Docteur de Ballon en fait une affaire de spécialiste ![]() Après la démonstration de L’Autonomie, la veille, qui avait écarté de trente longueurs Paul’s Saga dans la Grande Course de Haies d’Auteuil pour une arrivée inversée par rapport au cru 2020, on attendait également monts et merveilles dimanche de la part des dix engagés dans le Grand Steeple-chase de Paris. Parmi eux le jeune et invaincu Le Berry, le lauréat de l’édition 2019 Carriacou et surtout Docteur de Ballon pour sa deuxième consultation dans ce prestigieux Groupe I. Longtemps replié dans la salle d’attente, pour ne pas dire devant la voiture balai, le tenant du titre a soudainement changé de braquet au bout de la ligne opposée pour conjointement sauter la dernière haie avec Carriacou et Général en Chef. Sur le plat, le suspense avait assez duré pour l’associé de Bertrand Lestrade qui parachevait son exercice comme sur un mile de ParisLongchamp. Carriacou ponctuait son parcours deuxième prouvant qu’il est, comme le double lauréat, un grand diplômé de la faculté d’obstacle d’Auteuil. Louisa Carberry possède quant à elle dans son écurie le treizième cheval de l’histoire à réaliser un doublé coup sur coup dans ce marathon parisien. Le « Docteur » pourrait retrouver l’an prochain en son cabinet Le Listrac qui remportait quarante minutes plus tôt le Prix Ferdinand-Dufaure qui sacrait le meilleur steeple-chaser de 4 ans et capait le jeune jockey Lucas Zuliani d’un premier Groupe I. Mais comme dirait le Docteur : soyons patients !
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Colbert du Berlais, un soleil sur Auteuil ![]() Sur la Butte Mortemart, en ce début de week-end, personne ne parlait du Roi Soleil. A l’heure du Quinté, sous les parapluies, il était davantage question de nuages, d’orages et de grêle comme si le temps s’était arrêté en plein meeting d’hiver de Pau. Et pourtant de Louis IV nous avions sous les yeux au rond de présentation « Colbert », l’un de ses proches collaborateurs. Ou plutôt Colbert du Berlais pour ceux qui préféreront toujours les courses aux cours d’histoire. Quatre siècles les séparent, mais le protégé de Marcel Rolland est à son tour sur la voie de la postérité. Alors qu’il disputait son quatrième Quinté, sans jamais sortir de la bonne combinaison, ce 4 ans issu de Poliglote désirait cette fois faire la une dans ce Prix Le Parisien. Jamais loin de ceux qui dirigeaient les opérations, notamment tour à tour Henri le Farceur, Soleiado et Martin Spirit, le partenaire de Ludovic Philipperon se rapprochait dans le tournant final, franchissait l’ultime obstacle souverain pour augmenter son avance sur le plat. Chichi de la Vega était compté à cinq longueurs. Troisième, Guépard du Berlais résistait du minimum à Yachting pour un joli tour groupé de la casaque de Simon Munir et de l’élevage du Poitevin Jean-Marc Lucas. Chez les « Berlais » tout le monde rêve de devenir un jour géant comme Goliath.
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Eastwood Park répond à toutes les attentes ![]() L’engagement était visé aux dires de son entraîneur François Giard. « Il faut juste le bon parcours. J’ai mis le driver pour ça » confiait-il vendredi à l’heure des canters du Quinté sur l’hippodrome de Paris-Vincennes. Mais rien n’effraie vraiment le pilote vendéen bien discret à mi-peloton quand une soudaine accélération de Esteban Jiel obligeait Express du Gers à réagir côté corde. L’élève de Jean-Luc Dersoir croyait un instant avoir assommé l’un de ses plus coriaces rivaux mais, en pleine piste, Eastwood Park calmait rapidement ses supporters sur un simple changement de vitesse. Esteban Jiel, longtemps nez au vent dans la première partie du parcours, abdiquait et en perdait même l’accessit d’honneur au profit de Eadshot Josselyn. Express du Gers et El Santo Haufor, déjà battus en sortie de l’ultime courbe, concluaient à leur rythme pour officialiser une arrivée composée des cinq favoris. Le clin d’œil du jour n’est ni pour le bel alezan, ni pour l’entraîneur, ni pour le jockey, bien qu’irréprochables, mais pour le propriétaire Yves Cantarel dont les représentants sillonnent la France depuis 34 ans pour un total de 94 victoires. Celle du jour restera à jamais particulière. Une première à Vincennes ne s’oublie pas.
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Docteur de Ballon, le bonheur sans ordonnance ![]() En prélude à l’Euro, on parle déjà « Ballon » ce dimanche à Auteuil puisque l’heure est venue pour le « Docteur » de défendre son titre dans Grand Steeple-chase de Paris. Une course spectaculaire dans laquelle tous les rêves de Louisa et Philip Carberry semblent s’exaucer. A quelques heures de l’événement, Le Veinard a pris le pouls dans l’écurie mayennaise.
