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Steve Haes : le débourrage c’est l’ABC du cheval
Publié le VENDREDI 11 NOVEMBRE 2022


Cavalier d’entraînement, jockey sur les hauteurs de l’obstacle à la fin du siècle dernier, garçon de voyage, Steve Has a connu toutes les facettes et les sensations d’un métier aussi exigeant qu’exaltant. Le professionnel montois n’est toutefois pas rassasié d’émotions. Ainsi, il a ouvert, le 1er novembre, son écurie de débourrage et de pré-entraînement. Une transition réfléchie entre passé et futur.

Ses deux premiers pensionnaires en provenance du Haras d’Ayguemorte viennent à peine de débarquer à Mont-de-Marsan. Deux yearlings dont Steve Haes prédit une belle carrière. « Le poulain est hors normes. Je n’avais pas monté un jeune sujet comme lui depuis bien longtemps. Tout ce qu’on lui demande, il le fait très facilement. La pouliche est également consciencieuse, attachante tout en restant un brin délicate. Il est encore difficile d’émettre un avis objectif sur eux. On commencera réellement à ressentir le potentiel au bout d’un mois de travail. A partir de là, on sait déjà s’il sera opérationnel à 2 ou 3 ans ou s’il s’agira d’un cheval de vitesse,… bref c’est un ressenti naturel quand on a été jockey et cavalier d’entraînement ». C’est sur l’hippodrome des Grands Pins que Steve Haes a lancé le 1er novembre son antenne de débourrage et de pré-entraînement. Dans l’espace laissé vacant par Yann Creff. « Ce fut une opportunité. Quand Yann nous a proposé de reprendre son établissement, on a rapidement pris notre décision. Ma compagne, Aurélie, m’a un peu poussé (rires). C’est vrai, mais l’idée germait déjà depuis pas mal de temps dans ma tête. Je vois cette activité comme un ultime tremplin avant de passer ma licence d’entraîneur. Tout est devenu si compliqué qu’on ne peut plus se lâcher subitement des deux mains. Passer entraîneur c’est prendre une grosse prise de risques. C’est donc un point de départ et qui sait si un jour je ne cumulerais pas les deux activités en parallèle. Nous avons les infrastructures pour y parvenir avec 36 boxes, un rond de longe, une carrière et toutes les facilités que nous permet le champ de courses landais comme un marcheur et un accès direct sur les pistes, sans oublier Porteteny avec ses deux surfaces, gazon et sable, et son parcours de steeple. J’ai déjà plusieurs contacts avec des haras ou avec des débourreurs qui n’assurent pas le pré-entraînement. C’est une activité en plein essor. Vous savez, ça ne fait jamais plaisir aux propriétaires de payer une pension plein pot pour un cheval qui ne va pas courir durant un an. La mise en route durant plusieurs mois d’un poulain, sorti d’une pension complète, réduit ostensiblement la facture. Et puis c’est devenu une étape incontournable. Le débourrage c’est tout simplement l’ABC du cheval », reconnaît Steve qui partage sa vie avec Aurélie Vigreux, une permis d’entraîner que le regretté Fastnet Lightning avait promu au niveau Quinté.

"On en apprend tous les jours"

Une vie de sacrifices, « mais une super vie, s’empresse de rebondir Steve. C’est un métier très dur, physiquement comme moralement. On passe par tous les états. Aujourd’hui on est en haut, demain on se retrouve en bas, un jour tu es le meilleur et le lendemain tu es jalousé, on t’apprécie puis tu t’aperçois qu’il ne se raconte pas que des bonnes choses derrière ton dos,… il faut savoir outrepasser tout ça et conserver la tête haute. Mais c’est un travail passionnant car on en apprend tous les jours ». Steve en sait quelque chose en près de 40 ans de métier. Lui qui dispose désormais de toutes les ficelles. « Je suis pour ainsi dire né à cheval. Mon arrière-grand-père était entraineur, mon grand-père et ses six frères étaient jockeys. Ça fait plus de cent ans que le nom de famille s’est enraciné dans le microcosme ». Steve en a fait une signature d’abord au côté de Pierre Marchand qui lui permettait de très rapidement perdre sa décharge, et après dix-huit années passées chez Jacques Ortet dans le sillage de Christophe Pieux, alors première monte, pour totaliser près de huit cents succès en France et en Italie. Lui qui, ensuite, a eu la chance de croiser le chemin de Gailo Chop quand il opérait, dix saisons durant, comme garçon de voyage et cavalier du matin d’Antoine de Watrigant. « Avec Gailo, on a remporté la Coupe de Maisons-Laffitte, le Guillaume d’Ornano, on avait aussi gagné un Groupe I en Australie. On a couru à Hong-Kong et à Dubaï, je n’en conserve que d’excellents souvenirs ». En somme, une carrière pleine pour ce Parisien d’origine qui s’est hissé tout au long d’une décennie dans le Top 10 des jockeys d’obstacle. De l’expérience à revendre. Ou plus communément à transmettre aux jeunes générations. De chevaux comme d’hommes. A ses futurs pensionnaires comme aux lendemains de la profession. Car si les Haes ont réussi à traverser tout un siècle sur les pistes, la relève pousse déjà à la pointeuse. Scott Haes, quatre ans et demi, demeure aussi souvent que possible dans le sillage d’un père pédagogue. Dans vingt ans, logique-même d’une pure tradition familiale, il pourra écrire l’histoire, ouvrir son chapitre. Avec en caractère black type : « Je suis comme papa né à cheval… ».

Fabrice Rougier


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