Héliade du Goutier, Guarato acte II ![]() Les voyages forment la jeunesse. Chez Sébastien Guarato on en est convaincu. Si Face Time Bourbon a effectué son retour remarqué en France après une escapade chez les siens en Italie, Héliade du Goutier avait quant à elle préféré la Scandinavie pour s’emparer au début du mois d’octobre à Aby, en Suède, d’une quatrième place dans le Grand Prix de l’UET (Grp. I). Au départ dimanche du Prix de Boissy Saint-Léger (Grp. III), la fille de Prodigious a bénéficié du parcours dont aurait rêvé son driver Gabriel Gelormini et n’avait plus qu’à défier l’animateur Hatchet Man dans la ligne droite après avoir sucé ses roues durant 1500 mètres. Arnas Cam créait la sensation en s’affichant troisième sans jamais avoir quitté le sillage de la future lauréate. Sale temps, au sens propre comme au figuré, pour les attentistes Hadès de Vandel et Eric the Eeel aux portes des accessits. Quatre ans après Délia du Pommereux, une autre pouliche de l’élevage français remporte ce beau semi-classique européen. Délia… l’une des rares de ce Monde à pouvoir regarder Face Time Bourbon droit dans les yeux après le dernier Prix de France. Les propriétaires de l’écurie Saint-Martin peuvent donc à leur tour se mettre à rêver… comme Gabi ! Après « Flamme » et « Gunilla », la génération "H" est elle aussi pleine de promesses.
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Face Time Bourbon le professionnel ![]() Après s’être dégourdi les jambes en Italie, le champion Face Time Bourbon revenait dimanche à Vincennes à l’occasion de la première préparatoire au Grand Prix d’Amérique, le Prix de Belgique (Grp. II). Nous voici enfin dans le vif du sujet. Avec, d’emblée, à la clé, trois billets qualificatifs pour participer à l’épreuve reine du programme international. Ou plutôt deux ! Car comme on pouvait s’y attendre, le géant de la Scuderia Bivans a rapidement annoncé la couleur. Un seul effort dans la descente pour relayer Etonnant en tête avant qu’Eric Raffin ne plie l’affaire dans le tournant final. Face Time Bourbon couvrait ensuite la ligne comme dans un défilé, sans avoir recours à quelconque artifice. Le protégé de Sébastien Guarato, à la veille de ses 7 ans, a semble t’il encore progressé mentalement et physiquement. Trotteur dur à l’effort, Etonnant assurait bien plus loin sa deuxième place devant Ganay de Banville, le moins riche au départ, mais pas le moins doué selon son mentor Jean-Michel Bazire. Preuve à l’appui. Face Time Bourbon les retrouvera le 30 janvier prochain en demeurant invaincu sur le parcours classique de Paris-Vincennes. Son premier Prix de Bretagne semble presque anecdotique. Rejoindre Bellino II et Ourasi dans la légende avec un troisième titre consécutif le serait beaucoup moins.
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Galopin de Balme en bon gamin d'Auteuil ![]() Restant, après un an d’absence, sur deux chutes sur les gros obstacles, Galopin de Balme revenait sur les balais, samedi à Auteuil, après les avoir délaissés durant vingt mois. Tout vient à point à qui sait attendre. Et s’il est un professionnel qui a de la patience, c’est absolument François Nicolle. Certes souvent plus délaissé dans les handicaps que dans les joutes classiques, mais l’on ne remporte pas soixante-et-une courses en une année à Auteuil en ne courant que les Groupes, l’entraîneur de Charente-Maritime est constamment dans le bon timing. Parti à 15/1, ce beau gris monté par Théo Chevillard s’est gentiment rapproché en face pour conjointement sauter l’avant dernière difficulté avec Bonaparte Sizing, puis a prolongé son effort sur le plat pour contenir le retour d’un King of Run qui aurait lui aussi, sur sa régularité, mérité sa première couronne dans un Quinté. Deuxième de ce Prix François-de-Ganay en 2019, récidiviste en 2020, Bonaparte Sizing perd une nouvelle bataille tout en restant sur la ligne de front, mais récolte un nouvel accessit devant Grand de Thaix et l’inattendue Peggy dont la performance à ce niveau est tout sauf « cochonne ».
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Maxime Grasset la relève du Sud-Ouest ![]() Comme ici à Toulouse pour Jonathan Lagenèbre, Maxime Grasset a enchaîné les succès cette année.
