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En dressage, Zor progresse au pas de course
Publié le VENDREDI 20 MAI 2022


Du côté de Marseille il est presque aussi célèbre que Dimitri Payet. Zor n’aura pourtant jamais foulé la pelouse du Vélodrome, mais à Borély ou Vivaux, voire même à Parilly, gazon sur lequel il remporta ses deux dernières courses, il était tout aussi adulé pour sa générosité et sa gentillesse. Agé aujourd’hui de 12 ans, le pur-sang démarre une nouvelle carrière avec Gwendoline Hascoet, une néo-propriétaire sarthoise de 11 ans éperdument amoureuse.

A contrario d’un cheval qui gagne au niveau classique et dont le nom revient sur toutes les lèvres, Zor n’a pas connu la notoriété. Pourtant, dans le Quart Sud-est, notamment, après avoir accumulé 119 courses, la plupart dans des petits handicaps de bleds, celui qui fut tour à tour entraîné à Calas par Thierry Larrivière, Jean-Marc Capitte et Fabrice Vermeulen n’a jamais laissé personne indifférent. Petit par la taille mais grandi par son courage le fils de Tôt ou Tard dégageait beaucoup de gentillesse, donnait au simple regard cette affection qu’on ne tardait jamais à lui rendre en retour. Après deux dernières victoires à Lyon-Parilly en 2018, Zor quittait la scène hippique un an plus tard à l’âge de 9 ans. Depuis silence radio ! Aucune nouvelle du sympathique galopeur. Comme de bon nombre de réformés des courses. Heureusement, la grande majorité se porte bien. Placée entre de bonnes mains. Zor en est la parfaite illustration. Lui, que nous avons retrouvé dans la quiétude sathoise en compagnie de Royal Di une jument de sa génération qui avait prématurément stoppé sa carrière après des débuts manqués à Auteuil dans le Prix Finot en 2013. Heureux comme des pachas sous la protection de Caroline Hascoet, la maman de Gwendoline, dont la passion oscille entre les courses et le dressage.

"Zor a beaucoup de chic. Il plaît"

Elle se remémore ce fameux jour où Zor a réussi à illuminer son quotidien. « Mon mari travaillait pour ATC, une société spécialisée dans le transport de chevaux de courses. Il avait de fait souvent accompagné Zor dans ses déplacements. Il ne cessait de me louer sa gentillesse et m’avait proposé de le récupérer, car il le mérite, après sa carrière de course. Nous avons donc pris contact avec monsieur Faucampré, son propriétaire, en lui expliquant que le jour où il voudrait lui trouver une fin de vie tranquille, paisible et agréable, on ferait tout pour l’accueillir. Au lendemain de sa dernière apparition sur un hippodrome, il nous a gentiment appelés en précisant qu’on pouvait venir le chercher. Les premiers jours, le cheval était un peu stressé d’arriver dans un nouvel environnement. Il venait de faire cela dit un long voyage du Sud jusqu’à chez nous. On l’a donc laissé tranquille au box. La journée on le mettait au pré pour qu’il fasse connaissance avec les deux autres chevaux de l’écurie et prendre possession les lieux. Nous lui avons laissé le temps de décompresser, de profiter un peu de l’herbe. Puis, gentiment, on est remonté dessus pour aller faire des petites balades au pas, pour qu’il comprenne qu’on n’avait rien de difficile à lui demander. Et franchement il a bien joue le jeu d’emblée » se souvient Caroline qui a appris à le connaître avant de lui faire découvrir une nouvelle discipline. « Zor est extrêmement gentil. Comme il n’est pas bien grand, son gabarit convient à Gwendoline, notre fille de 11 ans. On a commencé tranquillement son apprentissage. Au départ il était un peu raide. On l’a travaillé sur le plat en dressage pour faire de l’assouplissement, de la décontraction, pour arriver à combattre les raideurs physiques accumulées tout au long de sa carrière. Il s’y est bien mis. Gwendoline le montait à la maison, moi je le sortais un peu la semaine pour le maintenir en condition, puis un jour on s’est décidé à s’inscrire dans une petite compétition qui avait valeur de test. On a donc fait le concours de l’association Au-delà des Pistes, mais c’était malheureusement au moment du confinement. Tout s’est donc produit par vidéo. Les cavaliers déroulaient leur reprise de dressage en se filmant et le jury tranchait à distance. Zor et Gwendoline ont terminé troisièmes avec de très bonnes notes. Il a beaucoup de chic. Il plaît. Tout le monde le trouve très beau. Ça influence pas mal en dressage. On juge un couple, il faut qu’une harmonie se dégage. Gwendoline a donc continué à faire des petits concours avec lui. Le plus compliqué a été de ressortir de la maison, de remonter dans le camion, et de redécouvrir l’extérieur en étant serein, sans se mettre trop de stress. Il a fallu qu’il comprenne que c’était comme à la maison, que l’exercice exigeait moins d’efforts qu’une course. Mais aujourd’hui, il a saisi. Comme j’ai ma licence amateur pour mon autre jument, je vais le prendre pour compagnon dans les plus petites catégories des concours amateurs afin de voir comment il présente, comment il est jugé. Gwendoline, quant à elle, participera début juin aux championnats régionaux de dressage des clubs du Pays de la Loire. Il est quand même incroyable. Très peu de pur-sang issus des courses réussissent en dressage. C’est une discipline très particulière, très rigoureuse. On en croise davantage en CSO ou en complet » poursuit sa nouvelle propriétaire.

"Il a tout donné jusqu'à la fin de sa carrière" (Philippe Faucampré) 

A son plus grand plaisir et parallèlement à celui de son ancien propriétaire Philippe Faucampré. « Je n’ai découvert qu’il y a deux mois que Zor avait obtenu de bons résultats en dressage. Cela ne m’étonne pas. En compétition il avait eu des hauts et des bas mais il avait un cœur énorme. Il a tout donné sur la piste jusqu’à la fin de sa carrière. J’essaie toujours de transmettre mes chevaux à des personnes qui leur apporteront de bonnes conditions de fin de vie. De trouver des gens qui ont de la place. Je ne souhaite pas que mes chevaux finissent dans un manège. On essaie à ce propos avec Serge Tardy, président de la société hippique de Marseille, de mettre en place un livret retraites. Une sorte d’épargne à laquelle chaque partant, chaque cheval acquis  à réclamer ou issu des ventes cotiserait. Le but est de former une caisse pour aider les acquéreurs de chevaux réformés ne serait-ce que pour assurer leur transport. Promouvoir le bien-être équin c’est une bonne chose, être aidé quand on effectue des démarches dans ce sens serait mieux. Malheureusement quand Marseille est force de propositions, Paris fait souvent la sourde oreille ».

Fabrice Rougier


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