Jockey Club : St Mark's Basilica ne se fait pas prier ![]() Après une domination anglaise en 2020, le Prix du Jockey Club (Grp. I) est tombé ce dimanche dans l’escarcelle irlandaise de Aidan O’Brien grâce à St Mark’s Basilica que Ioritz Mendizabal présentait dans notre édition du week-end. Le jockey palois confirme ainsi son affection pour des 3 ans qu’il a souvent propulsés en haut de la hiérarchie à l’image de Vision d’Etat en 2008 ou de Mishriff, le tenant du titre. Oui, Ioritz succède à Mendizabal. Et c’est mérité, même si Franck Blondel et Frédéric Rossi ne l’entendront pas de cette oreille après l’éclatante prestation de Sealiway qui, comme le lauréat, s’est parfaitement adapté au rallongement de distance qui lui était proposé. Ce monument hippique – la course la plus richement dotée pour la jeune génération rappelons-le - ne doit pas ombrager la performance de In Swoop dans le Grand Prix de Chantilly (Grp. II). Le dauphin de Sottsass dans l’Arc, entraîné par Francis Graffard, prépare déjà sa revanche. Enfin, la pouliche Tahlie, alignant pour Pascal Bary un quatrième bâton à sa musique dans le Prix de Sandringham, et Pradaro, jusqu’alors plus connu par les amateurs de gros handicaps, débutaient victorieusement au niveau Groupe II. Des confirmations, des révélations, des surprises, on trouve généralement à Chantilly ce que l’on vient chercher en pareilles réunions : de l’émotion.
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Sonigino en costaud ![]() Après une correction, bien au-delà d’une victoire, infligée à ses adversaires lors de sa rentrée à Moulins, le très estimé Sonigino devait samedi poursuivre, sous la charge de 71 kg, son apprentissage sur les balais d’Auteuil. C’était bien un cap pour de nombreux candidats de 4 ans en manque d’expérience que ce Prix Beaumanoir proposait. On pouvait même craindre que cette jeunesse se transforme en fougue quand à un tour de l’arrivée Sonigino et Paintball se répondaient en tête, brillants, du tac au tac. Alors que les deux dernières difficultés se présentaient à eux, Kévin Nabet demandait à son associé de reprendre un départ, que seuls l’inédit présenté par François Nicolle, Monte Igualdo, et Baronne du Berlais, une autre redoutable « Cottin », pouvaient soutenir. Sonigino accrochait l’ultime balai, Monte Igualdo jouait son va-tout mais, s’arrachant sur la portion plate, le fils de It’s Gino étalait tout son courage sur la pelouse pour repousser un sacré client à plus d’une longueur. Gênée au bout de la ligne d’en face par une grosse maladresse de Fleur Verte, Haresca du Tabert s’emparait d’une méritoire quatrième place bien loin devant Pharaon... au pied de la pyramide du Quinté.
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Un doux parfum de victoire pour Belphégor du Paj ![]() Alors qu’il découvrait de providentielles conditions de courses, à quelque 6 000 € du plafond des gains, sans le moindre trotteur européen et à poteau égal, Doux Parfum, aux arômes printaniers, a d’abord « pulvérisé » ses adversaires à la volte. Embaumé par la propriété de Guillaume Gillot, le peloton ne réagissait pas. Pour Eric Raffin, ça sentait plutôt bon. D’autant plus qu’il fallait attendre la mi-montée pour que le favori Enzo d’Essarts se décide enfin à sortir ce beau monde de sa torpeur. Sur un bout très vite, François Lagadeuc parvenait à ses fins et entrait en tête dans la ligne droite, mais sans jamais vraiment se débarrasser d’un Doux Parfum, trop envahissant, qui avait conservé une poire pour la soif. Suffisamment juteuse pour contenir le rush final de l’attentiste Belphégor du Paj qui ajustait aux abords du poteau le favori. Si le scénario semblait ficelé, les commissaires, eux, s’agitaient et ouvraient une enquête qui condamnait le lauréat à regarder de loin Belphégor du Paj et Matthieu Abrivard parader aux balances. Démocrate retrouvait alors une place sur le podium, devant Cadet et Dexter des Baux. Comme l’argent, une victoire, soit-elle sur tapis vert, n’a pas d’odeur.
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Ioritz Mendizabal sous son plus beau jour ![]() Considéré comme l’un des meilleurs jockeys en France, comme un Prince à Dubaï ou comme un Sir outre-Manche, Ioritz Mendizabal a réintégré depuis deux ans les pelotons classiques grâce aux pur-sang arabes ou avec des sujets comme Mishriff, Audarya ou plus récemment St Mark’s Basilica dont il sera dimanche le partenaire dans l’espoir d’inscrire pour la troisième fois son nom au palmarès du Prix du Jockey Club.
