Hirondelle du Rib ne fait pas que le printemps ![]() Nous étions certes loin des plus belles joutes classiques, mais Elvis du Vallon a participé à sa manière au spectacle dominical en enlevant le Prix Bertrand-Deloison, tout en disposant du favori Domingo d’Ela qui échouait dans sa quête d’un troisième succès d’affilée. La Journée des Champions était auparavant lancée sur de bonnes bases avec la maestria d’Ibra du Loisir qui parvenait à dompter Ici c’est Paris après sa prise du pouvoir au trot monté lors du Saint-Léger à Caen. Vaincue sous la selle, l’écurie de Philippe Allaire prenait sa revanche dans le Prix Albert-Viel grâce à Italiano Vero pour un doublé de David Thomain auréolé trente minutes plus tôt dans le Quinté. Pas le temps de respirer. Les candidats à la succession de Gladys des Plaines rejoignaient déjà la piste pour un Prix du Président de la République 2021 où les favoris ont respecté leur contrat même si Hallix, la pouliche entraînée par Guillaume Gillot devait admettre la supériorité de Hirondelle du Rib qui fait le printemps et l’été de Joël Hallais, six fois victorieux dans ce prestigieux sommet pour les 4 ans. Mais nous n’avions encore rien vu ! Le retour en piste de Face Time Bourbon après quatre mois d’absence apportait une délicieuse touche finale dans le Prix René-Ballière. Face Time is back au grand dam des meilleurs chevaux d’âge du circuit restés spectateurs devant le finish du crack entraîné par Sébastien Guarato. Etonnant n’a pas entendu gronder le tonnerre mais a vu passer son bourreau à la vitesse de l’éclair. Détroit Castelets et Violetto Jet, qui ne sont pourtant pas les premiers venus s’adjugeaient les accessits en très net retrait. Le fils de Ready Cash n’a pourtant que 6 ans. Ses challengers n’en ont pas terminé de souffrir.
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Bubble Smart voit l'avenir en stayer ![]() Samedi le Quinté+ mettait à l’honneur l’association « Au-delà des Pistes » présentée il y a quelques semaines dans nos colonnes et qui mérite au quotidien une telle valorisation. S’il en est une qui ne pense absolument pas à sa reconversion, ni même à l’âge de 4 ans à une pré-retraite paisible, c’est bien Bubble Smart. Sur la montante après trois courses de rentrée, dont la plus récente s’était soldée par une deuxième place dans une seconde épreuve de handicap à Strasbourg, la partenaire d’Aurélien Lemaître s’est rapidement retrouvée aux avant-postes puis s’est contentée de respecter la distanciation requise avec Flyingbeauty, une adepte des pistes pénibles. Max La Fripouille ne mettait jamais en doute la supériorité de ce jumelé et obtenait le second accessit devant Wilantos et le favori Palus Argenteus qui trouvait la ligne droite du Putois interminable. Après Sagamiyra l’an passé, Mikel Delzangles conserve son titre dans cette épreuve et demeure l’un de nos mentors les plus respectables … même au-delà des pistes.
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El Presidente élu au second tour ![]() Voilà deux ans que la propriété de l'écurie de Rougemont est à Fuveau entre les mains expertes de Sylvain et Jean-Marie Roubaud. Progressant au fil des courses entre Côte d’Azur et calanques, avec l’appui des drivers maison Steve Stefano et Kévin Devienne, El Presidente a aligné les succès, sept depuis le début de l’année avant le Prix Hygica disputé vendredi à Vincennes. Avec lui, tout se joue dans les cinq cents derniers mètres. Et triste constat pour l’opposition, ses accélérations sont fatales. Bruno Marie en a payé l’addition en tentant de contrer l'associé de Franck Nivard dans le tournant final. Caïd Doré finissait par abdiquer à mi-ligne droite pour reculer en bout de combinaison du Quinté. Dur à l’effort et ayant même lancé les hostilités dans la montée, Vlad Del Ronco ne mollissait jamais et estampillait l’accessit d’honneur devant De La Cheneviere, susceptible mais douée, et Ready Ribb qui a longuement dû ronger son frein avant de trouver le passage. Dans les tribunes du Sud-est, on a coutume de dire que chaque « Roubaud » présenté déferré des quatre pieds est un danger en puissance. Une observation collective, sans une once de chauvinisme, qui n’épargne pas les Parisiens.
