Caroline Bonin fait de chaque pensionnaire une peinture ![]() Caroline Bonin et Clément Cadel unis pour le meilleur.
Après trois ans d’activité, on prétend dans la sphère économique que le temps est venu de dresser un premier bilan. Nous l’avons donc fait avec Caroline Bonin, une jeune entraîneur paloise dont les boxes ne manquent pas de richesse et de beauté et pour qui l’épisode 2023 pourrait s’avérer devenir un vrai tremplin professionnel. Certains la remarquent pour son empathie, ses envolées altruistes, d’autres pour sa simplicité, mais tous se mettent d’accord pour conclure qu’il s’agit avant tout d’une grande professionnelle de la sphère hippique. Ne lui en pipez surtout pas mot. Son humilité pourrait rebondir sur l’écrit. A 35 ans, Caroline Bonin croque le cheval. Comme la vie… à pleines dents. Bercée au bruit des sabots, élevée à la sueur du front d’un père, le fraîchement retraité Alain, qui aura composé, des décennies durant, ses plus belles mélodies à Maisons-Laffitte, cette Paloise d’adoption a pris les rênes de son destin il y a trois ans quand elle obtenait sa licence d’entraîneur public… comme propulsée sur le devant de la scène par ce « personnage unique » qu’elle admire, le hongre French Plaisir, et par Catch Dream, deux héros qui restent membres actifs auprès de leurs cadets en profitant des vertes prairies. Mais jamais loin de ses trente boxes où cohabitent les bijoux d’une quinzaine de propriétaires. Une écurie qui respire la santé, où chaque quadrupède, choyé comme il le mérite, rivalise d’élégance. Kiné, ostéo et shiatsu Un secret pour personne et encore moins pour les spécialistes des ronds de présentation. « Pour moi, la beauté du cheval est primordiale. Certes, ça ne fait pas tout, il faut aussi que les résultats suivent, mais je sais que beaucoup de clients viennent d’abord chez moi pour ça. La première qui m’a soutenue c’est la SARL Mon Romain qui me confie des chevaux de son élevage dotés de moyens. J’ai surtout sous mon aile la partie obstacle. Monsieur Raber nous a rejoints il y a deux ans car il cherchait un entraîneur de confiance pour faire le meeting de Pau. Messieurs Couderc et Joubert sont venus avec leur anglo-arabe pour la beauté de notre effectif. Ils ont vite remarqué qu’on en prend soin. Généralement, quand ils sont beaux c’est qu’ils sont en bonne santé. Même s’ils sont moins bons que les autres, tous les petits plus qu’on essaie de leur apporter font qu’on arrive à rester compétitifs. Surtout avec les vieux. C’est quelque chose qu’on m’a toujours enseigné. Au-delà de mon père qui m’a quasiment tout appris, j’ai travaillé chez André Fabre où l’élégance prime avant tout, même si la qualité est constamment au rendez-vous, j’ai aussi exercé chez monsieur Rohaut où ils sont également toujours bien présentés. Je suis quelque part passée dans des écuries à mon image. Dans des maisons où l’on éprouve du plaisir à mettre un cheval dans sa robe de mariée. C’est une immense fierté d’être à la tête de mes chevaux parce qu’ils sont magnifiques d’état. Ils sont suivis par une kiné, les sauteurs en particulier. Ils sont manipulés, strappés comme des rugbymen. Je trouve du reste que notre milieu n’est justement pas assez connu pour les soins qu’on prodigue au quotidien. On les traite de la même façon que des sportifs de haut niveau. L’ostéopathe vient chez moi tous les mois, quelqu’un exerce également du shiatsu sur mes pensionnaires, il y a un vrai cercle d’intervenants autour de l’écurie et on essaie de tout faire pour engager nos représentants à 100% de leurs moyens », insiste Caroline qui, Sud-ouest obligerait presque, démarre depuis l’an passé une nouvelle aventure avec les anglo-arabes. « C’est une belle expérience. On a connu dans cette catégorie une bonne réussite d’emblée avec une jument qui était destinée à l’obstacle et qui au final a gagné toute seule en plat. Du coup, on va la diriger cette année sur l’obstacle. Messieurs Couderc et Joubert sont associés sur Kirie AA. Monsieur Biraben m’a également témoigné son intérêt et c’est très glorifiant car ce sont de belles casaques de la discipline », reprend la femme d’affaire qui œuvre chaque jour au côté de son compagnon, le jockey Clément Cadel, et de quatre salariés. Calisco le regret pour cette fin de Meeting Pour autant, à mi-exercice de Pau, une première victoire se fait toujours attendre. « Ce Meeting est compliqué. Assier a tiré des numéros de corde assez moyens. Comme il s’agit d’un cheval borgne il lui faut le parcours sur mesure. La PSF est travaillée de façon à ce qu’elle soit toujours lourde. Alors on râle. D’une réunion sur l’autre tout le monde râle, mais rien ne change. Avec des départs des stalles comprises entre 8 à 16, ce n’est même pas la peine d’insister. Vous pouvez faire forfait. Donc mes bonnes cartouches, Assier comme Parabak, sont desservies. Les chevaux que j’ai récupérés sous la propriété de mon père ont par contre baissé en valeur. Salsa Doloise a bien fait l’autre jour et a bien encaissé sa course. Elle devrait répéter. Sur les obstacles, Hayao a joué de malchance à son ultime sortie en prenant Italia Wood, au sol, dans les pattes. C’est un cheval honnête qu’on reverra dimanche dans un handicap sur les balais et j’y compte. Mon bon élément Hamersley a connu deux ans d’absence et il lui fallait au moins deux courses de rentrée. Il devrait redevenir compétitif, mais il ne courra que si le terrain n’est pas défoncé et attendra surtout la réouverture d’Auteuil. Je fais toute l’année avec les mêmes chevaux donc je ne peux leur demander monts et merveilles 365 jours par an. Les vieux, eux, répondent toujours présent dans les handicaps. J’ai également deux yearlings de notre élevage dont Princess of Heart, une fille de Bandariva, qui devrait étonner. Elle a pris 2 ans et j’aime beaucoup ses déplacements. Je viens d’acheter Le Lascar à réclamer pour monsieur Raber. Il avait gagné pour ses débuts. Je sais que Arnaud Chaillé-Chaillé les monte en gamme patiemment. Il a très bien sauté d’emblée et il n’est pas dénué de moyens. Vous le voyez, j’ai de bonnes cartouches, maintenant est-ce que ça se déroulera comme on le souhaite ? C’est malheureusement la loi des chevaux. On compose au jour le jour. Enfin, Monsieur Raber m’a fait un joli cadeau juste avant Noël en m’offrant Calisco qui, malheureusement, a eu un souci de santé lors de sa dernière course. C’était mon cheval du meeting. On a couru trois fois cet hiver pour trois accessits, mais j’ai dû l’arrêter prématurément. Je vais le mettre au repos et l’on visera le prochain meeting », nous apprend encore Caroline en passant de box en box. 2023 pourrait devenir l’année de son envol. Toutefois, elle relativise. Pragmatique. « Je n’ai surtout pas à me plaindre. En 2020, alors que je débutais l’activité, l’écurie a été comme ailleurs frappée par la crise de la Covid, en 2021 on a totalisé dix victoires et si l’on a accueilli moins de gagnants aux balances lors du dernier exercice, on a progressé en termes de gains. J’attends des résultats constants tout en augmentant d’une année sur l’autre ma qualité de chevaux. Cela dit, rien n’est simple. Tout augmente. On est au même tarif que nos adversaires. Et l’addition devient vraiment de plus en plus salée ». Fabrice Rougier |