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Anastasia Wattel : On est là grâce aux chevaux
Publié le DIMANCHE 19 JUIN 2022


Installée depuis 2018, Anastasia Wattel pourrait rapidement s’imposer dans le carré très prisé des meilleurs entraîneurs du circuit. Avec cette intransigeance de fonder la performance dans le plus strict respect du cheval. Rencontre avec une jeune normande qui après avoir puisé les qualités de son papa Stéphane – et il y a de quoi faire - s’appuie aujourd’hui sur son mari Grégory Benoist pour programmer son festival de Deauville.   

Depuis plusieurs jours, une atmosphère « grisante » plane sur le Centre d’entraînement de Deauville qui affrétera à lui seul un quart des partantes du Prix de Diane ce dimanche. C’est en tout cas l’adjectif qu’emploie Anastasia Wattel, jeune entraîneure installée depuis cinq ans en Normandie. Non loin d’un père (Stéphane, ndlr) qu’elle a toujours adulé. « Désolée, mais je pousserai un peu plus Rosacea, celle de papa ». Un modèle pour cette femme qui a très vite ressenti le besoin de prendre racine à proximité de la cour de son enfance. « J’ai toujours souhaité devenir entraîneure. Toute petite, je tannais déjà mon père pour qu’il me prête un box » se souvient-elle. La passion n’a pas de limites. L’amour – avec un grand A - du cheval a suffi pour gommer toute autre trajectoire. La petite a grandi. Et plus que jamais, elle est là, ancrée dans son environnement. Des rêves plein la tête, les pieds sur terre, avec cette bonne humeur qu’elle distille à volonté dans son entourage depuis son installation. Elle porte en elle toutes les qualités et l’ambition des grandes dames de la profession, de Christiane Head-Maarek à Corine Barande-Barbe, l’ingénierie des courses hippiques au féminin. « La comparaison est très flatteuse. Ça m’amuse aussi un peu car mon mari (le jockey Grégory Benoist, ndlr) me surnomme « Criquette » en permanence. Corine et Christiane sont deux entraîneures absolument incroyables qui ont réussi à conjuguer le côté féminin et le bien-être animal tout en construisant d’immenses carrières avec de grands champions. Comme quoi tout est conciliable. C’est un métier difficile. Mais surtout un métier de mordus sinon on ne se lèverait pas tous les matins, sept jours sur sept et toute l’année. Atteindre leur niveau n’est pas une sinécure. Pour un entraîneur, avoir un panel de chevaux qu’il apprécie, avec des propriétaires tout aussi sympathiques et des salariés qu’on se plaît à retrouver chaque matin, c’est déjà une réussite. La victoire n’est qu’une résultante, c’est pourquoi elle demeure hyper savoureuse, mais rien que l’opportunité d’emmener des chevaux avec une chance sur l’hippodrome, c’est déjà très chouette ».

"Ils nous apportent suffisamment de bonne énergie pour qu’on les respecte"

Anastasia s’ouvre sans tour de clé toutes les portes du bonheur. Soutenue par une équipe qui ne doit rien au fruit du hasard. « Si Grégory Benoist monte tous les jours chez Yann Barberot, il participe également aux galops de la plupart de mes pensionnaires. On analyse les engagements ensemble. Je m’inspire beaucoup de son ressenti ainsi que de celui de Tony Embareck, mon assistant depuis mes débuts quasiment. Nos décisions sont toujours le fruit de longues discussions collégiales. Vous savez, je ne dispose que de vingt boxes et tant que mon père ne se décidera pas à partir en retraite, il en sera ainsi. Cela nous oblige à choisir minutieusement nos propriétaires, à prendre des gens avec qui le courant passe et c’est important dans cette profession où l’on annonce plus souvent des mauvaises nouvelles que des bonnes. Si l’on n’a pas un feeling humain, ça complique tout. Cela nous pousse également à conserver des chevaux de niveau parisien et à replacer les autres, soit dans des écuries qui leur faciliteront l’accès aux hippodromes de province, soit de les réformer assez vite afin que cela ne coûte pas au propriétaire. Rien ne sert « d’user » un cheval à des fins inutiles. Il ne faut pas oublier que c’est grâce à eux qu’on est là. Ils n’ont pas souhaité devenir chevaux de course à la base. On ne leur a jamais demandé leur avis. Je prends toujours ça en considération. Seuls ceux qui ont envie se bagarreront sur les pistes. Et quand l’envie n’est plus là, il ne faut plus les forcer. C’est pareil si l’on décèle chez lui la moindre faiblesse physique. Quand un truc n’est pas tout à fait droit, que ça déraille, hors de question de prendre le moindre risque. A l’identique, quand un cheval n’est pas assez bon ou qu’il a fait son temps, il est pour moi important de lui offrir une nouvelle vie. Du reste je ne travaille qu’avec des propriétaires qui ont cette mentalité, cette sensibilité, qui aimeront leurs chevaux jusqu’au bout avant de leur offrir une seconde existence paisible dans une famille, pour la balade. Leur carrière sur un hippodrome est courte et ils nous apportent suffisamment de bonne énergie pour qu’on les respecte, qu’ils soient bons ou mauvais ». De ce confort, loin des frasques de la compétition, beaucoup ont émergé comme Infirmier qui avait permis à Anastasia Wattel de remporter ses deux premiers Quintés dont le Grand Handicap de Deauville, « Une course que n’avait jamais gagnée Grégory. Il a remporté presque tous les Quintés français, mais il lui manquait celui-là et le gagner ensemble a été magique. C’était en plus le jour du Prix Jacques-le-Marois et tous ses propriétaires anglais était présents. Ce sont de très bons moments. A Cagnes, avec Masterboy cet hiver, le propriétaire était entouré de beaucoup de ses amis. On sentait de l’effervescence, un bouillonnement d’émotion et de joie qui n’existe que dans les courses ». Le 10 juillet, à Deauville, la pouliche Sivana tentera de devenir la première « black type » de l’écurie dans le Prix Yacowlef, une listed sur les 1000 mètres. « C’est en plein sur sa distance. C’est une vraie 2 ans de vitesse, une sprinteuse, qui a le profil d’une pouliche à exploiter cette année.  Sitoutvabien et Sivana ont toutes deux terminé quatrième de listed. Ce n’est pas passé loin. Accrocher le black type avec Sivana serait vraiment chouette ». Anastasia et Grégory, en bons voisins de la Touques, seront à l’heure au rendez-vous des balances. Et ce ne serait que suite logique pour un couple à l’effet euphorisant !  

Fabrice Rougier


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