Actualités
 < Voir toutes les actualités

Dominique Boeuf : Mon job a toujours été de faire kiffer les turfistes
Publié le VENDREDI 24 JUILLET 2020


Dominique Bœuf livre en expert ses analyses pour la chaîne Equidia.
 
Jockey vedette dans les années 90 et au début du siècle, avec quatre cravaches d’or posées sur l’étagère, Dominique Bœuf a quitté les pelotons il y a déjà presque dix ans. Une déchirure pour des générations de turfistes qu’il a constamment choyés. Aujourd’hui, le pilote qui a remporté de nombreux trophées pour Elie Lellouche et l’écurie Wildenstein crève l’écran sur la chaîne Equidia tout en limitant ses montes au concours hippique.
 
 « On a vécu tellement de choses ensemble que je ne retiens que de bons souvenirs. Il a toujours été un garçon formidable. J’ai eu cette chance de participer à mon petit niveau à ses premières montes, mais sa carrière il ne la doit de toute façon à personne. Il se l’est forgée seul. Il a toujours été motivé à mort. C’est un jusqu’au-boutiste. Il ne renonce jamais dans tout ce qu’il fait ». Rolland Halfon, un observateur avisé du monde hippique plus connu que le loup blanc sur les champs de courses, a de l’amitié plein la bouche quand il évoque Dominique Bœuf. S’il ne veut surtout pas se substituer à Pierre Biancone ou à Jean-Paul Gallorini, deux maîtres d’œuvre, des géants, qui ont fait éclore l’un des meilleurs jockeys de tous les temps (33 Groupe I et 4 cravaches d’or), il avait néanmoins permis à l’apprenti de moins de 18 ans qu’il était d’être associé à Beauté Divine ou à Fast Love et de le rapprocher d’Elie Lellouche pour monter dans le Grand Prix des Apprentis à Longchamp. La suite, chaque turfiste s’en rappelle, tout comme des nombreux succès de Groupe de Dominique Bœuf pour la plupart glanés sous la casaque de l’écurie Wildenstein.

La vie en bleu

« Avec Elie Lellouche on a passé de supers moments. Quand j’ai commencé à mettre mes fesses sur une selle de course c’était la grande période de Allez France avec Yves Saint-Martin. Alors, quand tu as la chance de revêtir une casaque aussi prestigieuse, de côtoyer ces gens-là, de bénéficier d’excellents chevaux comme j’ai eu la chance d’en monter, tu vois la vie en bleu ». Dix-sept ans plus tard, Dominique se souvient encore de ses pérégrinations à Hong-Kong où il avait cloué le bec au monde entier. « Nous participions à la Hong-Kong Vase avec Vallée Enchantée. La jument faisait un mètre dix les bras levés, elle était épaisse comme une crevette et quand on a débarqué là-bas, on a vite remarqué que tout le monde se foutait un peu de notre gueule. Il y avait les Australiens bodybuildés, les Anglais qui faisaient deux mètres de plus qu’elle. Mais à mi-ligne droite, la crevette les a traversés » en sourit-il encore. Une fierté pour sa partenaire plus que pour lui. Pour Dominique, qu’importe l’exploit, l’équidé en demeure la pierre angulaire. « Ça m’a toujours davantage traumatisé de casser un cheval à l’entraînement ou en course que de perdre un Arc », poursuit-il. Un peu plus loin des hippodromes aujourd’hui à 52 ans, le top jockey qui a régné sur deux siècles reste toutefois sur le devant de la « selle ». « Galoper le matin, je n’en ai plus les capacités. Je monte par contre souvent en concours hippique dans la catégorie amateur élite. J’ai retrouvé plein de copains d’enfance du poney-club. C’est vachement sympa. J’ai également regoûté aux prémices de ma carrière, même si à 4 ou 5 ans tu ne sais pas que tu vas devenir cravache d’or. Réintégrer une discipline où je ne suis pas un génie m’a fait remonter des souvenirs plein la tête et m’a rappelé pourquoi j’aime autant les chevaux ». Un dur au cœur tendre. Un ami sur lequel on peut compter. L’homme paraît vrai, fidèle, attentionné envers qui l‘aborde. A deux ou quatre jambes. « On m’a beaucoup donné et je me suis battu pour le rendre. C’est un peu ma marque de fabrique. Dans ma carrière de jockey j’ai toujours eu beaucoup de contacts. J’ai construit  mon métier à travers l’amitié d’ailleurs plus qu’à travers la performance ». Au sein de sa corporation au même titre qu’avec le turfiste lambda croisé en bord de piste. Ce qui lui a valu de devenir naturellement le chouchou des parieurs.

"Aujourd'hui les jockeys sont des extraterrestres"

A son interruption de carrière, Equidia réalisait alors un gros coup en l’enrôlant. Dominique continuait alors de crever l’écran, distillant de la science au coeur du spectacle. « J’adore raconter mon métier, j’adore parler des chevaux. Quand on m’a proposé de bosser à Equidia, j’ai sauté dessus les pieds joints. J’apprécie le partage et sans m’envoyer des fleurs, j’ai eu une vraie relation, sincère, avec les joueurs. Mon job a toujours été de faire kiffer les turfistes ». Entendre la voix de Dominique Bœuf permet de le conserver dans nos pelotons. Même s’il confesse que la profession a bien changé depuis une quinzaine d’années. «  Le niveau des jockeys actuels est nettement supérieur à celui que j’ai connu. Ma génération était déjà supérieure à celle d’avant. Aujourd’hui, les mecs sont des extraterrestres. Ils sont beaucoup plus sportifs que nous ne l’étions. On faisait un peu de cardio en début de saison, mais on comptait surtout sur l’entraînement du matin pour nous maintenir en forme. Maintenant, ça ne suffit plus. Il faut voir les efforts consentis par des jockeys comme Boudot, Guyon, Barzalona, Soumillon ou Demuro pour rester au top. Ce sont des machines de guerre. On est même parvenu à rattraper le retard que nous avions sur les Anglais pour y compris les dépasser ». Les Jarnet, Asmussen, Peslier, Mossé et bien d’autres auront à l’instar de Dominique Bœuf posé des fondations solides à une corporation qu’on ne peut plus seulement résumer à de simples cavaliers, mais à des sportifs à part entière. Au Veinard, nous accorderons donc volontiers la médaille de la sagesse et des sports à Dominique pour services rendus à l‘art hippique.   
 
Fabrice Rougier


Mentions légales Politique de Confidentialité
En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies permettant la personnalisation des contenus, le partage sur les réseaux sociaux, la mesure d'audience et le ciblage des publicités. Votre navigateur ainsi que des outils en ligne vous offrent la possibilité de paramétrer ces cookies.