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Michel Planard : Comme mes chevaux je suis un pur-sang ![]() Korydwenn Boedec, Gabriele Congiu et Antonio Orani, entouraient, mercredi à Vivaux, Michel Planard l’homme de base de leur carrière (photo Jean-Michel Tempier). Brillant jockey jusqu’à l’âge de 50 ans, Michel Planard a ensuite pris à Marseille la succession de l’écurie de son papa. Un choix qu’il regrette parfois. Même souvent. Je n’ai jamais eu l’ambition de devenir un grand entraîneur, clame-t-il, préférant de loin participer à l’ascension des jockeys de demain. Michel Planard a conservé son âme d’enfant. Les souvenirs d’une époque féerique et flamboyante où il montait pour les plus prestigieuses casaques alors qu’il était apprenti chez François Mathet. Jockey émérite, dans les boîtes du Critérium de Saint-Cloud (Grp. I) dès l’âge de 17 ans, vainqueur plus tard du Prix du Bois à Longchamp, puis du Prix Kergolay à Deauville pour Pierre Biancone avec Shafaraz, qu’il accompagnait du reste quelques mois plus tard dans l’Arc de Triomphe, Michel Planard avait également participé ensuite à la réussite des écuries Lellouche et Lyon. En 1985, il s’installe en Italie. Il y restera 22 ans pour y décrocher nombre de Groupes dont le St Léger Italiano, sentimentalement sa plus belle victoire, ou encore le très convoité Prix Vittorio Di Capua à Milan. Un patrimoine de plus de 900 succès. Avant de sauter dans le grand vide, selon lui, d’une carrière d’entraîneur à Calas. « J’ai stoppé mon activité de jockey à 50 ans en 2007. Cela faisait plusieurs années que mon père (Lucien, ndlr) voulait arrêter pour me passer le témoin. A cette époque, j’ai eu l’opportunité de partir pour un contrat d’un an en Arabie Saoudite. Mais j’avais déjà donné mon accord à mon père. Finalement, je suis descendu à Marseille et ce n’est pas ce que j’ai fait de mieux. Dans ma tête, je suis resté jockey. Je n’ai pas réussi à passer ce cap d’entraîneur et je ne changerai jamais. Je pense comme un jockey. Je suis constamment à cheval. Quand on est à terre, on regarde le cheval différemment. Dès que l’un de mes partenaires ne me semble pas au mieux, je le monte immédiatement pour comprendre ce qu’il a. Il y a d’abord le contact, mais surtout une question d’instinct. Au sol, je ne sais rien faire. L’adrénaline des pelotons me manque cruellement. Alors, à partir du moment où je suis en selle, j’en fais une compétition. Du reste, les gars qui travaillent à mes côtés lors des lots du matin sont toujours à la traîne. Je suis un pur-sang comme mes chevaux ». "Jockey je rêvais, plus maintenant !" Le mentor de Calas est catégorique. La seule vision d’une casaque le replonge dans ses heures de gloire. Même le succès de Azachop dans le Prix Louis-Brunet à Borély il y a quelques semaines ne l’invite pas à se projeter. « Ça reste sympathique de gagner un Quinté à la maison surtout pour Emile Eyvaso qui me connaît depuis mes débuts et qui fait partie de la famille. Mais je vous rassure, je ne suis pour rien dans cette histoire. Cette victoire ne m’appartient pas. C’est Eddy Hardouin qui est allé la chercher. Je lui ai simplement dit que le cheval aimait aller devant. Il s’en est très bien servi. Moi, je suis simplement là pour donner à manger à mes onze pensionnaires, leur apporter de l’amour et les entraîner comme je peux. Mon boulot s’arrête là. Je n’ai jamais eu l’ambition de devenir un grand entraîneur. Je ne rêve pas de gagner. Pas même une course classique ! Quand je montais pour le Cheikh Mohammed, Khalid Abdullah, l’Aga Khan,… oui je rêvais. Plus maintenant. Le plaisir de me lever le matin pour retrouver mes chevaux me suffit. Je n’ai jamais eu de cracks, mais de bonnes petites valeurs de handicaps qui, pour la grande majorité, ont bien vieilli. C’est dire comme je les respecte ». Si le mentor phocéen revient inlassablement sur ses nombreuses croisades transalpines, c’est aussi en Italie, ou plutôt en Sardaigne, qu’il a dégoté quelques-uns de nos meilleurs jeunes pilotes. La chance d'avoir la Sardaigne Plus qu’un jockey, le sexagénaire a su se révéler comme l’un des meilleurs maîtres d’apprentissage du circuit. « J’aime par-dessus tout apporter mes connaissances aux générations futures. Assister à leurs progrès me ravit. Même s’ils manquent encore d’expérience, voire de talent, ils dévoilent toujours une particularité sur laquelle s’appuyer. Ainsi, j’ai fait venir d’Italie Gabriele Congiu, désormais au service de Jean-Pierre Gauvin. Antonio Orani, par le biais de l’Afasec de Cabriès, a aussi réalisé ses débuts chez moi et deviendra un jour je pense premier jockey de l’écurie de Jean-Claude Seroul, sans oublier Gabriele Agus, l’un des meilleurs jockeys d’obstacle en Italie, qui est resté ici 3 ans et que j’ai pour ainsi dire livré clé en main à la