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Mathieu Daougabel : Je n’ai pas envie de manger la baraque
Publié le VENDREDI 15 MAI 2020


Mathieu Daougabel peut se projeter avec sérénité vers l'avenir (photo Cécile Defruit)

Jeune entraîneur à son compte depuis moins de dix-huit mois, Mathieu Daougabel, installé dans l’Allier, a parfaitement réussi son retour aux sources dans le Centre-est en totalisant quanrante-sept succès dont treize rien que pour sa petite écurie. De quoi rester au chaud durant la crise pour repartir de plus belle dans un élan d’optimisme.
 
Lundi dernier, c’est le visage radieux que Mathieu Daougabel est réapparu sur l’hippodrome de Bellerive. Heureux d’être là, chez lui, sur cet anneau où il entraîne, pour la reprise de la compétition. « Courir à dix minutes de chez moi c’était déjà un avantage, mais retrouver l’atmosphère de la compétition, le cœur de notre activité, les copains, ça a fait un bien fou au moral même si les gars de là-haut ont tout raflé. Mais bon, à Vichy, c’est une habitude », relativise le jeune mentor d’Espinasse-Vozelle, à son compte depuis le 1er janvier 2019. Après avoir passé cinq années très formatrices chez Bruno Marie, ce « Rhodano-Normand », fils d’Hervé et d’une maman lyonnaise, a pris ses quartiers dans le Centre-est. Un choix mûrement arrêté qui s’est très rapidement avéré fructueux. « Je suis d’abord venu six mois chez Ludovic Peltier, puis j’ai commencé à me faire une clientèle, à mener de plus en plus pour les professionnels d’ici. Comme une partie de ma famille est du Rhône, j’ai choisi l’option de rester. Je ne voulais pas acheter dans un premier temps. Du coup je vais trotter mes chevaux qui stationnent dans l’écurie de la famille Desprès tous les matins à Vichy. Guy m’est d’un précieux soutien à tous les niveaux en attendant que je fasse quelques travaux chez moi pour accueillir ma dizaine de pensionnaires. Je pense m’installer dans l’année, mais  il n’y a aucun caractère d’urgence. Je ne changerai cependant rien à la méthode et je continuerai à aller trotter à Bellerive. Au moins, je n’aurai pas de tracteurs à acheter, pas de piste à entretenir. Je ne me voyais pas remonter en Normandie même si j’ai des potes qui ont fait ce pari comme les deux Charley, Hesloin et Mottier, qui connaissent une super réussite.  Je ne dis pas que je n’aurais pas eu la même mais, comme je vous l'ai indiqué, j’ai commencé à mener ici pour des maisons intéressantes. Si un jour ton écurie va mal et que tu conserves les  5% de la drive, c’est important au cas où ton effectif serait frappé  par une épidémie. 5% certes ça ne va pas loin, mais si tu gagnes trois ou quatre courses dans le mois, ça fait vite rentrer 2000 € dans les caisses et ça paie la nourriture des trotteurs », résume Mathieu qui connaît trop les méandres du métier pour avancer sans prendre de précautions.

"Je ne suis pas le plus à plaindre"

Cette réussite, à force d’abnégation et de travail, lui a permis de passer les deux mois de confinement sans « trop se prendre la tête » comme il aime le rappeler. « J’ai remporté 22 courses quand même l’an dernier. Quarante-sept  en deux ans dans la région. Depuis janvier, j’avais réalisé un début d’année de folie avec onze succès en deux petits mois notamment grâce à Estrella Fafa, une très bonne surprise, et Gaucho de Lou. Même si cet arrêt contraint n’arrivait pas forcément au meilleur des moments je n’ai donc pas  franchement gambergé, même si, les jours passant, vous vous dites que vous n’avez qu’un an d’installation et que la trésorerie de l’an passé en a pris un coup. Je reste néanmoins lucide. Je ne suis pas le plus à plaindre, loin de là », précise encore celui dont l’écurie oscille entre dix et quinze élèves. « Je ne veux pas prendre n’importe quoi, mais j’essaie tout ce qu’on m’envoie. On a parfois de belles surprises comme avec Estrella Fafa  qui ne trottait pas un mètre sous les 1’30’’ à son arrivée. Je ne suis pas un perfectionniste pour ma petite personne, mais je veux être irréprochable avec mes chevaux. Cependant, après ces très bons débuts, il faut savoir raison garder. Je ne prendrai pas autant de gains cette année même si Gaucho de Lou, Estrella Fafa, Graine d’Espoir, Emmy Joyeuse, Bougly ou encore Cap des Tesnières pourraient faire enfler leurs compteurs d’ici cet été. Je suis quand même bien armé.

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Avec les chevaux, l'argent sort plus vite qu'il ne rentre"

Mais, vous savez, le principal demeure que tout le monde reste en forme, que la santé soit là et qu’on ne perde bien sûr pas 30% d’allocations supplémentaires car ce serait un drame. Si tel est le cas, vous ne me verrez certainement plus sur les programmes car je n’ai pas envie de manger la baraque. Avec les chevaux, l’argent sort plus vite qu’il ne rentre. Même si je ne pourrais jamais complètement quitter ce milieu, il faudrait alors trouver un autre boulot. Ce serait compliqué. On en saura davantage au mois d’octobre sur notre avenir. Souhaitons que ça reste comme à l’heure actuelle. Beaucoup ont trop vite critiqué monsieur Barjon, condamné ses silences, hurlé qu’il ne faisait rien, mais je pense qu’il a fait ce qu’il a pu, beaucoup travaillé dans l’ombre. Il a pris les rênes du Trot quand les courses étaient au plus mal, puis cette pandémie est tombée comme un couperet. Cette perte  de 7,5% des gains en courses reste vraiment minime comparée à la baisse des allocations au galop. C’est pourquoi je persiste dans ma sérénité. Au Pmu maintenant de se bouger un peu et tout devrait pouvoir s'arranger. Les cotes fixes sont à mon sens une priorité. Les gens veulent savoir avant de jouer ce qu’ils vont gagner. Quand on mise sur un cheval à 7/1 et qu’il passe le poteau à 3 euros, il faut reconnaitre que ce n’est pas très engageant. Il devient urgent d’être novateur pour sauver l’essentiel
 ».

Fabrice Rougier


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