Rencontré mardi, Ioritz Mendizabal demeurait dans l’expectative. A quelques jours d’un Prix du Jockey Club, la plus grande joute hippique au galop pour les 3 ans, dont il est le tenant du titre, le Basque attendait un signal d’Aidan O’Brien, seul juge pour confirmer la participation de St Mark’s Basilica dans l’équivalent de l’Irish Derby sur ses terres. La nouvelle est tombée depuis, mercredi matin. Le fils de Siyouni sera bel et bien dans l’Oise ce dimanche. « La distance de 2100 mètres qu’il abordera pour la première fois peut nourrir les incertitudes. Je pense qu’il va les tenir. Mais la décision ne m’appartient pas d’autant plus que je n’ai aucun repère. C’est un vrai crack, c’est sûr. Avec une accélération hors du commun », glissait le jockey séduit par son partenaire dans la Poule d’Essai des Poulains (Grp. I). Ioritz suivra donc sa progression. Au plus haut niveau. Comme en 2008 quand il sublimait Vision d’Etat pour l’entraînement d’Eric Libaud. Année au cours de laquelle, du reste, il recevait également les honneurs de la profession en remportant la deuxième de ses quatre cravaches d’or. Des petits bisous à Mishriff A 47 ans, l’âge de se replonger dans les photos souvenirs d’une vingtaine de Groupe I n’est pas arrivé. S’il n’est plus indétrônable, il reste indémodable. Notamment chez nos amis britanniques, des pays de connaisseurs en la matière. « Qu’un entraîneur comme John Gosden, qui n’a que l’embarras du choix de ses montes, fasse appel à moi pour monter Mishriff avec qui j’ai gagné l’an passé, c’était un moment magique. Du reste à chacune de ses plus récentes victoires, j’ai eu cette chance d’être à Ryad et à Dubaï. J’ai été le caresser, lui faire un bisou pour le remercier. J’ai toujours dit qu’l était taillé pour gagner l’Arc de Triomphe », reprend l’homme qui, après un passage à vide au plus haut niveau, retrouve en toute logique le devant de la scène depuis deux ans. « L’année 2020 était inespérée et ce premier semestre 2021, après une bonne entame du côté de Dubaï, semble la confirmer. Cela fait déjà néanmoins partie du passé. Je ne me retourne jamais que ce soit pour le bon ou pour le mauvais. Je vis au jour le jour. Je préfère me projeter dans ce que je vais faire, pas dans ce que j’ai fait. Il en va de même pour les ambitions. Regardez hier (lundi, ndlr), en allant à Marseille, on avait plusieurs objectifs, on ne les a pas atteints. Dans notre métier, chaque jour est différent. Chaque course est un nouveau défi, mais je ne me considère plus sur le long terme. Nous ne sommes plus dans les années où je luttais pour la cravache d’or. A cette époque c’était bien sûr différent ». Jusqu’à atteindre sur une saison les 220 victoires. Avec des efforts qu’on pourrait qualifier de surhumains. « Depuis les années 2000 le métier a constamment progressé. Mais il faut savoir évoluer avec son temps. Certains disent que c’est mieux, d’autres moins bien, c’est tout simplement différent. Il faut s’adapter. Je tire juste un grand coup de chapeau à ceux qui dépassent aujourd’hui les 300 victoires. Je mesure tous les sacrifices que cela exige. Il faut être au top durant 365 jours sans connaître le fameux coup de mou ». Ioritz, lui, cavale toujours autant. Attaché à son environnement, à ses racines... Avec cette envie presque infantile d’en découdre. Et cet enracinement au pied des Pyrénées d’où il puise depuis son plus jeune âge son énergie et son courage. « Ma famille est un pilier sur lequel je peux m’appuyer en toutes circonstances. J’ai eu la chance d’avoir mes parents, c’est indéniable, même si j’ai depuis perdu mon papa. Si je bouge beaucoup dans le cadre de mon activité, j’ai ici à Pau une stabilité, mes deux filles et tous mes amis. Il y a quelques années de cela, ça m’a traversé l’esprit d’aller à Chantilly, mais le choix n’est pas évident. Je suis très attaché à mon environnement, à mes racines. Je veux bien faire un minimum de concessions, mais m’éloigner de mes enfants, ça j’ai un peu de mal ». Quelques lots pour Simone Brogi mardi matin, rebelote mercredi pour Jean-Claude Rouget avec qui il est resté complice, quelques dizaines de minutes volées pour boire un café en terrasse avec des potes, Ioritz Mendizabal comme il le dit si bien « ne s’arrête jamais » sauf pour redevenir un vrai papa poule loin de toute compétition. Ses filles, assurément ses plus belles victoires. Un cœur de vie, les parcelles ombragées d’une gloire qu’il relativise pourtant parfois lui-même. « Un copain m’a récemment charrié car mes cravaches d’or sont planquées au fond d’un placard. Elles ne sont pas tombées dans l’oubli, mais j’ai d’autres perspectives ». Comme celle de gagner l’Arc ? « C’est l’objectif de tout jockey. C’est une finale de Coupe du Monde, un aboutissement ». Heureusement, aux courses, on ne doit pas attendre tous les quatre ans. Même si ce fin pilote a tout le temps devant lui. « L’après jockey ? Je n’y ai jamais réfléchi. Si un jour j’y pense, c’est qu’aura sonné la fin ». Comme nous, St Mark’s Basilica ne souhaite même pas en entendre parler ! Fabrice Rougier |
