes, comme récemment avec Escoublac, une propriété de Philippe Terme qui terminait deuxième de Corps et Ame, un sujet ayant répété chez les pros depuis à La Capelle. « On a eu envie de se faire plaisir. Le cheval était pleine bourre. C’était le moment de tenter quelque chose, l’engagement s’y prêtait. Même si l’on a fait l’aller-retour en une journée, on a vécu de grands moments d’émotion », apprécie encore Nicolas. Depuis la réorganisation de l’écurie, Pascale assure l’élevage et s’affaire aux petits soins, le polyvalent Régis, jeune retraité de 63 ans, est devenu responsable des services techniques et Nicolas fait tourner la maison. Plutôt joliment cette année avec neuf succès, dont cinq obtenus cet été uniquement lors du Meeting de Cagnes. On ne fera toutefois pas de l’hiver azuréen un objectif. « Le programme n’est guère favorable à l’écurie. Il n’y aura que quelques allers-retours. Force est de constater que la qualité des lots proposés est bien inférieure l’été. Là, on annonce l’arrivée de grosses pointures que nous n’avions pas vraiment l’habitude de voir sur la Côte d’Azur. Le confinement a été dur pour tout le monde, y compris – et surtout – pour les grosses écuries », constate Nicolas à la tête d’une douzaine d’éléments prêts à courir, de six poulinières, d’une trentaine d’âmes au total avec les poulains.

Un métier d'observation et d'analyses

Parmi eux Jack de Nîmes et Julia de Nîmes (deuxièmes prénoms de Régis et Pascale) montrent déjà  des signes très prometteurs et devraient aisément se qualifier l’an prochain. Aux courses, l’espoir dissipe les déceptions. « Il faut sans cesse conserver un bon moral. Dans ce métier c’est indispensable. Il y a toujours un cheval qui sort du lot, qui nous fera plaisir. On fuit les passages compliqués, on s’évade dans le rêve en se disant que naîtra chez nous un jour un champion. On dispose d’un site exceptionnel, on passe nos journées avec les chevaux, que voulez-vous de mieux ? Ça doit quand même être chiant de passer sa vie dans un bureau, non ? J’adore ce métier qui demande beaucoup d’observation, d’analyses. Mais au-delà des courses, il y a surtout la passion cheval », reprend Nicolas. A tel point que cette sympathique famille travaille actuellement, si le contexte sanitaire le permet, à l’organisation en 2021 d’une grande fête du cheval au sein même de son haras en y associant tous les clubs hippiques de son village. Chez les « Julien » on ne manque jamais d’idées pour promouvoir le cheval sous toutes ses facettes. Au pays des crocodiles, il fallait oser…   

Fabrice Rougier   


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