Bilan et perspectives pour la Masterclass jockey chère à Thierry Thulliez ![]() Si Thierry Thulliez a disparu des programmes, le jockey aux seize Groupe I n’a cela dit rien perdu de sa fibre pour le cheval. Ni pour le métier de jockey. Consultant pour Equidia, il travaille également dans l’ombre pour apporter son expertise aux gamins de l’Afasac qui souhaitent la même carrière que la sienne. La première saison de la « Masterclass Jockey », dont il est à l’initiative, vient de s’achever. Pour quel bilan ? Avec quel avenir ? On fait le point.
Ces jours-ci s’achève la première saison de la Masterclass jockey. Une idée initiée par Thierry Thulliez, pilote émérite aux mille cinq cents victoires et seize Groupe I. Le jeune retraité des courses, qui remportait encore le Prix du Cadran il y a seulement huit ans avec Mille et Mille, n’a pas quitté le milieu bien au contraire. Consultant sur la chaîne Equidia, il a aussi pour priorité d’optimiser les chances de montes chez tous ces jeunes qui rejoignent les bancs de l’Afasec. Une école qui, selon lui, a pris un tournant ces dernières années. « L’Afasec n’est plus comme avant une école où l’on souhaite impérativement devenir jockey. On l’intègre pour travailler dans les courses de façon plus générale. En moyenne, quand vous parcourez les classes, vous vous rendez vite compte que la moitié des étudiants ne souhaitent pas devenir jockeys. Certains veulent faire garçon de voyage, d’autres espèrent suivre une carrière dans les haras,… Aujourd’hui c’est l’école des courses, ce n’est plus l’école des jockeys. Avec l’arrivée des agents sur le circuit, s’imposer comme jockey est devenu un vrai parcours du combattant pour un jeune. Les entraîneurs ne font plus monter leur apprenti. Avant, quand tu étais doué le matin à l’entraînement, ton patron te récompensait l’après-midi. Maintenant même s’il présente en compétition un cheval qui dispose d’une chance secondaire, il reçoit un coup de téléphone d’un agent et en oublie son apprenti. C’était donc très compliqué pour les enfants. Cette Masterclass a ce but précis d’essayer de les remettre davantage en selle et de les retrouver sur le devant de la scène », explique Thierry qui bénéficie notamment de la collaboration de formateurs de l’Afasec et anciens jockeys comme Sébastien Hamel ou Benoît Hercend et qui a instantanément accueilli le soutien du Moulin à Vent. « Quand l’idée a germé dans ma tête, j’en ai immédiatement parlé avec Guillaume Herrnberger, le directeur de l’emploi et de la formation à l’Afasec, qui m’a suivi dans cette démarche. C’est ainsi qu’on a pu commencer dès le mois d’octobre 2022. Le premier bilan est satisfaisant. Les jeunes ont été réceptifs et sur nos huit premiers élèves, sept ont monté en course cette année, ce qui reste l’objectif de base. On leur demande aussi beaucoup d’efforts en sus de leurs études. C’est une immersion poussée dans le métier. Ils font du sport un peu plus intensif, ils vont à la piscine toutes les semaines, ils courent beaucoup, ils bénéficient d’un simulateur de courses, d’un cheval mécanique, on les prépare également à affronter les media, à faire face aux réseaux sociaux en leur expliquant ce qu’il faut dire ou ne pas dire, on aborde les questions d’alimentation, la gestion de leur budget, on tente vraiment de leur donner toutes les clés d’une profession qui exige sérieux et rigueur », poursuit l’instigateur de cette démarche novatrice qui, on peut le dire, met vraiment le pied à l’étrier. « J’adore m’occuper des gosses. Je trouve ça très sympa et ça aide à rester jeune. J’aurai bien aimé avoir ce genre de formation à mes débuts. Alors je me base sur mon vécu et j’essaie de leur concocter un programme pour que ça leur plaise et surtout pour que ça les motive ». Pas de diplôme à la sortie de cette session malgré l’assiduité de plusieurs des huit élèves qui l’ont accompagné pendant dix mois. « La seule et unique récompense qu’on peut leur offrir c’est de se retrouver plus fréquemment derrière les boîtes de départ. Un gamin comme Julien Pélissier, qui réalise son apprentissage chez Gianluca Bietolini, a par exemple beaucoup progressé à cheval durant les trois derniers trimestres. Il n’a plus qu’à faire ses preuves sur les hippodromes désormais », préconise Thierry Thulliez en bon maître de stage tout en souhaitant bonne continuation à Nicolas Baudet, Matteo Benoist, Lola Boutor, Mathieu Calbrix, Séléna Gualandris, Adrian Le Lay Martin et Rafael Pehu, les premiers bénéficiaires de cette Masterclass jockey. Et en attendant dès à présent pour septembre une nouvelle promotion avec quelques petites nouveautés. « La plupart des élèves seront en troisième année et auront entre 16 et 18 ans. Je vais m’investir encore davantage. Si je leur accordais deux heures par semaine, je vais passer à 17h30 par mois ce qui me permettra d’être au plus proche d’eux en me rendant dans les écuries à la rencontre de leurs maîtres d’apprentissage. Le projet vise à se développer avec le temps. Lors de cette saison 2, Equidia nous rejoindra pour filmer les progrès des élèves, on projette également de se rendre à l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP). On ne manquera jamais d’idées pour faire éclore la cravache d’or de demain ». F.R. |