A Senonnes, Docteur de Ballon profite de ses derniers instants de quiétude loin des caméras. De cette proximité qui le lie avec son entraineur Louisa Carberry et toute son équipe, son mari Phillip en tête. Le lauréat de l’édition du Grand Steeple-chase de Paris 2020 est prêt à défendre crânement son titre. Emmené dans les mêmes dispositions que lors de son jour de gloire ou lors de La Haye Jousselin qu’il avait remporté un mois plus tard avant d’avoir quartier libre jusqu’au printemps. Non, ce n’est pas simplement un Docteur de quartier, mais un spécialiste des grands événements. Après des mois d’incertitudes, de doutes, de névralgies provoquées par une série de soucis de santé, le fils de Doctor Dino a soigné tous les maux d’un entourage qui a toujours cru en ses capacités. Chez les Carberry, on prend le temps du diagnostic, de l’analyse, on puise chaque remède dans les fondements des courses françaises avec ce supplément d’âme britannique qui fait bien souvent la différence. Et c’est ainsi depuis l’installation de Louisa il y a sept ans dans le Sud de la Mayenne. Dès lors, sa rentrée dans le Prix Murat (Grp. II) le 10 avril, prenait du relief. Le come-back du king sur les gros obstacles n’a pas laissé son mentor indifférent. « Il a réalisé une très belle rentrée, il a bien sauté, il a bien fini, il a montré beaucoup d’envie. On n’est pas battus de loin, de plus en rendant du poids, notamment au vainqueur Ajas qui n’est pas n’importe quel adversaire et qui se présentait au top de sa forme après s’être distingué tout l’hiver. C’est à la fois positif et encourageant. Suite à ces retrouvailles, nous l’avons laissé deux semaines au calme avant de reprendre crescendo le travail depuis un bon mois. Il a effectué son dernier gros boulot samedi dernier. Cette semaine a été plus tranquille, avec des séances plus légères même s’il a sauté mardi avec son jockey Bertrand Lestrade. A 9 ans, il est tout jeune, on le sent encore capable de gagner de belles courses », prévient Louisa à quelques heures de cette grande épreuve qui a (presque) marqué toute sa vie. Le Grand Steeple-chase de Paris, une histoire familiale Et pour cause : « Philip l’a gagné deux fois en tant que jockey avec Princesse d’Anjou dans les années 2000. Nous l’avons gagné l’an passé en tant qu’entraîneurs et surtout nous nous sommes rencontrés un jour de Grand Steeple à Auteuil. La vie est plutôt bien faite. Quelle chance que notre histoire se soit écrite dans cette course-là » s’en amuse une professionnelle anglaise détendue, forte du sentiment du devoir bien léché. « Je suis beaucoup plus sereine cette année car on a déjà gagné la course. Tout ce que le cheval fera maintenant ne sera que du bonus. Il a montré par deux fois l’an passé au niveau Groupe I qu’il était très bon. Il n’a plus rien à prouver. L’an passé j’avais vraiment envie de le faire pour démontrer à tout le monde ce dont il était capable. Le cheval va faire de son mieux j’en suis persuadée, quant au jockey il vient encore de démontrer sa forme il y a quelques jours à Compiègne. En plus, avec Bertrand, il n’y a rien à expliquer. Je peux dormir tranquille ». Même si au détour de notre entretien elle avoue, « Il faudra être irréprochable avec le même état physique et mental pour conserver le trophée. Dans ce genre de courses, il faut faire le tour sans la moindre faute, que tout te soit favorable dans le parcours, c’est pourquoi il n’est jamais simple de le gagner deux fois de suite. Il faut un cheval vraiment complet ». Entouré de ses trente camarades de jeu dans les vertes contrées de l’Ouest Docteur de Ballon sera à la hauteur de l’enjeu pour doublement inscrire au palmarès ce que le propriétariat façonne de plus beau. En Mayenne on vit pour et au travers du cheval A la tête de seulement quelques poulinières, Monique et Roger Gasche-Luc, un sympathique couple sarthois d’octogénaires, n’aurait jamais pensé « fabriquer » celui qui allait devenir le roi d’Auteuil. Comme ils n’auraient jamais, dès 2016, imaginé offrir une première listed-race (le Prix Saint-Sauveur) sur la Butte Mortemart à Louisa avec Astre de Ballon. Le ciel s’étoilait. L’amitié franco-anglaise a encore de beaux jours devant elle. « Docteur de Ballon et Dinette de Ballon sont arrivés chez nous à l’âge de 3 ans. Ils étaient tout juste débourrés. A eux deux, ils ont gagné seize courses et capitalisé plus d’un million d’euro, c’est dire le travail formidable de cet élevage familial », reconnaît leur complice avec cet accent jovial qui rallierait des deux côtés de la Manche tout un peuple derrière sa candidature. Et pourtant, la nostalgie n’est jamais loin. « J’adore mon pays. Notre famille, nos amis nous manquent beaucoup. Ne pas se ressourcer auprès des nôtres génère parfois un vide, un manque, même si nous sommes très heureux de travailler ici. Autour de nous, les gens vivent pour et au travers des chevaux dans une ambiance vraiment sympa. Nous disposons en plus d’un outil de travail exceptionnel. Pour le sport hippique, la France n’a pas son pareil ». Et si le « Docteur » consulte à domicile que voulez-vous de plus ? Rien de surprenant à ce que les pur-sang se sentent bien chez Louisa et Philip. F. R. |
