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L’histoire de l’obstacle ne s’écrit pas sans Charly Milpied
Publié le DIMANCHE 21 MAI 2023


La passion. Un mot qui revient tel un refrain dans le vocabulaire de Charly Milpied, journaliste et commentateur hippique. Elle a conduit ce jeune bordelais jusqu’aux plateaux de télévision alors qu’il n’était nullement prédisposé à cette surexposition. Equidia a eu du nez. En l’espace de huit ans, il s’est imposé comme l’irremplaçable voix de l’obstacle.

Il s’est installé confortablement chez nous. En bruit de fond avec cette voix aussi suave que limpide, en incrustation sur le petit écran avec cette joie contagieuse d’être au cœur de l’événement qui ferait instantanément aimer les courses à tout néophyte,… en quelque sorte en vrai guide de la profession tant ses interventions sont expertes, riches de sens et constamment bienvenues pour autrui. Bref, avec Charly Milpied le journalisme hippique a pris un sérieux coup de jeune. Un vent de fraîcheur souffle désormais sur l’obstacle. Bonne pioche pour la chaîne Equidia qui, visionnaire, a ouvert ses portes en 2015 à ce petit jeune que les études visaient pourtant à conduire sous un autre empire. « J’ai grandi en région bordelaise. J’y ai fait une licence d’histoire. A la sortie de ma troisième année d’études supérieures, je n’avais pas forcément envie d’aller plus loin car je savais depuis longtemps que je voulais devenir journaliste hippique. Il fallait juste trouver un moyen de passer ce cap. J’ai donc passé des tests à l’été 2013 pour commenter les courses sur internet au moment où Geny Courses lançait sa web tv. Je suis ainsi monté à Paris. Tout est parti de là. Je n’ai jamais entrevu l’idée de travailler au sein même des écuries pour devenir jockey, courtier ou cavalier du matin par exemple. J’ai par contre toujours été attiré par le métier de journaliste pour raconter des choses. Avant d’avoir dix ans, je disais déjà à mes parents que je voulais commenter les courses à la télé ». Charly s’en souvient comme de la Guerre de cent ans.

Fontainebleau pour « mettre les pieds dans le plat »

Certainement davantage même, lui qui séchait fréquemment les cours du vendredi pour construire des ponts qui l’envoyaient au paradis chez Daniel Barone, jockey puis entraîneur du Sud-ouest et très bon ami de son père. « Les courses, c’est une transmission de famille. Mon papa a toujours été un passionné. Dans sa jeunesse, mes grands-parents l’emmenaient déjà sur l’hippodrome de Royan. Viralement, maman aussi a été séduite. C’était vraiment la sortie en familiale avec ma grande sœur. Nos week-ends étaient orchestrés par les partants de l’écurie de Daniel. Ses chevaux, à 90% des sauteurs, on les considérait comme s’ils nous appartenaient ». Mais en cette époque pas grand-chose, sinon rien, ne laissait supposer qu’il se retrouverait micro en main quelques années plus tard dans la boîte à images. Sauf sa détermination et quelques rêves d’enfant. « Le premier direct j’avais beaucoup de pression. On a l’impression d’entrer dans la cour des grands. Ça faisait des années et des années que je voulais me retrouver là. Quand le grand jour est arrivé, en qualité de voltigeur à Fontainebleau, accompagné par ma sœur en guise d’assistante de luxe pour m’aider et me détendre au maximum, c’était un peu spécial. Gianni Caggiula et Laurent Bruneteau, deux figures de la chaîne, étaient en tribunes. Forcément ça ajoute un petit peu de stress. Premier invité, première interview, Pascal Bary. Avec du recul, je me dis que je n’avais pas forcément commencé par le plus simple. C’était une manière pour moi pourrait-on dire de mettre les pieds dans le plat. J’en garde un très bon souvenir », rappelle ce féru de sport en général, de football et de rugby en particulier, qui, émerveillé, décortiquait déjà chaque mot du commentateur lors des retransmissions télévisées. « On apprécie toujours un sport par le côté passionné et passionnant de celui qui vous le narre. Parce que l’on vit la chose grâce à lui, au travers de lui. La passion nous transporte. Si l’on évoque par exemple le football, à Bordeaux, le public était ce qu’il était mais il n’était pas non plus incroyable. Donc je suis très vite devenu supporter de l’OM. Je ne l’ai du reste pas crié sur tous les toits quand je suis arrivé à Paris ». S’il est un domaine dans lequel Charly excelle, c’est pour ses connaissances sur l’histoire des courses. A l’écouter studieusement, on pourrait penser qu’il a traversé les générations malgré son jeune âge.

