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Antonio Orani, le bonheur Intérieur
Publié le VENDREDI 26 FEVRIER 2021


D’un naturel discret, mais uniquement jusqu’à l’ouverture des boîtes, Antonio Orani sort d’une saison 2020 à couper le souffle. A peine professionnel, le petit sarde venu tenter sa chance à Marseille il y a 7 ans a remporté les deux plus belles listeds réservées aux jeunes galopeurs à Borély avant de signer un magistral premier Quinté samedi à Cagnes avec Intérieur. Et nous n’en sommes qu’au début du parcours.
 
Le Meeting de plat de Cagnes-sur-Mer baisse son rideau à l’issue d’une l’ultime réunion ce samedi avec en fil rouge le très attendu Grand Prix du Département des Alpes-Maritimes (listed-race). L’hiver s’essouffle sur la Côte d’Azur alors que les premiers bourgeons s’ouvriront dans un mois à Marseille-Borély. Deux hippodromes chers à Antonio Orani, deuxième jockey à Calas de la cavalerie de Jean-Claude Seroul. A 21 ans, le pilote ne cesse de pousser les curseurs. Après avoir décroché les deux plus belles listeds marseillaises réservées à la jeune génération l’an passé, la Coupe de Marseille avec Amica Nostra et le Prix Delahante en compagnie de Stormy Pouss, ce Sarde qui fait la fierté de l’Afasec de Cabriès a accueilli dans un bonheur « Intérieur » son premier Quinté samedi dernier. Une suite logique. Quelque part une récompense. « Ça fait bien entendu plaisir. Un Quinté ce n’est pas rien. Cela représente une belle fenêtre médiatique pour se mettre en exergue. Et franchement, avant le coup, j’y croyais. Je n’étais pas forcément déçu de sa pâle prestation dans le Prix Charles-Gastaud. Ce n’est pas un cheval de terrain lourd. Sur la Psf, ça changeait la donne. Il ne fallait pas oublier qu’avant ses problèmes de santé il était pris en 42,5 de valeur. A 2 ans, monsieur Gauvin l’estimait beaucoup. Ce fut même un temps l’espoir de la maison pour prétendre au Jockey-Club. Sur cette victoire, il a pris 3,5 kg et je trouve la sanction du handicapeur assez sévère, même s’il s’agissait d’un Quinté. Mais il n’a sûrement pas fini de nous étonner », prévient le jeune homme qui, adolescent, avait déjà faim de compétition.

"Quand on vient de Marseille rien n'est impossible"

« Mon rêve a toujours été de devenir jockey, mais il n’y avait plus d’écoles en Italie. De par des contacts que nous avions en Italie, j’ai pu solliciter l’entraîneur Michel Planard. C’était la seule approche possible avec la France. C’est ainsi qu’à 14 ans, j’ai fait mes valises, avec l’accord de mes parents, pour Marseille. Je suis parti à l’aventure sans même connaître la langue, sans savoir ce qui m’attendait sur place. Et finalement, j’y suis resté. Il ne faut pas avoir peur de changer de pays, de s’éloigner de ses amis et de sa famille, même si ce n’est jamais évident. Michel Planard m’a mis le pied à l’étrier. Même s’il est aujourd’hui entraîneur, dans sa tête il est resté jockey. J’ai été accueilli comme dans une deuxième famille. J’y suis resté durant toute ma scolarité avant de vouloir voler de mes propres ailes. Quand on se fixe des challenges, on ne peut pas refuser une offre comme celle de monsieur Seroul. Porter aujourd’hui une casaque classique est un véritable plaisir. Quand je regarde derrière moi, je me dis que tous ces efforts n’ont pas été consentis pour rien », reprend-il avec ce calme olympien qui le caractérise. A quelques mois près, l’apprenti découvrait le métier quand Jérôme Reynier, son entraîneur actuel, s’installait. Rien n’est trop difficile pour la jeunesse disait Socrate. On ne change pas de philosophie 2500 ans plus tard. « Mon état d’esprit est resté le même. Je suis combatif. Je veux monter à Paris et gagner un jour l’Arc de Triomphe. Aujourd’hui, quand on travaille à Marseille rien n’est impossible. On ne nous prend plus pour des rigolos quand on débarque sur les grands hippodromes parisiens. On dispose à Calas de conditions idéales pour réussir et de plus en plus de propriétaires l’ont bien compris en nous accordant leur confiance. Avant, comme on dit à Marseille, on prenait des branlées à chaque voyage. Désormais, nous sommes loin d’être les plus mal lotis et ça se voit en termes de résultats. Skalleti en est notre plus bel exemple. On sait aussi sortir un cheval de Groupe I ».  

Regarder vers le haut

Passé professionnel l’an dernier, Antonio Orani a su conserver son statut de n°2, derrière Guillaume Millet, chez les gris et orange. Une sorte de prouesse dans une écurie où le gratin de la profession est forcément passé un jour. Un enracinement tout aussi valorisant que formateur. « C’est une chance d’œuvrer aux côtés de Guillaume qui a été plusieurs fois cravache d’or du Sud-est. Forcément, à son contact, on apprend tous les jours. Au-delà de la hiérarchie, monsieur Reynier n’hésite pas à me solliciter pour me confier en course de très bons chevaux comme Marianafoot, mon cheval du matin, avec qui j’ai pu m’imposer à trois reprises cet hiver. J’étais à Hong-Kong avec Skalleti et Jérôme m’a dit je vais te faire plaisir en t’associant à Marianafoot à Deauville. On a gagné et derrière je l’ai conservé. Avec ce genre de partenaire, on ne peut que regarder vers le haut. Alors, oui, remporter une course de Groupe, c’est un peu le défi que je me suis fixé cette année ». Après toutes les épreuves traversées, la barre n’est pas inaccessible. Antonio Orani ne reculera en tout cas devant rien.

Fabrice Rougier


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