Robin Bouvier la promesse de l’Ouest ![]() Installés dans la Vienne au Haras de Champagné-Saint-Hilaire, établissement cher au regretté Dominik Cordeau dont ils sont devenus propriétaires, Charles et Robin Bouvier montent dans les gammes après trois saisons pleines. Robin, le jeune driver-en-chef de l’écurie, s’affirme quant à lui de jour en jour en piste et s’est découvert de nouvelles sensations en participant, dimanche, jour de Prix d’Amérique, à son premier Groupe I. Un moment qu’il nous a fait partager mardi soir après la réunion bordelaise.
Si Poitiers a fondé sa notoriété autour de son Futuroscope, la ville aux cents clochers révèle aussi un peu plus chaque jour les frères Bouvier. Charles, l’entraîneur, et Robin, le finisseur rencontré mardi au sortir de la réunion bordelaise. Le futur du Trot. Les promesses de l’Ouest. Encore étonné parce qu’il a vécu dimanche à Vincennes, le driver maison espère bien mettre cette expérience à profit pour les semaines à venir. Lui qui, à 22 ans, a participé avec Josh Power, petit joyau de l’écurie de son beau-père Benjamin Goetz, à son premier Groupe I, la Finale de la Sulky World Cup des 4 ans. Une invitation surprise qui vous galvanise. « J’ai récupéré la drive de Josh Power en fin d’année. Ensemble, nous avons pris deux accessits, notamment dans un Groupe III support de Quinté. On a réussi à remettre les pendules à l’heure. C’est ce qui nous a poussés à tenter l’aventure. Une semaine plus tôt rien n’était prévu. On n’en avait même pas parlé avec Benjamin. Je n’ai donc pas trop eu le temps de monter en pression. Par contre on se prend vite au jeu. Ça en vaut la chandelle. C’était magnifique, extraordinaire. Ce moment restera avec du recul gravé en moi à tout jamais même si le résultat n’était pas au rendez-vous. Cela dit, je n’éprouve aucun regret. J’ai réussi à bien partir, ce qui n’est jamais simple au niveau classique. Tout le monde cherche sa place et comme on court rarement à Vincennes, on peut manquer de repères. Ensuite, j’ai eu les bons dos sans avoir trop de chance dans la phase finale. Avec un peu de réussite on passait par les balances. Il a en tout cas montré qu’il pouvait rivaliser avec le haut du panier et prétendre prochainement à un semi-classique. Disputer un Groupe I à mon âge, jour de Prix d’Amérique, n’est pas anodin. Cela démontre qu’il y a eu beaucoup de chemin de parcouru. On en était très loin au début et c’est néanmoins arrivé assez vite. Je suis vraiment chanceux. Je ressens encore les frissons du passage devant les tribunes. On est pris par cette foule qui nous acclame, c’est excitant, je n’avais jamais connu pareilles sensations. Et j’espère le plus tôt possible les revivre. Il faut passer par ce genre d’épreuves. Pour montrer qu’on existe et qu’on n’est pas là par hasard. Avant dimanche, je n’étais jamais sorti des trois premiers à Vincennes depuis mon passage chez les professionnels il y a près de 2 ans. Certes, je n’y viens pas tous les jours, mais tenir des stats comme ça quand on est un jeune driver c’est important », analyse Robin qui désire désormais passer à la vitesse supérieure. « Je rêve de devenir cash driver. Je vais du reste prochainement m’assurer les services d’un agent. En attendant, vu que ce n’est pas évident, je fais un tas d’autres choses à côté. Je suis très content et fier de travailler nos chevaux avec mon frère. Ce n’était pas trop dans nos plans au début, mais je ne regrette pas du tout. On ne se débrouille pas trop mal et cela me permet de courir régulièrement des trotteurs valables. Heureusement que j’ai ça ! Les rêves parisiens c’est bien, mais il faut commencer au bas de l’échelle et grimper chaque barreau par le biais de performances. C’est ça le vrai plaisir, le challenge du métier » poursuit-il. Floréal l'incontestable n°1 Pour mettre tous les atouts de leur côté, les frères Bouvier ont alors acheté le Haras de Champagné-Saint-Hilaire dans la Vienne. Endroit duquel sont sortis quelques sujets qui ont fait l’actualité du début du siècle comme Galopin du Ravary, vainqueur du Prix de Paris. « C’est un endroit magnifique et magique. On pourrait des heures durant raconter des histoires qui se sont produites en ce lieu. C’est un atelier exceptionnel à l’image de son ancien propriétaire. Je me souviens être passé professionnel sur l’hippodrome d’Angoulême que présidait Dominik Cordeau. On avait diné ensemble le soir de ma cinquantième. On se connaissait un peu, mais cette soirée nous avait vraiment rapprochés. Il nous a quittés le lendemain. Tout s’est brutalement arrêté. Cela a motivé notre choix de reprendre ses installations. La proximité avec notre papa qui tient le Château de Dissay à Poitiers, un hôtel-restaurant à 40 kilomètres du haras, a également été déterminante. Comme il a une licence d’amateur, il vient se changer les idées en venant trotter quelques chevaux à l’écurie. Ça lui fait autant de bien qu’à nous ». Avec une quinzaine de trotteurs dans leurs boxes, Charles et Robin essaient sans cesse de nouveaux prétendants et en conservent le nectar. Pour le cadet des frérots, la qualité ne manque pas. « On dispose de quelques poulains qui trottent sans toutefois sortir de l’ordinaire. On a acheté Kimono Wic, un fils de Cash and Go, aux ventes du Prix d’Amérique, un inédit sur qui on fonde un peu d’espoir. J’espère qu’il prendra le leadership au travail le matin, mais il lui faudra être bon car ses nouveaux camarades sont loin d’être nuls. Nos 3 ans n’ont pas trop de travail derrière eux. On les a bien qualifiés puis remis au champ. On vient de les réintégrer, mais ils ne feront pas leurs débuts avant l’été à part peut-être notre nouvelle acquisition. Floréal demeure l’incontestable numéro 1. Dans nos cœurs et dans ses performances. On l’a eu quand il avait 600€ de gains. Il était en fin d’année de 4 ans et n’avait plus qu’un bon de priorité. Il était un peu condamné. On a gagné avec lui lors de sa première course et il a rapidement dévoilé de la classe et un éventail de qualités, même si au début il demeurait un peu délicat. On a eu du mal à le régler, mais on a trouvé les bons boutons. Il est encore perfectible. Il a passé des paliers. On est sur la bonne voie. Vincennes est devenu son jardin. Il est toujours à l’arrivée. Il n’en fait jamais plus qu’il ne faut mais il répond toujours présent. Ce qu’il montre le matin au travail est encore deux fois mieux que ce que vous voyez en piste. Avec lui, on est toujours sur le podium, on a pris des places de Quinté, j’espère bien en gagner un cette année ou l’année prochaine. De manière plus générale, on s’est fixé une trentaine de victoires pour 2023 tout en espérant récolter au minimum 500 000 euros de gains. On a mis la barre haute. On croît bien entendu aussi en Jet du Ravary qui avait débuté en gagnant. Notre situation géographique facilite le choix des engagements. On n’a rien à côté du haras proprement dit, mais tout n’est pas loin. Je vais donc écumer la France. A commencer dans une dizaine de jours, avec « Josh » dans un Groupe III. Après ce qu’on a vu et vécu dimanche, on ne peut plus trembler à Vincennes ». Fabrice Rougier |