Actualités
 < Voir toutes les actualités

Dans les veines d'Edouard Amoussou coulent les Guégué
Publié le VENDREDI 13 NOVEMBRE 2020


Piqué par le virus des courses dès son arrivée en France, notamment grâce à Philippe et Guy Verva, Edouard Amoussou a d’abord embrassé le statut de propriétaire avant de devenir éleveur des « Guégué » dont Cocaan de Guégué porte notamment aujourd’hui en piste les espoirs. De la découverte du turf à sa participation à la filière, itinéraire d’un inconditionnel depuis plus de quarante ans.

 « Je ne connais malheureusement pas tout le  monde quand je me rends sur un hippodrome, mais par contre beaucoup me connaissent » introduit-il notre rencontre dans un élan de convivialité. Edouard Amoussou n’est pas le genre de propriétaire à vouloir tirer sur la sonnette d’alarme dès le premier échec.  Voilà près d’un demi-siècle qu’il suit les courses avec assiduité. Des souvenirs plein la tête. Des anecdotes à foison. Le cœur sur la piste. « J’ai commencé dans les chevaux il y a 45 ans. Mon premier trotteur, je l’ai eu avec les frères Verva qui finissaient à peine leur apprentissage chez Léopold Verroken (l’entraîneur de Eleazar, Vourasie, Jorky et bien d’autres, ndlr). Puis cette passion a tourné en aventure ». Une aventure comme l’a été toute la vie de cet Africain venu en France dans sa jeunesse pour parfaire ses études. Dans ses veines coule aujourd’hui le Guégué. Un nom qui peut prêter à sourire.

Toque Orange en ouverture

Mais pour Edouard, dont le sérieux est à l’épicentre de chaque préoccupation, il s’agit avant tout d’une marque de fabrique. « De fil en aiguille, de propriétaire je suis passé au statut d’éleveur. Il fallait dès lors que mes produits aient un label, une signature. C’est ainsi que les « Guégué » sont nés. Il s‘agit tout simplement d’un cours d’eau qui traverse une ville d’Afrique Centrale, comme peuvent l’être en France l’Orne, la Sarthe ou la Mayenne. Comme l’est aussi le Blequin, si cher à Bernard Delva, le président de l’hippodrome du Croisé-Laroche, et à Daniel Prudhomme ». Un aboutissement pour ce ressortissant d’Afrique de l’Ouest qui avait à son arrivée en France, comme beaucoup d’Africains du reste, découvert les sensations des joutes hippiques et les joies qu’elles procurent. En peu de temps, cette immersion nourrit son engouement. D’abord turfiste, puis propriétaire, le hasard voulait qu’il s’installe dans l’Orne, le berceau du cheval. Bel endroit pour y associer la rivière des crocodiles qui passait à quelques encablures de son lieu d’origine. « Tout a débuté avec Toque Orange par Chambon P, se souvient-il. Une souche Montesson achetée aux ventes Trotting Promotion (Lionel Fontenay), alors que j’étais en compagnie de Philippe et Guy Verva qui ont gravé en bonne place leur nom dans le trot en France. Guy qui avait au passage fait retentir dès son plus jeune âge la Marseillaise à l'issue d'une victoire à l'Etranger », précise t’il encore, respectueux envers ces professionnels des Hauts-de-France. Reconnaissant aussi. Cette jument deviendra naturellement sa première poulinière. Les « Guégué » sortaient ainsi de leur lit permettant à Edouard Amoussou d’assouvir ce qui n’était encore que du domaine du rêve. Aujourd’hui, son élevage totalise plus d'une trentaine de victoires glanées dans près de mille participations. Le fruit de cinq poulinières qui, par roulement, ont donné quelques produits démonstratifs tels que Jolyane de Guégué, Tam-Tam de Guégué, Abou de Guégué, voire Cocaan de Guégué dont la carrière se poursuit... et bien d'autres.

De Kerjacques à Viking's Way

Pour faire fructifier son élevage, Monsieur Amoussou privilégie les vieux sangs connus tels que Kerjacques, Quioco, Fakir du Vivier, Ura, Florestan et actuellement Viking’s Way et ses descendants. « Ce n'est pas pour faire des chevaux précoces, mais une fois leur croissance terminée et leur squelette bien soudé, c'est du solide qui dure longtemps. Dans la vie, il faut savoir attendre pour le grand plaisir du propriétaire-éleveur que je suis devenu et qui voudrait voir ses chevaux trotter sur les champs de courses le plus longtemps possible ». Pour l'épauler dans ses conquêtes, il a confié ses espoirs à Khadim Sené, un jeune entraîneur particulier récemment installé en Normandie, qui a actuellement sous sa responsabilité sept « Guégué », dont Cocaan, Fiovie et Akwa (bien qualifiée en 1’17) ainsi que les inédits Hakoway, Hawansou, Heliosa et Icoicy qui attendent leur tour. Sagement. Dans la pure tradition « familiale ». Afin de poursuivre une saga qui donne à la vie de cet amoureux du cheval tout son mordant. Et à l’Afrique une ambassade supplémentaire pour promouvoir notre si cher art.

Fabrice Rougier


Mentions légales Politique de Confidentialité
En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies permettant la personnalisation des contenus, le partage sur les réseaux sociaux, la mesure d'audience et le ciblage des publicités. Votre navigateur ainsi que des outils en ligne vous offrent la possibilité de paramétrer ces cookies.