Fraîchement installé à Montaut, à proximité de l’hippodrome de Villeréal dans le Lot-et-Garonne, Maxime Grasset a su au bout de trois années s’imposer dans les pelotons professionnels du Sud-Ouest. Quarante succès à la drive cette année, quinze pour son seul entraînement, celui qui avait fait ses débuts chez les amateurs est devenu un homme sur qui les locaux s’appuient de plus en plus régulièrement. Bernard peut savourer sa retraite. Le fiston est lancé à grande vitesse. Dix heures, mercredi matin. Un nouveau lot de trotteurs s’apprête à rejoindre la piste. A quelques minutes de l’hippodrome de Villeréal, nous voici à la nouvelle adresse de Maxime Grasset. Dans un établissement flambant neuf. Celui qui avait timidement rejoint le rang des amateurs il y a une dizaine d’années avant de devenir l’une des plus prometteuses cravaches de sa région répète ses gammes. Pour progresser, il faut s’en donner les moyens. Pour bénéficier d’une longueur sur la concurrence, il faut aussi anticiper, s’organiser. Tout cela semble si enfantin pour Maxime qui à l’aube de sa carrière d’entraîneur s’est trouvé les outils pour camper durablement dans les vingt-deux mètres des plus grands de la profession. « Quand on est fraîchement installé, depuis quelques semaines seulement, et que les travaux sont quasiment achevés, c’est un immense soulagement. On a désormais tout sur place pour bien travailler. Je dispose d’une piste de 900 mètres, d’une cour fermée de douze boxes avec de grandes portes pour tout pouvoir curer mécaniquement et de douze cabanes en extérieur équipées de râteliers intégrés afin d’enfiler le foin directement avec des tracteurs. J’aurai pu lancer ma carrière dans les mêmes infrastructures que mon père (Bernard Grasset, entraîneur aujourd’hui à la retraite ndlr), mais c’était trop petit. Je souhaitais vraiment un établissement qui me corresponde où tout est réfléchi pour gagner du temps. C’est tellement compliqué de nos jours de trouver des salariés. Mieux vaut alors s’épargner des nombreuses charges quotidiennes qui pèsent sur une écurie. Bien entouré, je ne ressens pas cette pression d’être passé à mon compte. J’ai un super salarié qui bosse comme s’il était chez lui, mon père aussi est à mes côtés, toujours là pour me donner un coup de main. C’est plus facile de partir en course l’après-midi quand on sait que le travail sera bien fait à la maison. Malgré tout, si l’on prend quatre bulles le dimanche, les lundis matins sont moins joyeux. Mais une fois arrivés dans la cour, on ne pense plus à hier, mais à demain. Quand on a fait des investissements pareils, on n’a plus le droit de reculer, il faut aller de l’avant. On a choisi ce métier par passion. On n’a pas le droit à l’erreur », prévient Maxime, motivé, impatient de grandir à son tour même si une bonne partie du chemin a été parcourue en trois ans. "C'est motivant d'aller titiller les anciens" « Quand je suis passé professionnel, j’ai naturellement gagné en sagesse. Quand on vieillit un peu, on finit par se calmer. J’étais, il faut le reconnaître, un peu foufou. Je pense, notamment en course, que ça fait la différence. Je n’ai pas trop fait d’erreurs dans l’ensemble cette année et je suis très satisfait d’avoir atteint cette barre des quarante succès que je m’étais fixée ». Sans agent s’il vous plaît. Mais avec l’appui de diverses pointures locales qui n’hésitent pas une seconde à faire appel à ses services. « Il faut remercier tous ces entraîneurs qui me font confiance comme Mickaël Ruault, Michel Hanquier, Pierrick Le Moel, Alain Charlot, Yves Vidal, Jonathan Lagenèbre,… Plus on drive, plus on est performant. C’est aussi simple que cela. Passer de vingt-quatre victoires en 2020 à quarante pour la saison en cours, c’est top. L’année prochaine je viserai les cinquante. J’essaie de gagner ma place dans les pelotons. J’y parviens petit à petit. Dans le Sud-Ouest, quand on y regarde de plus près, les professionnels sont tous très expérimentés. Au niveau de la relève, on n’est pas cinquante. Alors c’est encore plus motivant d’aller titiller les anciens comme on dit (rires) ». A la direction d’une écurie de vingt-cinq trotteurs, le gamin du Lot-et-Garonne – et fier de l’être – tente de bâtir une armée fondée sur la jeunesse. « On essaie chaque année avec deux de mes clients d’acheter des jeunes. Cette année j’ai quand même mis 100 000€ dans des poulains en privilégiant les meilleures origines possibles. J’espère que ce pari sur l’avenir va payer. Un ou deux « J » débuteront du reste cet hiver. Dans notre fédération, c’est une saison plus creuse comparée à l’été où l’on enchaîne les réunions. On en profite pour arrêter une partie de l’effectif. Foxy Jet par contre recouvre son meilleur