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Gina Rarick : Comme beaucoup je me bats pour être là
Publié le VENDREDI 06 NOVEMBRE 2020


Installée depuis le 1er octobre à Chantilly après presque vingt ans d’activité à Maisons-Laffitte, Gina Rarick espère redonner le lustre d’antan à son écurie. Son exercice 2020, loin de toute attente pour diverses raisons, ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir. L’Américaine du galop l’assure : « Gina is back ! ».

Un œil expert sur la piste, une oreille tendue vers les infos, mercredi matin Gina Rarick voyageait spirituellement de Chantilly à Washington. Nostalgique notre Américaine du galop ? Pas vraiment… « L’écart entre Joe Biden et Donald Trump aurait dû, selon moi, être plus important. C’est inquiétant. Je ne comprends plus mon pays. Ce n’est pas celui que j’ai quitté. Rien n’est fait pour que j’y revienne (rires). Je suis contente d’être en France. L’Amérique est devenue raciste, le pays s’est trop replié sur lui-même. J’étais fière d’être américaine sous Obama, depuis j’ai un peu honte de tout ce qui s’y produit ». Loin de sa terre natale, Gina apprécie aujourd’hui une nouvelle vie. Après deux décennies passées à Maisons-Laffitte, la voici depuis le premier octobre Cantilienne à part entière. Un nouveau départ. Pour abonder son capital confiance après une saison 2020 loin des prévisions. 

"La pire année depuis mon installation"

« Il ne faut pas se voiler la face.  Cette année aura été la pire depuis mon installation. Toutefois, j’ai pris tous les vents contraires. Trois facteurs n’ont pas joué en ma faveur.  La Covid, dans un premier temps,  qui a impacté tout le monde et privé les chevaux de terrain lourd de réaliser une belle saison au printemps. Mais on est tous pour ça sur un pied d’égalité. Deuxièmement, la détérioration des conditions de travail et le manque d’entretien des pistes à Maisons-Laffitte. Et puis, bien entendu, le déménagement. Quand on entreprend un transfert d’activité, tous les entraîneurs vous diront que cela prend toujours quelques mois avant de renouer avec les bons résultats. Il faut parfois  traverser le désert avant de tomber sur un oasis. Les chevaux ont besoin de retrouver leurs marques, pour nous il faut s’habituer aux nouvelles conditions de travail. C’est un grand chantier. Heureusement, nous avons de supers propriétaires, qui sont restés fidèles. Je les rassure, ça va commencer à payer. Dans ce métier, il faut savoir rester optimiste. J’ai déjà constaté des progrès chez mes chevaux avec le changement des pistes. Certains me le montrent chaque matin. On va rebondir dans les plus brefs délais ». Avec une petite quinzaine de pensionnaires sous ses ordres, les six victoires de 2020 ne seront pas suffisantes pour lui redonner le sourire. Alors, Cagnes se profile comme une échéance incontournable. Même si là, encore, des doutes subsistent. « Le meeting azuréen arrive un peu vite après notre déménagement. Ça peut nous être préjudiciable. On a encore des travaux à faire l’écurie. Mais ça demeure un objectif. Cela dit, on a tous un peu peur d’un deuxième confinement. S’ils arrêtaient une seconde fois les courses ce serait terrible. Au vu de la situation sanitaire, aura-t-on un meeting à Cagnes ou pas ? Le programme est sorti, nous l’avons étudié, mais pourra t’on s’y rendre avec les contraintes de déplacement ? », s’inquiète Gina qui veut châtier au plus vite le mauvais sort.

"Du poney-club à la Premier league"

« Dans les six derniers mois, en raison de l’abandon des pistes à Maisons-Laffitte, mes chevaux ont connu plus de problèmes de boiteries que  j’ai pu en recenser tout au long de ma carrière. Dès mon arrivée à Chantilly-Lamorlaye, je me suis rendu compte que c’était le jour et la nuit. C’est comme si j’avais quitté un poney-club pour la premier league. Les pistes ici sont magnifiques, certainement les meilleures au monde. On découvre  des conditions de travail optimales. On sent qu’on est aujourd’hui dans un endroit vraiment soutenu par France Galop, ce qui n’était plus le cas à Maisons-Laffitte. J’ai eu un bon accueil. L’équipe est formidable. Proche des entraîneurs. A leur écoute. C’est clair qu’ils font tout pour qu’on jouisse d’un outil performant. Je ne veux surtout pas tirer à boulets rouges sur Maisons-Laffitte. Ce fut le berceau de mon activité. J’y ai passé des moments merveilleux. C’est à la fois inquiétant et criminel d’abandonner à ce point ce centre d’entraînement au cœur d’un environnement de qualité, à 40 minutes de Saint-Cloud et de ParisLongchamp, dans une ville attractive avec un parc magnifique. J’ai peur que la pression immobilière ait le dernier mot et que les chevaux disparaissent les uns après les autres ». Pour redresser la barre, Gina Rarick confiera ses espoirs à Folle Passion. « Il revient bien. Il va trouver son bonheur très bientôt. Il dispose d’une course à Saint-Cloud à la fin du mois sur 3100 mètres. Ce pourrait être son jour ». A Quiet Zain, « en 30 de valeur c’est un cadeau, il doit gagner sa vie. Ce n’est peut-être plus un cheval de Quinté, mais il reste compétitif au niveau inférieur ». Et surtout à My Sweet Boy, « son sursaut le mois dernier à Clairefontaine démontre qu’on a fini par se comprendre. Comme tout cheval orphelin, il exigeait trop de proximité de notre part. On a donc mis une certaine distance entre lui et nous, tout en restant affectueux, pour lui faire comprendre qu’il fallait aussi qu’il travaille. Ce fut un véritable boulot de rééducation du comportement. Physiquement, il n’a aucun souci, tout se passait dans sa tête. J’espère qu’il va maintenant  confirmer car en 26,5 de valeur, il dispose d’une énorme marge de progression », ajoute encore la professionnelle partagée entre la déception et l’espoir. « J’espère, dans un an, être encore entraîneur pour tenir une nouvelle conversation ensemble. Je suis affectée comme beaucoup de mes confrères dans ce métier. Je me bats pour être là. Les risques qui pèsent sur chaque écurie sont énormes et d’autant plus sur les petites structures familiales comme la mienne. On le sait tous. Cette année, on est au cœur d’une baisse de forme dramatique, mais il y a des raisons d’y croire. En résolvant les problèmes les uns après les autres, on apercevra bientôt le bout du tunnel ».  

Fabrice Rougier


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