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Florian Guyader, un entraîneur qui ne manque pas d’Eire
Publié le VENDREDI 26 MARS 2021


Débuts réussis pour Florian Guyader. A 31 ans, fraîchement titulaire d’une licence d’entraîneur public, le professionnel de Chantilly a vécu un mois de mars extraordinaire en remportant sa première course à Deauville avant de voir Hastalavistababy s’imposer quelques jours plus tard dans une listed-race. La casaque et l’élevage irlandais de Theresa et Con Marnane ont de beaux jours devant eux Outre-Manche.

Les courses accouchent souvent de belles histoires. Bien qu’effectuant sa rentrée, le 18 mars dernier à Chantilly dans le Prix Ronde de Nuit, la douée Kalahara, lauréate de Groupe III et placée de Groupe II, ne s’attendait sûrement pas à lui voir passer sous le nez Hastalavistababy. La maîtresse ornée de la casaque Wertheimer était battue à plate couture par l’élève, pourtant située 15 points en dessous sur l’échelle des valeurs, en ne lui rendant que deux kilos. Mais ne fermons pas ce conte sans aborder l’immense joie qui en découlait côté coulisses. Tout jeune entraîneur n’ayant démarré son activité qu’au cœur du mois de janvier, Florian Guyader inscrivait déjà au sein de son petit effectif de dix pur-sang un premier nom en caractère gras. En black type comme on dit au Royaume Uni, terre d’envol des chevaux élevés et façonnés par la famille Marnane. Comme lui, sa partenaire du jour, l’intenable femme jockey Marie Vélon, enrichissait son palmarès d’une première listed-race. Une surprise et des sourires. Des rayons de bonheur si éclatants qu’on aurait pu en distiller sur plusieurs kilomètres à la ronde. Pourtant, comme le souligne le jeune mentor de 31 ans, cette joute figurait bel et bien depuis longtemps à son programme.

Hastalavistababy vers le Prix Sigy

« La jument avait très bien préparé cette rencontre à la maison. On savait que la distance allait lui correspondre. Mes propriétaires possèdent la famille à l’élevage, notamment la mère. De fait, cette course revêtait une certaine importance. Le terrain lourd, ce jour-là, a certainement désavantagé ses adversaires, mais ça ne l’empêchera pas par la suite de performer en piste moins lourde, plus souple. Elle se sort de tout type de terrains. Désormais, l’objectif est de revenir sur la même distance et sur le même parcours dans le Prix Sigy (Grp. III) le 20 avril. On ne peut pas trop la rallonger. Sur les 1300 mètres de Cagnes, on a dû composer, prendre toutes les précautions, mettre le bonnet,… bref, elle préfère les combats rythmés. Quant au choix de son association avec Marie Velon, il s’est opéré naturellement. Marie a pu libérer de son temps pour venir monter à Cagnes le matin avec moi. Du coup elle connaissait la jument, c’est un plus, et le feeling passe parfaitement entre elles. C’est le tandem parfait. C’est pourquoi cette victoire à ce niveau est presque incroyable. Dans la ligne droite, mon cœur a failli s’arrêter », résume Florian Guyader que beaucoup de turfistes ont découvert au début de mois quand il enregistrait son premier succès dans un réclamer à Deauville avec About Midnight. Il est vrai que l’homme s’est, ces dernières années, fait extrêmement rare dans l’hexagone. Entre l’Irlande, l’Australie et les Etats-Unis se sont huit ans qui se sont consumés pour un apprentissage sans pareil dans les plus grandes écuries internationales. Un marathon linguistique mais avant tout un vrai tremplin dans l’univers des courses hippiques pour ce Dijonnais qui avait d’abord opté pour l’équitation classique avant d’être rattrapé par son esprit de compétition.

Coye-la-Forêt, un goût d'Australie ou d'Amérique

« Monsieur Lerner m’a permis de m’immiscer dans ce milieu, mais je ne suis resté que très peu de temps à Maisons-Laffitte. L’étranger me tentait pour découvrir différentes méthodes de travail. Le fait de rencontrer des professionnels d’horizons divers m’a ouvert l’esprit. Ces chevauchées m’ont énormément apporté en termes de confiance. Durant ces voyages, nos chemins se sont souvent croisés avec la famille Menrane. Je les ai connus en Irlande et nous étions constamment connectés quand je travaillais en Australie. Nos parcours réciproques à travers le Monde ont été fédérateurs. Nos échanges multiculturels, notre soif d’apprendre de nouvelles techniques en voyageant aussi. Tout ça mis bout à bout nous a donné envie d’avancer ensemble. Ils connaissaient également les grands entraîneurs chez qui j’ai exercé, ce qui a permis de mieux mesurer mon expérience puisée ici ou là. Mais, loin d’ici, on se rend aussi compte que la formation française n’a pas d’égal. Où que l’on soit ! Elle est du reste constamment mise en avant loin de nos frontières. J’ai donc décidé de renouer avec mes racines et de passer mon diplôme d’entraîneur public chez moi. Il m’a fallu aussi déjouer les complexités du Brexit, du temps pour choisir des boxes à mon entière convenance que j’ai finalement trouvés à Coye-la-Forêt. Les infrastructures où je me suis installé se rapprochent de celles où j’avais mes habitudes. Un peu à l’australienne ou à l’américaine avec des barns bien ouverts dans un endroit privé loin de tout voisinage. Mes vingt boxs sont très grands, les chevaux respirent au calme. A proximité, les pistes de Lamorlaye sont superbes. Toutefois, je ne veux pas monter trop fort en effectif par peur de redescendre aussi vite. Je préfère attendre, capitaliser de l’expérience. J’ai des propositions extérieures pour prendre d’autres chevaux, mais je mets ça en suspens, mes progrès passant avant tout. Je veux aussi conserver une écurie à taille humaine. Si je parviens à remplir mes vingt boxs cette année ce sera déjà très bien. Les 2 ans de l’écurie Marnane arriveront dans les prochains jours. On s’organise pour leur réception. Renouveler l’écurie, c’est un nouveau départ, une invitation au rêve. Et avec la qualité du travail et le sérieux de mes propriétaires et éleveurs irlandais, on peut tutoyer tous les possibles ». La jeunesse au service de l’expérience. Et l’inverse. Pour le pays du trèfle, Florian ne cultivera que les quatre feuilles. Outre-Manche, ils pourront alors rappeler que les frenchies non plus ne manquent pas « d’Eire ».

Fabrice Rougier


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