Bodydargent ou la forme de Jean-Pierre Gauvin ![]() Il est insatiable. Chacune de ses apparitions sur les hippodromes parisiens donnerait presque froid dans le dos à toute sa corporation. Comme avec Papua, Narcos et bien d’autres, Jean-Pïerre Gauvin pourra rentrer dans la Loire en sifflant, certainement très satisfait de la performance de Bodydargent. Le partenaire de Mickaël Forest était encore très loin à mi-ligne droite le long du rail, mais ayant l’animateur Kemoco Bello en point de mire il passait au poteau des cent mètres une vitesse que beaucoup ne possédaient pas en ce début de soirée. Le pauvre Kemoco Bello voyait ses efforts s’envoler pour ainsi dire aux abords du poteau où une meute d’adversaires lui tombait dessus pour préserver de justesse une cinquième place qu’il partageait avec Hootton. Go To Hollywood, pourtant sur une piste trop roulante pour ses aptitudes, et King Cobra crachaient leur venin sur les accessits devant l’outsider Roberto Mount. Bodydargent accroche déjà dans son box une deuxième photo de Quinté. Après ses fructueuses « vacances » d’hiver sur le sable fibré de Deauville, le voici posant dans la douceur printanière des jardins de Longchamp. Et s’il continuait son album cet été à Vichy ? On le saura à très court « thermes ».
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Layla, un éclair avant le tonnerre ![]() Cinquième du Quinté référence disputé à Compiègne le 12 mai, Layla avait surtout ce jour-là amorcé un retour à la compétition qui en disait long sur son degré de forme. Le Prix Magic Night, arrivant trois semaines plus tard, tombait donc à pic pour la pensionnaire de Pia et Joakim Brandt qui y retrouvait de surcroît quelques rivales dont Angelissima et Tara qui l’avaient devancé de trop peu pour inquiéter son entourage. D’autant plus que Layla revenait à Saint-Cloud, un hippodrome d’où elle est sortie en triomphe le 31 août dernier sur ce parcours et en terrain similaire, bon souple. Mais pour gagner les courses, il faut les courir. Et avoir un jockey qui prend les bonnes décisions. Comme Maxime Guyon par exemple qui a vécu un vrai calvaire à quatre cents mètres du poteau, réduit à trouver par deux fois des « trous de souris » entre des concurrentes en difficulté, pour finalement parachever son contrant en écartant Lili Blue qu’Alexandra Le Lay avait audacieusement préservé dans le sillage des animateurs. Angelissima, paraissant un court instant en difficulté, se ressaisissait pour garder un accessit que visaient également Vivi Bonnebouille et Mystical Land classés dans cet ordre. Avant le tonnerre qui pourrait gronder sur Paris, on a vu un premier éclair au Val d’or. On l’appellera Layla.
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Strasbourg : Ici aussi c'est Parize ! ![]() Il est arrivé sans tambour ni trompette au départ du Quinté strasbourgeois. Avec deux outsiders dans ce Prix de la Musique. C’était sans doute oublier un peu vite que Jess Parize jouait dans le Haut-Rhin à domicile. Et qu’il ne fait jamais bon venir chasser sur ses terres. Lord Grischun et Palus Argenteus, qui avaient ouvert le cortège depuis le premier tournant de ce parcours de 3000 mètres, suivis par Milltop, bénéficiant du scénario idéal souhaité par Gérald Mossé, ont du reste longtemps cru en leur bonne étoile ne laissant aucun répit aux attentistes en si bon terrain. Sauf… à Rebel d’Ans qui affichait ses ambitions dans le tournant final puis fondait sur eux dans l’épilogue pour arbitrer le bras de fer que se livraient déjà depuis un bon moment les pensionnaires de Carmen Bocskaï et de Christophe Escuder. Milltop tentait quant à lui de préserver sa quatrième place avant que Rocca You, l’autre « Parize » de service revenu de nulle part, ne vienne asseoir sa supériorité pour un joli tir groupé ou, dans un langage plus régional, pour une choucroute bien garnie. Sans fausse note. Le Prix de la Musique a depuis longtemps choisi son chef d'orchestre.
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