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Benjamin Boitez : On devrait tous mener le même combat
Publié le VENDREDI 15 OCTOBRE 2021


Avec Benjamin Boitez, l’Association Nationale des Turfistes prend un nouveau tournant après 25 ans d’existence. Le nouveau président se donne deux ans pour intégrer, comme il le nomme, le haut de la pyramide afin que les parieurs soient enfin reconnus comme des acteurs majeurs de la filière hippique. Nouveau bureau surmotivé, présence accrue sur tous les réseaux sociaux, le premier objectif reste néanmoins la croissance du nombre d’adhérents pour gagner en représentativité.  

Lors de son assemblée générale du 3 octobre dernier, le fondateur de l’Association Nationale des Turfistes, Eric Hintermann, a tendu le flambeau de la présidence à Benjamin Boitez après 25 ans de dévouement à saluer. Une lourde responsabilité pour ce jeune quinquagénaire, cadre dans le domaine du transport de courrier, qui n’est pas arrivé comme une lettre à La Poste. « Je suis un fervent défenseur des courses depuis mon plus jeune âge, initié par un père qui m’emmenait régulièrement sur les hippodromes. Je me suis donc pris de passion pour le jeu, en particulier, mais aussi pour les chevaux. J’ai même réalisé un stage à l’école du Moulin à Vent à Gouvieux pour devenir jockey. Cela m’a permis, en tant qu’amateur, de monter quelques lots le matin chez monsieur Alain de Royer Dupré à Chantilly, notamment. De rencontrer beaucoup de personnes de la profession, de garder des amis et plein de contacts. J’étais pour tout vous dire de la promotion d’Olivier Peslier. J’ai par la suite construit ma vie professionnelle loin des écuries tout en suivant les courses en permanence. C’est bien plus qu’un passe-temps. Le décès de mon papa, en 2012, m’a conduit à devenir propriétaire. Nous avions ensemble le projet d’investir dans un pur-sang. Sa disparition m’a probablement surmotivé et j’ai acheté une jument à réclamer, Miss Cotil, aujourd’hui devenue poulinière. Je l’ai gardée pour disposer en Normandie d’un petit élevage donnant quelques produits. J’ai ainsi commencé en tant que turfiste. J’ai grandi. Je suis devenu cavalier, puis propriétaire. Alors quand Alain Kuntzmann, ex vice-président de l’ANT, m’a dit est ce que ça pourrait t’intéresser de prendre la succession d’Eric qui a beaucoup donné en 25 ans, j’ai pris le temps de réfléchir », explique ce Francilien qui n’a pas forcément trop eu le temps de tergiverser.

"Renverser cette organisation"

« Cet été, deux ou trois événements dans les courses m’ont interrogé, la refonte du site du PMU m’a aussi un peu agacé. Avec l’ANT, on dispose d’un outil qui doit permettre de nous remettre en selle pour participer à la vie des courses et leur organisation. Depuis plusieurs années, l’association n’est plus consultée, ni entendue, ni reçue par France Galop et Le Trot. Seul Cyril Linette a fait preuve d’un peu d’écoute lors d’une entrevue. Aujourd’hui, les parieurs forment la base de la pyramide. Je parle de tout ce public qui joue et alimente l’ensemble de la filière hippique dans le cadre d’un système de pari mutuel. Assez bizarrement au-dessus de ce socle on retrouve les institutions (ministère de tutelle, le PMU, des autorités de régulation comme l’ANJ). Cependant la base n’est plus respectée, les décisions se prennent au sommet de la pyramide, sans même s’intéresser à ceux qui représentent l’essence même du moteur. Il est grand temps de renverser cette organisation pour que les propositions émanant de la base soient davantage prises en considération. Attention, je ne préconise pas d’être un acteur statutaire. Mais dans 2 ans il y aura des élections et j’aimerai à minima qu’on obtienne un siège avec un avis consultatif dans les commissions, dans les comités, dans les conseils, du PMU comme des sociétés mères.  Il ne faut pas que le parieur se sente lésé et négligé », poursuit Benjamin tout en étant bien conscient de l’ampleur de la tâche.

"Nous avons plus de pouvoir qu'on ne peut l'imaginer"

« Ce combat ne va pas être simple, mais avant cela il faut renforcer notre assise, convaincre les turfistes d’adhérer à l’association. Pour aller discuter avec les deux présidents, avec le patron du PMU, l’ANJ, il faut qu’on soit représentatifs. La régularité des courses, les dysfonctionnements de la nouvelle appli pmu.fr et les améliorations à y apporter en urgence, les décisions des commissaires, les affaires de doping, ça parle à tout le monde. Si le doping est au même titre que pour les chevaux un poison pour les entraîneurs et les propriétaires, je vous assure qu’il l’est également pour les turfistes. Ça trompe le parieur, ça contrebalance toute étude et ce sont aussi des sujets sur lesquels on doit communiquer. Qu’on se le dise, Nous avons beaucoup plus de pouvoir, en tant que turfistes, que tout le haut de la pyramide ne peut l’imaginer. Toute vérité est bonne à dire même si elle dérange. Le bon et le mauvais cohabitent dans chaque décision, il faut simplement savoir trouver le point d’équilibre. C’est pourquoi via tous les réseaux sociaux nous renforcerons nos actions. Il faut s’appuyer sur la viralité des communications actuelles Relever la tête, remettre une association sur pied, la renforcer, agir tout en travaillant pour que la vérité soit faite sur tous les dossiers du quotidien, c’est maintenant qu’il faut s’en préoccuper d’où mon investissement. Il ne faut rien cacher. Si l’on continue dans ce système-là, c’est toute une filière qui mourra. Donc quelque part, on devrait tous mener le même combat. Mon ambition est tout de même assez grande. Il faudra du temps, des moyens, des personnes qui m’entourent pour pousser l’action, mais je suis assez optimiste. J’espère simplement ne pas me retrouver sur une île tel un Robinson complètement perdu et isolé (rires). Avec le nouveau souffle d’un bureau qui se veut porteur de changement, l’association a le vent en poupe. J’ai un bon bateau, un équipage surmotivé et je pense pouvoir rallier pas mal de matelots et les inviter à monter à bord ». Convaincante, l’ANT entend se hisser haut. Qu’importe les vagues si l’on dessine de nouveaux horizons dans l’intérêt général.
 
Renseignements et adhésion sur http://www.associationturfistes.fr/
 
Fabrice Rougier


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