Norwegian Sir fait de sa fragilité une force ![]() Cheval régulier, étant rentré par les balances à onze reprises en douze tentatives, avec deux victoires à la clé dont celle obtenue récemment dans un handicap à Parilly, Norwegian Sir avait pourtant jusqu’alors bien plus souvent croisé les ostéopathes et les maréchaux-ferrants que l’objectif du photographe sur les hippodromes. D’où un certain manque d’expérience par rapports à nombre de ses adversaires du jour. Mais aux courses, les miracles existent. Et toutes ces inquiétudes du quotidien dans l’arrière-boutique s’échouent enfin sur un sourire. Celui de Cédric Boutin, un stakhanoviste dont les efforts restent rarement vains. Monté par Eddy Hardouin à mi-peloton, Norwegian Sir (le beau gris avec ses chaussettes Adid’horse) s’est décalé du sillage de Racing Glory pour cueillir l’animatrice Mademoiselle Emma et son prédécesseur, finalement deuxième, à quelques mètres du poteau. Shariq et Brouillard, au pied du podium, posaient officiellement le rouge sur ce Prix des Quinze-Vingts. Le frère utérin de Princedargent et de Private Jet, vainqueurs de listed et placés de Groupe III, voudra désormais imiter ses aînés et tirer un trait sur le passé. Cédric Boutin et Guy Pariente, son propriétaire et éleveur, ne crient pas précipitamment victoire, mais déjà que de chemin parcouru.
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Chaud devant, revoilà le bon Etonnant ![]() Si nos pensées vagabondaient assurément vers Aubrion du Gers, double lauréat de l’épreuve en 2018 et 2019, le cru 2021 du Prix des Ducs de Normandie (Grp. II) semblait avant le coup ne pas pouvoir échapper à Jean-Michel Bazire triplement représenté avec notamment Davidson du Pont et Dorgos de Guez qui rassemblaient de nombreux suffrages. Face à eux, une foule de prétendants souvent plus habituée à la montée de Vincennes qu’à nos beaux anneaux de province. Mais cette journée normande n’est-elle pas la plus belle au-delà de la Capitale ? On y retrouvait donc Etonnant, le lauréat du Prix de Paris (Grp. I) cet hiver et son pilote attitré Anthony Barrier. Comme lors de cette fameuse joute préparatoire au Prix d’Amérique, le champion de Richard Westerink a pris le volant de l’épreuve. Quant aux autres, ils resteront passagers tout au long des 2450 mètres, Davidson du Pont, malgré une belle ligne droite, se consolant avec une deuxième place devant Ce Bello Romain, Dorgos de Guez et Elvis du Vallon. De petits rapports à la clé, mais était-ce bien en ce jour l’essentiel ? Les tribunes ont retrouvé le sourire, leur énergie, leur voix, tout simplement la vie... jusqu’à Caen !
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Salesman, un Quinté au bout de l’attente ![]() Un représentant d’André Fabre maiden après dix sorties publiques. Ça ne pouvait plus durer ! Battu l’an passé dans une classe 2 à Deauville par Dawn Intello (4ème un mois plus tard du Jockey-Club), devancé auparavant à Lyon-Parilly par In Swoop (qui deviendra le dauphin de Sottsass dans l’Arc), le partenaire de Maxime Guyon n’avait, il est vrai, pas fait que d’agréables rencontres. De retour aux affaires le 8 avril, et bénéficiant de deux parcours dans les jambes, Salesman aura donc attendu son premier Quinté, le handicap de l’Ile-de-France couru mardi, pour se faire appeler « monsieur » par ses camarades de 4ans. Bondissant des stalles et immédiatement aux commandes, le favori Shamsabad longeait le rail quand le peloton se scindait en deux pour aborder la ligne droite, puis dominait nettement ses quatre poursuivants sans, toutefois, s’opposer à la magnifique conclusion, côté tribunes, d’un fils de Dubawi sublimé par l’assouplissement du terrain. Carpio qui avait embarqué l’essentiel des troupes à l’extérieur, s’emparait du dernier accessit devant Trezy Boy et Woot City. Avec les élevages Wertheimer, Aga Khan et Al Asayl Bloodstock sur le podium, on peinerait presque à croire qu’il s’agissait d’un simple handicap référencé en + 22,5.
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