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Pierre-Yves Verva le joker de luxe
Publié le VENDREDI 27 JANVIER 2023


Comme lorsqu’il avait triomphé avec Arcadia dans le Prix de Cornulier, Pierre-Yves Verva est l’invité de dernière minute de cette 103ème édition du Prix d’Amérique. Déjà décisif dans le Prix de Bourgogne, il tentera de faire briller dans l’épreuve suprême l’expérimentée Délia du Pommereux qui, à dix ans, jouera sa cinquième partition dans la plus belle course au Monde. Une longévité qu’on doit évidemment à Sylvain Roger et à son propriétaire Noël Lolic. Le driver picard n’a plus qu’à toucher le ciel.

Pierre-Yves Verva sait répondre présent quand la situation l’impose. L’homme tombe souvent à pic. Un joker de luxe comme chaque club de football aimerait en enrôler durant le mercato. Et ça ne date pas d’hier. Il y a 27 ans, déjà, le professionnel picard remportait contre toute attente le Prix de Cornulier pour le compte de Bernard Desmontils. Au pied levé, alors qu’Yves Dreux abandonnait Arcadia au profit de Creator Boy, produit de son élevage. Vingt-sept ans sans que le temps n’ait d’emprise sur l’entraîneur-driver. Vingt-sept années durant lesquelles Pierre-Yves ne s’est jamais démodé, résigné. Pas plus sur la selle que dans le fiacre. Trois Groupe I, dix-sept Groupe II,… tout du moins avant le grand jour. Car le jour de gloire est presque arrivé. Tel un hymne qui provoque le frisson. Mercredi, à quatre jours du Prix d’Amérique, dans un apaisement absolu, Pierre-Yves n’a pourtant rien changé à son quotidien. Habitué il est vrai à ces joutes de l’extrême. « Croyez-moi que dans la nuit de samedi à dimanche, je vais bien dormir », prévient-il. Le ton est donné. La pression, il la laisse aux adversaires. « Plus que de l’impatience j’ai surtout envie de bien faire. Tout le monde rêve de courir le Prix d’Amérique. J’ai récemment eu la chance d’être associé à Billie de Montfort à deux reprises. Il faut être fier et donner le meilleur ce jour-là. Ce n’est pas samedi ou lundi, c’est dimanche qu’il faudra être bon, qu’il faudra être dans le coup et faire le moins d’erreurs possible ». Dans un coin de sa tête trotte forcément Délia du Pommereux. Cette championne à son image. Inusable et perfectible malgré les kilomètres parcourus.

"J'y vais avec beaucoup d'espoir"