« Je n’ai pas grandi aux côtés d’Al Capone »

« Honnêtement, j’ai quand même passé vingt ans en étant déconnecté de ce qu’il se passait dans les grandes courses. J’allais certes sur les hippodromes dans le Sud-ouest, mais jamais à Auteuil, assez peu à Paris. Les entraîneurs, jockeys et propriétaires de la Capitale n’appartenaient pas forcément à mon quotidien. Je n’ai pas grandi aux côtés d’Al Capone. Lors de son épopée, j’avais une petite dizaine d’années. Passionné par l’histoire en général, j’ai donc étudié celle des courses, oui, et en fait je pense que mon atout principal c’est ma mémoire. Quand je récupère une information, j’arrive à la stocker et à la conserver. C’est déjà un point important. Ensuite je ne peux pas appréhender les courses sous tous leurs aspects, dès lors l’aspect historique revêt beaucoup d’importance parce qu’il me donne un profil type du cheval qui peut s’imposer. C’est passionnant de (re)découvrir tout ce qui s’est déroulé dans le passé. Concernant l’obstacle, discipline à laquelle je consacre mon temps, j’ai l’impression qu’il faut comprendre ce qu’il s’est déroulé avant pour savoir ce qu’il va se passer après » confie encore le journaliste. Malgré cela, l’erreur est humaine et la critique est légion dans un métier où la surexposition n’apporte pas toujours que de bons retours. Charly Milpied a alors fait des remarques une carapace, s’en est servi pour continuellement progresser. « La critique fait partie du job. Si je donne, entre guillemets, autant de ma personne pour tout suivre et essayer de maîtriser un maximum de sujets, c’est pour la transmission. Pour transmettre la passion mais aussi pour donner un maximum d’informations au turfiste afin qu’il puisse se faire son propre avis. J’essaie, mais je n’y arrive pas toujours, de ne pas laisser transparaître mon avis personnel. Quand on fournit nombre d’éléments, il faut aussi savoir conserver un maximum d’objectivité. Forcément parfois on va conduire les parieurs sur une mauvaise piste. J’avoue qu’au début je le digérais assez mal. Je me remettais peut-être un peu trop en question quand ça ne se passait pas comme je l’avais prévu. J’ai pris un peu de recul. Je sais très bien qu’on ne peut pas toujours avoir raison ni avoir les bonnes informations tout le temps. Par épisodes, j’ai reçu des messages qui n’étaient pas forcément sympathiques, mais avec l’expérience on se rend compte qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Il y a toujours du bon et du moins bon mais quand la grande majorité des retours est positive ça nous incite à persévérer. Des critiques il y en aura toujours. C’est logique. Elles permettent de grandir. Je me suis construit grâce à elles. On commettra toujours des erreurs tout en essayant d’en faire de moins en moins. C’est pourquoi j’essaie de me détacher le plus possible du pronostic même si ça fait partie de nos missions générales parce qu’on est des privilégiés dans le sens où l’on est au contact, presque au quotidien, des professionnels. Il faut donc se mouiller pour aider ceux qui sont en attente d’informations et qui ont besoin de nous. Ça fait partie du jeu ». Alors que se profile un week-end si particulier dans le Temple de l’obstacle, Charly, lui, est derrière les élastiques depuis plusieurs semaines. Attentif, prêt à jaillir une fois encore à l’antenne. « Avec quatre des neuf Groupe I de l’année, on va tout de même avoir 50% du programme classique. Et pour toutes les générations. Une page de l’histoire des courses va encore s’écrire ce week-end et ça donne envie d’y être. Tout va se passer là. A Auteuil sur deux jours. Je trouve ça génial. Ça va permettre de rassembler beaucoup de monde que ce soit en termes de téléspectateurs, de spectateurs, d’entraîneurs irlandais ou anglais,… et c’est bien que les étrangers viennent se mesurer à nos Français qui, notamment dans le Grand Steeple, du moins je l’espère, détiennent la vérité ».  
 
Fabrice Rougier


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