niveau. Fidji Clemaxelle est également en forme ascendante après une période de repos. Hastrail Dairpet est taillé sur mesure pour Marseille-Vivaux, un hippodrome corde à gauche dont le profil me plaît particulièrement. J’en prépare toujours deux ou trois pour l’hiver que je laisse dans les Bouches-du-Rhône chez Eric Ohanessian. Je n’ai vraiment pas à me plaindre. Même si mes débuts en tant qu’entraîneur ne sont pas monstrueux, ils demeurent corrects en se stabilisant chaque saison autour des quinze victoires. Ma propriété est un atout supplémentaire pour prendre de l’envergure et faire aussi bien si ce n’est mieux d’une année sur l’autre ». Et monter un jour à Paris avec son propre « Abricot du Laudot », son « Fan Idole » ou son « Timoko » porté à son tour par toute une région. Adulé par les siens, il l’est déjà. Même si sportivement parlant, les renards des Pyrénées devront se méfier du jeune loup néo-aquitain. Fabrice Rougier |
Fontainebleau, le Pays de Flying Candy ![]() L'entraîneur landais Didier Guillemin n’avait plus remis les pieds sur un hippodrome de la région parisienne depuis le 1er octobre, jour où Making Moovies s’emparait d’une deuxième place au niveau Groupe III. Autant dire que chaque déplacement est un objectif pour ce professionnel du Sud-Ouest. Et il vise juste, comme l’a rappelé Fliying Candy, jeudi, dans le Prix de la Seine-et-Marne, un handicap pour sprinters sur les 1200 mètres rectilignes de la Solle à Fontainebleau. Eliminant Hy Dream sur un simple changement de vitesse, la partenaire d’Alexandre Gavilan filait au but au poteau des deux cents mètres tout en annihilant les efforts du top weight Kilfrush Memories qui aura lutté jusqu’au bout. Hy Dream, l’une des benjamines de ce Quinté, débordait derrière eux de courage pour repousser les royaux King Robbe et King Gold. Flying Candy enrichit son patrimoine d’un second Quinté à quinze jours de son passage aux ventes Arqana de Deauville. La demoiselle de 4 ans, fille de Dabirsim, sait attirer l’attention des observateurs. Mieux vaut courir que séduire... pour garder une longueur d'avance.
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By My Side dans un fauteuil à Deauville ![]() By My Side n’a pas conservé qu’un nom anglais. Elle a aussi cette tenue britannique et cette vitesse de base qui laissait à penser que le sable fibré pourrait la servir. Arrivée il y a un an dans les boxes de Pia Brandt, cette pouliche signée par Siyouni avait déjà montré le bout de son nez dans des Quintés à ParisLongchamp ou à Saint-Cloud quand elle était devancée par Breath of Fire, lauréat depuis sur les bords de Seine. Sa présence dans le bas du tableau constituait alors mercredi à Deauville un argument de poids. Dans un Prix des Poiriers rondement mené par Bid Adieu, la partenaire de Maxime Guyon s’est d’abord positionnée dans le premier tiers d’un peloton étiré, puis s’est progressivement rapprochée depuis la ligne opposée pour fondre sur un Wilantos à bout de souffle en début de ligne droite et s’envoler sans la moindre contestation. Même Monsieur Xoo et Piet, qui ne sont pourtant pas des tendres sur la PSF, n’ont jamais eu d’autres perspectives que les accessits. L’écurie de Pia et Joakim Brandt coule décidément des jours heureux. Après l’avènement de My Fancy la veille dans une listed clodoaldienne, c’est un nouveau Quinté qui vient rejoindre la vitrine des trophées des professionnels de Chantilly.
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Have Dancer trouve enfin l’ouverture ![]() Emmuré vivant le 9 juillet à Clairefontaine, pris dans la tenaille d’un peloton compact avant de conclure de remarquable manière le 7 octobre sur ce parcours des 2000 mètres de Saint-Cloud,… c’était à se demander quel sort avait été jeté sur le pauvre Have Dancer qui remonte de fait souvent dans le camion sans avoir eu l’impression de courir. Rageant pour tout l’entourage qui misait une nouvelle fois, mardi au Val d’Or, sur Mickaël Barzalona pour inverser la courbe. Après un fructueux déplacement à Marseille couronné de six succès, ce qui lui permettait du reste de reprendre les commandes à Maxime Guyon dans la course à la cravache d’or 2021, l’intraitable jockey allait enfin crever l’écran à trois cents mètres du but pour démunir la courageuse Astrologia d’un titre qui lui semblait pourtant promis dans ce Prix de la Vallée des Chevreuses. Ommeel, troisième, ne sait pas décevoir et devançait franchement Akyo et King Cobra. Le représentant de l’Ecurie Normandie Pur-Sang renoue donc avec un succès qui le fuyait depuis deux. En fils de Le Havre, avec un terrain lourd en guise de vent en poupe, on finit toujours par arriver à bon port.
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