Leur première participation se solde par une cinquième place dans le Prix du Bourbonnais avant de tromper ceux qui pensaient la jument de Sylvain Roger sur le déclin dans le Prix de Bourgogne. Rassurante Délia ! Et son driver n’a peut-être tout vu. En tout cas, il y croit même si la belle bai n’a pu (re)crever l’écran il y a quinze jours dans le Prix de Belgique. « J’ai été surpris par son comportement un peu nonchalant au départ. C’est le seul point négatif. A part ça, c’était top en retrait. Nous n’aurons pas une seconde chance. Si elle s’élance dernière comme lors de l’ultime préparatoire, ce sera mort ! L’idéal serait de la maintenir au cœur du peloton sans brûler trop de kérozène. Vu ses « trackings » dans la phase finale, si tout se passe bien, on est en droit de rêver. J’y vais avec beaucoup d’espoir. Sinon à quoi bon courir l’Amérique ? On peut certes l’estimer meilleure sur des parcours de vitesse, mais dans le Bourbonnais, sur 2850 mètres, elle a montré qu’elle était encore capable de belles choses. Ce Prix d’Amérique est ouvert. Beaucoup sont capables de conclure dans les cinq premiers, mais bien malin est celui qui peut dire qui en sortira vainqueur. Moi, en tout cas, à l’heure qu’il est, j’en suis incapable. Peut-être sommes-nous les meilleurs ? » glisse-t-il sur le ton d’une plaisanterie qui pourrait embrasser la réalité. Pierre-Yves Verva a souvent réussi en position de challenger. Et depuis plusieurs mois, un tourbillon d’entrain s’est installé sur son centre d’entraînement entre Senlis et Crépy-en-Valois dans l’Oise. Dans un village parmi tant d’autres qui s’est doté il y a un an d’un Faubourg en pleine mutation. Depuis son arrivée dans l’effectif de Pierre-Yves, ce fils de Magnificent Rodney a cumulé plus de 260 000 € d’allocations. Etape par étape, essentiellement à l’attelé, jusqu’à décider son mentor et jockey à l’engager dans le Prix de Cornulier dimanche dernier. Une marche certes un peu haute mais quel formidable tremplin pour les exercices à venir. « Faubourg est bien rentré. Il n’a pas pris dur. Il ne soufflait pas du tout, ce n’est pas la course la plus compliquée qu’il ait disputée. Je ne suis pas encore sûr de courir le Prix Jean-René Gougeon ce dimanche (propos recueillis mercredi, ndlr). Déjà parce qu’il y a de vrais clients. Il dispose aussi d’un bel engagement dans une dizaine de jours. Son petit travail de jeudi matin me guidera dans ma décision. Une chose est certaine, il se plaît à la maison. Je l’ai peut-être aussi récupéré au bon moment. Il a bouclé une superbe année. On fait plaisir à l’entourage, on se fait plaisir, alors le reste n’est que du blabla. Il commence à prendre un peu de vitesse et je pense qu’il peut encore s’améliorer. L’avenir nous le dira mais si l’on parvient à conserver son moral, à le maintenir dans cet état de forme. Cependant, il ne lui faudra pas aller beaucoup plus vite pour augmenter son compte en banque dans les prochaines semaines. Il peut se propulser aux avant-postes et faire le kilomètre quand, à son âge, beaucoup sont contraints de patienter ». Et puis participer à un Cornulier, ça ne se refuse pas… « Ça m’a remémoré plein de bonnes choses. En 1996, il est arrivé pour moi au bon moment. Yves Dreux ne pouvait pas la monter et j’étais dans une période florissante. Je venais de terminer deux fois meilleur apprenti de France, tout se passait pour le mieux, et monsieur Desmontils n’avait pas eu peur de me témoigner sa confiance malgré mon jeune âge. Comme pour Délia ça s’était joué à quelques semaines de la grosse échéance ».

"L'infaillible soutien de ma femme"

Porté par le vent de la réussite, la seconde partie du Meeting d’hiver pourrait conduire à une suite logique. Quelques pensionnaires sont affûtés et attendent leur tour pour dégainer. « Ixora est une jument fiable qui vient de montrer à deux reprises sa forme à l’instar de Jeanne d’Anjou. Feu de Révolte devrait fournir un bon début d’année, Julia Quesnot m’a un peu déçu, j’en attendais beaucoup mieux et j’en escompte un rachat. Joadie Wind est une pouliche un peu spéciale qui vient de s’imposer de belle façon à Mauquenchy. Autant de chevaux qui à mon sens demeurent compétitifs pour au minimum prendre de belles places. On va essayer de boucler une saison aussi riche que la précédente. Mon souhait est de faire gagner au moins une course à tous les chevaux qui sont sous mon entraînement afin que chaque élément soit source de rentabilité pour ses propriétaires. Après certains en gagneront plus, d’autres moins, mais quand je récupère un cheval j’essaie de prendre les gains nécessaires pour au minimum absorber le prix de la pension. Ça fonctionne plutôt pas mal et s’il est une chose dont je suis fier c’est ma régularité. J’ai comme tout le monde connu des hauts et des bas, mais j’abrite en moi cette force de ne jamais laisser tomber même quand rien ne va. Je vous avouerai que ma femme est d’un infaillible soutien. Même si je n’ai nullement la prétention de faire partie des « grands », on dit que derrière chaque grand homme sa cache une femme. Je peux le confirmer. Elle m’épaule, m’encourage dans les bons comme dans les mauvais moments. Mes deux filles comptent tout autant. C’est au cœur du nid familial que je puise mon énergie. La famille, c’est ma philosophie. Si les résultats sont là, ce n’est que la récolte de ce que nous avons semé tous ensemble ». Entre le club bien fourni des supporters de Délia du Pommereux, une jument, un entraîneur et un propriétaire qui mériteraient tant la consécration et toute une famille derrière le pilote, les tribunes vont vibrer dimanche à Vincennes. On répondra avec ferveur à notre confrère et agitateur du Temple du Trot Laurent Bruneteau : « faites du bruit pour Délia ! ».

Fabrice Rougier


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