famille Botti puisqu’il triomphait dès son retour au pays. Mickaëlle Michel a réalisé plus d’une saison chez moi, Léna Antoniotti et Korydwenn Boedec semblent, comme elle, promises à un bel avenir. En France, bientôt, il n’y aura plus que des femmes jockeys. Elles occupent bien plus des trois-quarts des bancs de l’Afasec. Les garçons mesurent 1,80 mètre à 14 ans. En Italie, ils ont la chance d’avoir la Sardaigne. C’est un peuple d’hommes de petites tailles. Dario Vargiu, les Botti, Demuro, Dettori, Congiu sont tous de ce bout d’Italie. Ils montent sans selle très jeunes, ils font les palios, ils sont déjà imprégnés quand ils arrivent en France de cette culture cheval. Ils ont une longueur d’avance ». Michel Planard se voit quelque part au travers d’eux. De chaque jeune talent il puise son énergie. Pour ensuite retransmettre le bonheur aux autres… bien avant de penser au sien. Fabrice Rougier |
Layla en pouliche sérieuse et ambitieuse ![]() Elles n’étaient plus que quatorze en lice jeudi à ParisLongchamp après les forfaits de Sinilga et de Golden Rajsa. Quatorze prétendantes sans l’ombre d’un mâle. Le style d’engagement qui ne se rate pas. Beaucoup en rêvaient, alors le Prix du Palais des Glaces l’a fait. Après le Prix Magic Night à Saint-Cloud qu’elle avait brillamment enlevé au début du mois en passant le peloton en revue, Layla retrouvait de vieilles connaissances pétries d’espoir après les sept livres que lui avait infligé le handicapeur. Il fut de courte durée. Très tôt aux commandes avec Papua, qui restait également sur un titre honorifique, la pouliche de l’écurie Brandt a fait plier son adversaire à une centaine de mètres du but, ces deux-là ne mollissant jamais. Seule San Valentina, adepte de cette distance intermédiaire, s’intercalait entre elles au terme d’une ligne droite époustouflante. N’ayant jamais quitté la corde, l’inexpérimentée Assigned réalisait une entrée dans les handicaps par la grande porte tout en contrôlant Tara qui confirmait ô combien il était difficile voire impossible de revenir des derniers rangs. La fin de course de San Valentina prend alors encore plus de relief. Ce jumelé gagnant a fière allure et n’en restera sûrement pas là !
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Franck Marty un succès bien Mérité ![]() Avant d’effectuer un crochet par la Vendée dans trois semaines, Le Grand National du Trot s’arrêtait mercredi à Toulouse pour sa déjà septième étape. Avec en « guest-star » Crack Money, un hongre bien connu dans la région et par extension dans tout l’Ouest du pays depuis ses apparitions victorieuses dans les étapes de Maure-de-Bretagne et de Laval. Oui mais cette fois, le protégé de Patrick et Cédric Terry rendait 25 mètres et ses supporters comprenaient vite dans le tournant final que l’animateur Démocrate lui semblait aujourd’hui bien supérieur. Mais en « Démocratie » les succès se construisent souvent en deux tours et l’élève de Pierrick Le Moel, encore en ballottage favorable à cinquante mètres du poteau, se faisait brûler la politesse par Fakir Mérité auteur d’un final de toute beauté après s’être fait ramener par un Bad Julry retrouvé qui échouait de peu pour le dernier accessit que préservait Gangster du Wallon, de mieux en mieux à l’attelage. Franck Marty réalise un véritable exploit en signant dans la même journée un premier Quinté et un premier semi-classique à la fois en tant que driver et entraîneur. Le tout devant son public. Le Haut-Garonnais n’est pas un Fakir, son succès n’en est que plus « Mérité » !
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A Nantes Best Win saisit la balle au rebond ![]() De la piste très souple du Petit Port on pouvait presque mardi apercevoir les vagues. Aptitudes au tracé, à la profondeur du terrain, le Quinté + nantais exigeait sur 2200 mètres une tenue correcte. Si les œillères australiennes n’avaient pas sublimé Best Win récemment à ParisLongchamp, la propriété de Tony Parker était cependant récompensée de ses efforts par le handicapeur en voyant sa valeur handicap perdre un point. Un point équivalent à un lancer-franc. Fallait-il encore un jockey précis et adroit dans la raquette. Damien Boche, inconditionnel partenaire de l’entraîneur Ludovic Gadbin, n’a pas tremblé pour remporter sa meilleure victoire – comme le nom du cheval l’indique – un si précieux premier Quinté après avoir trouvé l’ouverture côté corde. A l’extérieur, l’extrême outsider Daligar, jusqu’alors très discret dans cette catégorie, terminait en trombe mais la fin du quart-temps avait déjà sonné. T’bolt, Milltop et King Cobra suivaient de très près. Comme son jockey du jour, Tony Parker remplit lui aussi son panier d’un premier événement. Mieux que quiconque, il sait saisir la balle au rebond.
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